Les minéraux et vitamines sont distribués dans l'eau de boisson
Chez Philippe Plassais, trois pompes doseuses permettent de distribuer dans le réseau d'eau les minéraux et les oligoéléments, les vitamines, et par périodes un complément alimentaire visant à renforcer les défenses immunitaires ou un hépato-protecteur.
Chez Philippe Plassais, trois pompes doseuses permettent de distribuer dans le réseau d'eau les minéraux et les oligoéléments, les vitamines, et par périodes un complément alimentaire visant à renforcer les défenses immunitaires ou un hépato-protecteur.
A Gouffern-en-Auge, dans l'Orne, Philippe Plassais engraisse une centaine de jeunes bovins par an et élève une quarantaine de vaches allaitantes (blondes et limousines). En 2016, quand un forage a permis d'alimenter en eau ses bâtiments datant de 2011, l'éleveur a choisi de s'équiper de pompes doseuses pour distribuer les minéraux et les vitamines sous forme liquide. « Ce système est pratique, sécurisant et efficace, explique Philippe Plassais. Je suis sûr que tous les animaux avalent leur complémentation, même en période de transition alimentaire ou de maladie. » Un jeune bovin malade réduit en effet son ingestion mais il continue de boire de l'eau. Quand tout va bien, la consommation d'eau est proportionnelle aux performances des animaux - ici, pour les jeunes bovins, à leur croissance. Chaque animal reçoit ainsi des quantités de vitamines, oligoéléments et minéraux calibrées sur ses besoins propres. « La présentation sous forme liquide favorise la biodisponibilité », avance d'autre part Romain Mulet, de Technofirm, fabricant et leader en France des installations d'alimentation liquide pour les ruminants. « Les minéraux sont apportés sous forme ionisée, et les vitamines sous forme liposolubles. »
C'est aussi une façon d'automatiser le travail. « Cela permet de gagner un peu de temps chaque jour sur la fabrication de la mélangeuse, de ne pas avoir de sacs de minéraux à transporter, d'être précis et de ne pas risquer de faire d'erreur dans le dosage », apprécie Philippe Plassais.
Romain Mulet, de Tecnofirm. « L'apport liquide de vitamines et minéraux permet une absorption rapide et quasi-totale. » - © S. Bourgeois
Optimisation indispensable de la qualité de l'eau
L'optimisation de la qualité de l'eau est indispensable afin d'éviter une détérioration des minéraux et des vitamines. Chez Philippe Plassais, le traitement de l'eau au chlore garantit sa qualité bactériologique. Un traitement au peroxyde d'hydrogène est nécessaire tous les six mois environ pour nettoyer les canalisations et prévenir la formation de dépots. D'autre part, chez Philippe Plassais, un système original d'injection de CO2 dans l'eau permet de créer de l'acide carbonique, un acidifiant naturel. « Le pH de notre eau est trop haut, entre 7,2 et 7,5. Grâce à cette installation, il est corrigé et je distribue aux bovins une eau à un pH de 6,7, qui garantit la meilleure efficacité dans le rumen des apports de minéraux, explique l'éleveur. Ceci a aussi l'avantage d'aboutir à la formation de bicarbonate de calcium dans l'eau de boisson, dont bénéficient les animaux à hauteur d'environ un tiers de leurs besoins. » Cette installation est également utilisée pour régler le pH de l'eau à 5,5 le temps de remplir le pulvé, ce qui permet d'optimiser l'efficacité des traitements sur céréales.
