L’indice de dormance permet de bien choisir une variété de luzerne
Le premier critère de choix d’une variété de luzerne est l’indice de dormance. La finesse des tiges n’a plus lieu d’être prise en compte.
« Une variété de luzerne se choisit au sein de celles ayant un indice de dormance adapté à la zone géographique, tout comme on choisit un maïs dans une gamme de précocité », explique Julien Greffier du Gnis. Si la dormance n’est pas adaptée aux conditions locales, la qualité de l’implantation de la luzerne n’est pas impactée mais le potentiel de la variété peut être affecté tout en limitant la pérennité de la luzernière.
La dormance est une adaptation de la plante pour supporter le froid de l’hiver. Elle est estimée pour chaque variété par un indice. Une note faible correspond à une dormance élevée c’est-à-dire un repos végétatif précoce à l’automne et un redémarrage tardif au printemps. Physiologiquement, la dormance correspond à une mise en réserve plus ou moins importante de substances nutritives pour passer l’hiver. Elle illustre la capacité de la plante à supporter le froid dans la durée, mais elle n’est pas liée à la résistance aux basses températures.
La terminologie des types de luzerne évolue. « On ne parle plus de type flamand et type provence, mais plutôt de type nord et type sud », précise Julien Greffier. Les luzernes de type nord ont un indice de dormance variant à peu près de 3,5 à 5,5 et celles de type sud ont un indice plutôt supérieur ou égal à 6. Il n’existe pas de limite officielle pour qualifier les types, mais un indice de 6 semble être une valeur charnière.
Ensuite, le choix d’une variété se raisonne en fonction du mode d’exploitation que l’on souhaite. Les luzernes de type nord fournissent une première coupe relativement plus abondante que les types sud, et sont donc bien plus intéressantes dans les situations où l’on veut privilégier les stocks de printemps. Elles restent par ailleurs les seules adaptées au climat de certaines régions de la moitié nord de la France. Les variétés de type sud pour leur part résistent mieux à des coupes fréquentes et répondent bien au besoin des éleveurs qui souhaitent étaler la production sur l’année. Leur utilisation se développe, comme en région Pays de la Loire par exemple. Il existe par ailleurs des variétés à port étalé et plus résistantes au piétinement qui sont bien adaptées au pâturage.
Résistance aux nématodes et à la verticilliose
La finesse des tiges n’a plus lieu d’être prise en compte pour choisir une variété étant donnée l’offre disponible au catalogue aujourd’hui. Ce critère n’est d’ailleurs plus noté pour l’inscription officielle depuis 2005.
« Certaines grosses tiges sont riches en cellulose, bien digestibles, et des tiges fines peuvent être riches en lignine, donc apporter une résistance à la verse mais être peu digestibles », poursuit Julien Greffier.
L’un des critères à ne pas négliger en fonction des risques locaux demeure la résistance aux nématodes. Les notes de résistance des variétés disponibles actuellement varient de 4,7 à 7,7, ce qui correspond à une capacité plus ou moins importante de la luzerne à limiter la multiplication des nématodes. Il n’y a aucun produit homologué actuellement pour le traitement des semences de luzerne. Le brossage mécanique des graines pratiqué par certains semenciers fonctionne plutôt bien, mais acheter de la semence certifiée apporte la garantie « zéro nématode ». Enfin, la résistance à la verticilliose mérite une certaine attention notamment au nord de la Loire, les variétés présentant des différences assez significatives entre elles quant à leur résistance à ce pathogène.