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Chez Karine Moulet et Frédéric Planté, dans le Tarn
Le vétérinaire assure le suivi du cheptel et de la reproduction

Le docteur Gipoulou, vétérinaire dans le Tarn, propose un suivi global du troupeau adapté à chaque cas d’exploitation, où la reproduction occupe une place importante.

Lorsqu’il se rend dans l’élevage de Karine Moulet et Frédéric Planté, agriculteurs à Carbes (Tarn), en ce jour de septembre, le docteur Christian Gipoulou n’y vient pas pour des soins à un animal mais pour faire le point sur les vêlages, les saillies et les stades de gestation. Au préalable, Karine lui a transmis une liste à jour des animaux, importée à partir de son logiciel d’élevage. Ensemble, ils pointent chaque vache pour voir celles qu’il faut « regarder ». Christian Gipoulou croit beaucoup aux suivis d’élevage. Et pas seulement au suivi de reproduction, car un cheptel est un tout. « Les visites de suivi ont pour objectif le dépistage des vaches non gestantes, le traitement des vaches à métrite, la recherche des raisons des non-retours en chaleur de certaines vaches. Il faut y ajouter la constitution des lots en fonction des dates de début de gestation. On profite de l’une ou l’autre de ces visites pour faire le tour de l’élevage, effectuer de petites interventions, des prélèvements, proposer la mise en place d’un plan de maîtrise sanitaire… » Bref, intervenir en amont pour améliorer les résultats du troupeau et pouvoir « intervenir de façon plus rationnelle en cas de pépins ».

Ne pas "s'exciter" sur un élément

Mais le vétérinaire insiste sur la nécessité de proposer un suivi adapté à chaque élevage et de ne surtout pas s’obnubiler sur un critère de reproduction en particulier sans avoir d’abord pris en compte les objectifs de l’éleveur et les contraintes de son exploitation : « Il faut bien réfléchir avant de changer les choses et ne pas « s’exciter » sur un élément. » Karine Moulet et Frédéric Planté font partie des sélectionneurs de la race Blonde d’Aquitaine habitués des podiums. Avec un cheptel de 75 vaches, dont 25 Normandes pour la transplantation embryonnaire, des bêtes exportées dans le monde entier, on devine leur priorité : « offrir la meilleure génétique possible ». L’intervalle moyen entre vêlages (385 jours) n’est pas leur souci numéro un. « On ne vend pas une vache de bonne lignée, même si elle se retarde un peu », justifient les éleveurs. « L’examen de la répartition des vêlages sur l’année et de la dispersion des intervalles entre vêlages permet de voir avec l’éleveur si le résultat obtenu est conforme à ses souhaits et d’évaluer les marges de progrès », préconise Christian Gipoulou. Dans ce cheptel, les vêlages ont lieu un peu toute l’année. Cet étalement est voulu par Karine et Frédéric pour coller à l’activité vente directe (deux bêtes par mois). Par contre, les métrites ne sont pas rares (10 à 15 %). De plus, un manque de place dans le bâtiment ne permet pas de faire des lots homogènes : les vaches taries sont parfois suralimentées en fin de gestation. « Dans cet élevage, le suivi vise d’abord la recherche et le traitement des métrites après vêlage, responsables d’une proportion importante de vaches à intervalles longs », détaille le vétérinaire.

Traitement des métrites

Les quatre ou cinq visites annuelles de suivi sont calées sur ce calendrier de vêlages mais le vétérinaire n’intervient que sur demande des éleveurs qui l’appellent lorsqu’un lot important de vaches a mis bas. L’objectif : « voir si elles sont toutes aptes à être saillies ou pas ». Cela représente en gros deux visites, en octobrenovembre et en mars-avril, pour faire un examen gynécologique des vaches qui ont vêlé dans les deux mois précédents et ne sont pas saillies. Ces rendez-vous sont précédés quelques semaines plus tôt d’une visite en vue de mettre à jour les données, les saillies, noter les incidents, les résultats d’analyses… Ce qui permet au vétérinaire de revenir avec de l’information qu’il a analysée et qui va alimenter la discussion. Les visites, réalisées dans le cadre du suivi d’élevage, sont facturées 60 euros de l’heure. Les métrites sont traitées avec un antibiotique intra-utérin et des prostaglandines. « Le résultat est bon, affirme le vétérinaire. Deux tiers des vaches à métrites remplissent après traitement avec un intervalle vêlage-insémination fécondante inférieur à 110 jours. Ce sont des métrites bénignes. Si on ne les soigne pas, elles guérissent seules mais plus lentement. Elles risquent alors de retarder la fécondation. » Les vaches non vues en chaleur après vêlage sont traitées par prostaglandine ou progestagène.

Pas de diagnostic de gestation

Les diagnostics de gestation sont rarement pratiqués dans cet élevage pour la simple et bonne raison que la surveillance des chaleurs est « bien faite. Une vache ayant vêlé normalement, puis saillie et non revue en chaleur est considérée comme pleine », explique Christian Gipoulou. En procédant ainsi, seules deux ou trois vaches passent au travers. Par contre, celles qui ne sont toujours pas pleines après plusieurs saillies sont fouillées pour détecter d’éventuelles anomalies. « En général, tout va bien. On fait un traitement standard mais sans trop y croire. Il n’est pas nuisible et permet quelquefois aux vaches de prendre un peu plus tôt. Mais, en thérapeutique, on n’a pas vraiment les moyens de maîtriser ce type de problème. Ce sont des vaches très productives: il faut s’adapter à leur rythme et ne pas vouloir les soumettre à des critères identiques pour tout le monde. »

Un bilan de reproduction avec analyse des facteurs de risque

Christian Gipoulou complète son suivi d’élevage par un bilan annuel de reproduction. L’idée étant de déterminer de façon méthodique quels sont les facteurs de risque qui ont le plus d’impact sur les résultats. En premier lieu, il calcule un certain nombre de critères (taux de réussite IA première ou saillie, taux de gestation, intervalle vêlage IA ou saillie fécondante, intervalle entre vêlages, dispersion des IVV…). Il en choisit un – « le plus important pour l’éleveur ou le plus éloigné des normes » – et le confronte à une liste de facteurs de risques qui peuvent avoir un impact, en comparant les résultats de lots de vaches selon qu’elles sont exposées ou pas à ces facteurs de risque. Un exemple pour comprendre : l’intervalle vêlage-IA ou saillie fécondante (VIF/VIS) en considérant qu’au-dessous de 110 jours, il est conforme et qu’audessus, il faut se poser des questions. Le vétérinaire passe en revue les facteurs de risque qui peuvent provoquer des VIF/VIS longs. Dans l’élevage de Karine Moulet et Frédéric Planté, on constate par exemple que les vaches qui ont un intervalle entre vêlages long (plus de 400 jours) ont trois fois plus de chances d’avoir une fécondation tardive que les autres. Alors que dans un autre élevage, ce sont les génisses peu fertiles lors de leur mise à la reproduction qui sont en cause. Ailleurs, ce seront plutôt les primipares en général qui auront le plus de difficultés à revenir en chaleur. La période de mise bas peut aussi avoir un impact sur ce critère.Ce bilan de reproduction est toujours suivi d’un bilan sanitaire de l’élevage qui permet d’établir les protocoles de soins. Toute une série de bilans donc qui, menés de façon rigoureuse, donnent du contenu à la visite sanitaire annuelle.

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