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L’homéopathie un plus dans la pharmacie de l’éleveur

À l’heure du plan Ecoantibio, l’homéopathie est une thérapeutique qui peut apporter des solutions à l’éleveur à condition d’intervenir tôt, de répéter les prises et de prendre le temps d’observer ses animaux.

« Sans remettre en cause les traitements usuels (antiparasitaire, antibiotique…), les traitements homéopathiques peuvent être un plus dans la pharmacie de l’éleveur. L’homéopathie est utilisée avec succès et depuis longtemps dans les traumatismes, la préparation à la mise bas, les non-délivrances, la grippe… En élevages allaitants, elle apporte des bénéfices intéressants autour du vêlage et du démarrage de la vie du veau », note le docteur-vétérinaire Marie-Noëlle Issautier.

L’éleveur ou le vétérinaire peut décider de mettre en place un traitement habituel (allopathique ou antibiotique) et en complément avoir recours à l’homéopathie. Autre possibilité, mettre en place un traitement homéopathique en première intention. « Si on ne constate pas d’améliorations au bout de quelques heures, il est toujours temps, soit de changer de médicament homéopathique, soit d’intervenir avec la thérapeutique classique. » L’absence de toxicité et de résidu dans le lait et la viande représente un autre avantage de ce type de médicaments, sans risque pour le consommateur ou pour le veau qui tête. « De faible coût, reconnue par les autorités réglementaires de tutelle du médicament pour ses caractères d’efficacité chez l’animal et de thérapeutique non toxique et non résiduelle pour le consommateur, elle n’induit ni accoutumance, ni maladie secondaire et est donc sans délai d’attente », poursuit le docteur Issautier.

Soigner selon le principe de similitude

L’homéopathie est une méthode thérapeutique qui repose notamment sur le principe de similitude (du grec homoios « semblable » et pathos « maladie », « souffrance »), c’est-à-dire soigner par ce qui est semblable à la maladie, à la souffrance. Elle consiste en effet, en l’administration à des doses infinitésimales, de substances susceptibles de déclencher chez l’individu sain les symptômes observés chez l’individu malade. Pour mieux comprendre, on prend généralement l’exemple du médicament Apis. Lorsque l’on est piqué par une abeille, on ressent de suite une douleur très vive, de la chaleur, une rougeur, une inflammation, des démangeaisons, généralement calmées par une application froide. « Par ailleurs, un individu qui a pris un coup de soleil, a localement de la douleur, de la rougeur, un prurit, une inflammation, soit les mêmes symptômes que ceux provoqués par une piqûre d’abeille. Alors, si on lui administre Apis, c’est-à-dire le médicament fabriqué à partir de l’abeille, les symptômes vont évoluer beaucoup plus vite que naturellement vers la guérison. Ainsi, donner Apis à ce malade, c’est faire de l’homéopathie », explique le docteur Issautier.

En homéopathie, on s’intéresse aux symptômes assortis de leurs modalités. « Cette thérapeutique nécessite d’être un bon animalier, de bien observer ses animaux et notamment l’apparition de la douleur. Cette observation appartient à l’éleveur. C’est lui qui doit repérer l’animal qui souffre. Celui-ci s’isole, se met à l’abri des autres, reste à côté de l’abreuvoir, cherche l’endroit où il y a moins de vent, celui où il fait plus chaud… Ce sont ces petits signes individuels qui interpellent l’éleveur, ignorés en allopathie mais caractéristiques en homéopathie d’un médicament. Ils permettent à l’éleveur en partenariat si possible avec son vétérinaire de trouver et d’établir la stratégie thérapeutique adéquate (homéopathie seule ou en complément). En santé animale, une trentaine de médicaments homéopathiques sont quotidiens, utiles et efficaces (sur les 2 500 fabriqués pour soigner les humains).

Granules et solutions hydroalcooliques à administrer de diverses manières

La présentation connue en médecine humaine est le granule que l’on peut utiliser pour soigner les animaux à raison de 10 granules par prise. Ils peuvent être directement glissés dans la gueule de l’animal, mis sur l’aliment ou encore dilués dans de l’eau de boisson. La pulvérisation homéopathique sur les mufles est également, pour des raisons pratiques, couramment utilisée par les éleveurs. Cette médecine est déterminée par l’observation de l’individu et de ses symptômes. Cela signifie que la médication est personnalisée et que deux individus présentant des symptômes similaires peuvent ne pas recevoir le même médicament. « Toutefois, des spécialités existent également. Ce sont des associations de plusieurs unitaires, Arnica 5CH (unitaire) peut être associé à Hypericum 5CH, Rhus Tox 5 CH, autres unitaires… Ces spécialités ont été créées par des vétérinaires, en analysant les symptômes caractéristiques et spécifiques des pathologies ou présents dans les moments physiologiques particuliers (mise bas, délivrance…). La présentation galénique vétérinaire spécifique est la forme liquide (litre, solution hydroalcoolique à 15°). La posologie individuelle par prise est de 5 ml. Conditions sine qua none à l’efficacité du traitement : la rapidité de l’intervention et la répétitivité des administrations. Cette dernière représente peut être l’inconvénient majeur de la pratique de cette thérapeutique. Il faut donner le médicament à intervalles de temps rapprochés avant d’espacer les prises », insiste Marie-Noëlle Issautier.