« La ration des jeunes bovins, distribuée à la mélangeuse, est composée de foin et paille puis de concentrés (ration sèche 70 % de céréales). Un aliment est fabriqué à façon à partir de maïs grain humide et d'un aliment complémentaire acheté, où sont incorporés la protéine puis les céréales ou oléoproteagineux produits sur l'exploitation comme le blé, l'orge ou les pois.Y sont également incorporés des levures et le calcium, sous forme de carbonate de calcium. »
« En effet, le calcium n'est pas distribué dans l'eau de boisson car, sous forme liquide, il est très volumineux et plus cher que sous forme solide », explique Romain Mulet. C'est aussi pour des raisons pratiques, car le calcium dans l'eau de boisson entrainerait la formation de dépôts trop importants dans les conduites. Dans l'eau, sont finalement apportés aux bovins le phosphore sous forme d'acide phosphorique, le magnésium et les oligoéléments via une première pompe doseuse. Toutes les catégories d'animaux - jeunes bovins mais aussi vaches allaitantes et génisses d'élevage - reçoivent toute l'année la même solution de minéraux au même dosage. « On ne raisonne pas du tout comme la complémentation minérale classique », explique Richard Beaudron, d'Approvert (distributeur). « En viande bovine, les doses ne sont pas modulées, en général, selon les stades physiologiques des animaux, qui reçoivent des rations classiques. Quand la ration est à base de coproduits, on utilise par contre une autre solution minérale, pour tenir compte de la richesse des matières premières en phosphore. »
A gauche : L'une des pompes est dédiée à la distribution, abreuvoir par abreuvoir, d'un complément alimentaire pour renforcer les défenses immunitaires (vit C, vit E, sélénium). Cette pompe est utilisée aussi pour distribuer si besoin un hépato-protecteur. A droite : Chez P. Plassais, le traitement de l'eau au chlore garantit sa qualité bactériologique. Un traitement au peroxyde d'hydrogène est nécessaire tous les six mois pour nettoyer les canalisations et prévenir la formation de dépôts. -
Une deuxième pompe est utilisée pour l'introduction dans le réseau d'eau de boisson d'une solution de vitamines AD3E. « Elles sont distribuées en fonction des besoins des animaux, par périodes. » La troisième pompe est dédiée à la distribution d'un complément alimentaire visant à renforcer les défenses immunitaires (vitamine C, vitamine E et sélénium). Il est donné à l'arrivée des jeunes bovins pendant quinze jours, et à l'occasion si des symptômes respiratoires se déclarent. Cette même pompe est utilisée à d'autres périodes pour distribuer en cas de besoin un hépato-protecteur. L'installation permet de distribuer abreuvoir par abreuvoir sachant que, dans ce bâtiment, un abreuvoir à bol double est partagé pour deux cases de douze jeunes bovins. Philippe Plassais n'en a pas l'usage, mais d'autres éleveurs distribuent dans l'eau de boisson des levures mortes (ce n'est pas possible pour les levures vivantes), ou encore une solution à base d'extraits végétaux pour aider à la gestion de la pression parasitaire.
Des animaux plus robustes et des croissances plus homogènes
Philippe Plassais observe des performances de croissance beaucoup plus homogènes depuis qu'il a adopté ce système. La moyenne des croissances des jeunes bovins est de 1600 g/j, ceux à très bon potentiel génétique réalisant 1700-1800 g/j. « C'est difficile à quantifier, mais je trouve que les animaux sont plus robustes. Côté élevage, il se trouve que je n'ai plus de problèmes de diarrhées sur les jeunes veaux, même si je ne peux pas avancer que cela s'explique par la qualité de la minéralisation des mères, explique l'éleveur. Les efforts sur la qualité de l'eau d'abreuvement, sa constance, et l'attention portée sur le réseau de distribution ont certainement aussi participé à ce résultat. Il est possible d'améliorer encore les choses. L'idéal serait d'avoir des canalisations d'au minimum 40 de diamètre, et des raccords en plastique (et non en cuivre) pour limiter les dépôts. »
A gauche : Un compteur permet de surveiller la consommation d'eau. A droite : Un système original d'injection de CO2 dans l'eau permet de créer de l'acide carbonique, un acidifiant naturel. Le pH est corrigé à 6,7 pour l'eau de boisson. A droite : Un système original d'injection de CO2 dans l'eau permet de créer de l'acide carbonique, un acidifiant naturel. Le pH est corrigé à 6,7 pour l'eau de boisson. -
Côté éco
Le coût du forage ici a été très raisonnable, à 4 EUR euros (contre en moyenne environ 10 000 EUR selon les situations). Le tableau de pompes doseuses est à 2200 EUR HT, sachant qu'une aide du fabricant et du distributeur de 1500 EUR a été perçue. Pour Philippe Plassais, en intégrant le coût de l'installation de traitement physico-chimique de l'eau, le coût total est de 3 500 EUR. Il bénéficie par ailleurs avec ce distributeur d'un prix garanti sur les solutions minérales pour cinq ans. La complémentation minérale revient dans son cas à 0,15 EUR/j/jeune bovin - à comparer à 300 g/j d'un 7-21-5.
« Le coût ramené à l'UGB dépend de l'eau dont on dispose. Le but n'est pas de la déminéraliser mais de l'équilibrer. Selon les clients, il varie de 11 à 30 centimes », explique Romain Mulet, de Tecnofirm.