L’Arnica 5CH, l’indispensable de sa trousse d’urgence

Le traitement homéopathique indispensable de la trousse d’urgence reste l’Arnica. « Il est à administrer immédiatement dans tous les traumatismes (vêlage, naissance, coups, blessures...). En diminuant la douleur, il diminue la baisse du système immunitaire et contribue à ralentir la multiplication bactérienne. C’est un coup d’éponge sur la douleur et un toni cardiaque. Il favorise la cicatrisation locale et générale de l’animal. On peut l’administrer en complément d’un antibiotique qui ‘tue’ les bactéries mais n’aide pas à la cicatrisation, ni à la récupération de l’animal. »

Le veau qui vient de naître a souffert au passage dans « la filière du bassin » de sa mère. Lui donner Arnica 5CH trois fois de suite à 15-30 minutes d’intervalle va stimuler son cœur pour lui permettre de se mettre debout rapidement pour aller téter le colostrum. « D’autres unitaires sont indiqués dans ce moment-là pour compléter l’efficacité d’Arnica 5CH (spécialités). Au niveau de la mère Arnica 5CH, favorise la récupération de la parturiante. Par ailleurs administrés à la fin du vêlage, les médicaments homéopathiques appropriés, favorisent la délivrance et par la même le retour en chaleur et la réussite de la première insémination. Il est à donner trois fois de suite, à 6-8 heures d’intervalles. »

« En complément de la thérapeutique habituelle, l’homéopathie permet d’accélérer la guérison et d’éviter les rechutes et les récidives. Que ce soit dans les diarrhées, les inflammations du nombril, les arthrites, il existe des unitaires et des spécialités homéopathiques pour soigner seuls ou en complément de la thérapeutique classique ces affections… »

Soigner également le groupe

L’épisode grippal est un bon exemple pour comprendre le traitement de groupe par homéopathie. On trouve dans le troupeau différentes catégories d’animaux. « Les malades qui toussent, crachent, en pleine surinfection bactérienne, qu’on peut appeler « plombés ». On identifie à côté les « contaminés » en incubation virale, présentant un petit pic thermique, reconnaissables à leur poil légèrement hérissé, à leur baisse d’appétit, à leurs frissons. À côté encore, on regroupe des animaux qui ont eu par le passé un épisode « morbide » tel un gros nombril, des diarrhées… Ces derniers, déficients dans leur état immunitaire, sont « les menacés ». On peut donner à tous le même traitement homéopathique qui couvre les symptômes fébriles, la surinfection et la sensibilité particulière des bovins aux affections respiratoires. Aux « plombés » ce sera en complément des antibiotiques, de la vitamine C, des anti-inflammatoires. Pour les « contaminés et les menacés », l’homéopathie peut suffire, en intervenant rapidement et en restant bien sûr vigilants. Seule différence, la répétitivité des prises. Aux malades « plombés », on va répéter les prises trois ou quatre fois contre deux pour les « contaminés » et une pour les autres. Le même traitement homéopathique donné à tous, choisi sur les signes de tous les animaux, fera appel à plusieurs unitaires. Dans les troupeaux où on a des malades, il est fortement conseillé de s’occuper des animaux sains en priorité ! »

L’homéopathie ne remplace pas « les antibiotiques, ni la thérapeutique habituelle, mais elle donne à l’éleveur des outils thérapeutiques adaptés à la santé animale. L’homéopathie est une médecine d’éleveur. Elle lui permet d’être un acteur quotidien, responsable dans la gestion de son troupeau. »

Il existe aujourd’hui des formations dans presque toutes les régions avec vétérinaires et éleveurs pour s’initier, débuter et se perfectionner dans cette thérapeutique qui complète les connaissances de l’éleveur.

Il est important de rappeler que bien que n’ayant pas de temps d’attente, les traitements homéopathiques sont des médicaments. Leur utilisation doit être raisonnée et leur mise en place en partenariat si possible avec son vétérinaire.

Qu’est ce que le médicament homéopathique ?

L’homéopathie est une thérapeutique définie par son médicament car il requiert une préparation particulière à des doses infinitésimales. Les médicaments homéopathiques sont préparés à partir d’une substance active appelée « souche ». Les souches homéopathiques proviennent de trois grands règnes : végétal, minéral et animal. Pour ne pas être toxiques, elles sont diluées selon la technique hahnemannienne (notée DH au dixième et CH au centième). « C’est-à-dire, une fois récoltée la substance active est mise à macérer dans une solution alcoolique à 45 °C. Au bout de trois semaines, on récolte un jus, nommé teinture mère, base du médicament homéopathique. À partir de là, des dilutions et dynamisations (agitation forte) successives sont effectuées. Par exemple, une dilution de 1 CH correspond à une dilution au 1/100, soit une goutte de teinture mère diluée dans 99 gouttes d’alcool. Une dilution de 2 CH correspond à une goutte de la dilution 1 CH à nouveau diluée dans 99 gouttes d’alcool, et ainsi de suite. La dénomination d’un médicament homéopathique comporte le nom de la souche, écrit en latin (exemple : Arnica, Apis), suivi de la dilution exprimée en dilutions décimales (DH) ou centésimales (CH) hahnemanniennes (le H). C’est ce procédé qui fait qu’un médicament est dit homéopathique, non toxique, non résiduel, sans accoutumance et sans délai d’attente », explique le docteur Issautier. L’homéopathie est encadrée par la réglementation. Elle est régie par une AMM (autorisation de mise sur le marché) vétérinaire qui définit sa posologie et sa fabrication et une LMR (limite maximum de résidu).

Le saviez-vous ?

L’homéopathie est une thérapeutique qui a deux siècles d’existence, mise en place par le docteur Samuel Hahnemann en 1796 pour soigner les hommes. Elle a ensuite été reprise en 1833 par un vétérinaire allemand (Guillaume Lux) pour guérir les coliques et boiteries des chevaux de guerre. Elle se développe à partir de 1925 en France puis dans d’autres pays pour soigner vaches, petits ruminants puis animaux de compagnie. Au XXIe siècle elle est présente dans les élevages industriels de veaux, volailles et porcs.

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