Le débit dans les abreuvoirs est un point à surveiller
L’accès à l’eau est en général bien organisé au moment de la conception d’un bâtiment. Mais il peut devenir insuffisant quand le bâtiment a été agrandi sans que l’on ait pensé à revoir ce point, ou que son utilisation est modifiée.
L’accès à l’eau est en général bien organisé au moment de la conception d’un bâtiment. Mais il peut devenir insuffisant quand le bâtiment a été agrandi sans que l’on ait pensé à revoir ce point, ou que son utilisation est modifiée.
Depuis dix ans, le GDS de Meurthe-et-Moselle propose un audit « abreuvement » dans le cadre de son action du suivi de la qualité de l'eau aux éleveurs qui utilisent un captage privé. Cet audit est réalisé lors de la première visite approfondie, au cours de laquelle sont également effectués un prélèvement pour analyse d’eau et un diagnostic du captage. « Cette première visite permet d’évaluer la conception du captage et de dégager des pistes correctives en cas de résultat d’analyse d’eau non favorable, explique Claire Dargent du GDS de Meurthe-et-Moselle. Elle est aussi l’occasion d’évaluer l’accès à l’eau des animaux. Nous faisons pour ceci le tour des dispositifs d’abreuvement dans les bâtiments. » La visite est à programmer de préférence à un moment de l’année où les animaux sont en bâtiment. Cela permet de compter le nombre d’animaux effectivement présents et le nombre d’abreuvoirs en service. « Le conseil de base est de mettre à disposition un bol pour quinze bovins, quel que soit leur âge. » Il n’est pas rare de trouver un abreuvoir pour deux travées de huit ou de dix cornadis. « Dans ce cas, si les animaux ont des besoins en eau pas trop importants comme c’est le cas pour des génisses, cela convient. Mais si ce sont des jeunes bovins à l’engraissement ou des vaches en finition, il est nécessaire de rajouter un bol. »
Les bovins n’attendent pas que l’abreuvoir se remplisse
Le nombre d’animaux par bol est en général bien respecté au moment de la conception d’un bâtiment. Mais il peut devenir limitant quand le bâtiment a été agrandi sans que l’on ait pensé à revoir ce point, ou bien quand l’effectif du troupeau varie à certaines périodes de l’année avec un chargement accru dans les cases sur un ou plusieurs mois. Le point qui est fréquemment relevé lors de l’audit abreuvement est un débit insuffisant dans les abreuvoirs. Si le débit est satisfaisant, un bol se remplit en dix à trente secondes. « L’eau doit être acheminée avec un débit idéalement de 12 litres à la minute. S’il est grandement inférieur à 12 litres par minute, il est faux de croire que les bovins vont attendre que l’abreuvoir se remplisse. Une bonne partie d’entre eux ne reste pas devant l’abreuvoir car ils se lassent d’attendre ou sont poussés par les autres à cause de la hiérarchie sociale, et partent sans avoir bu à leur soif. » Certains éleveurs préfèrent un petit débit pour que les animaux ne « jouent » pas avec l’eau et ne salissent autour de l’abreuvoir. Mais un débit insuffisant ne permet pas que chaque animal boive à la hauteur de ses besoins, même s’il vient boire de nombreuses fois des petites quantités au cours de la journée. "Des animaux sous-abreuvés consomment moins et valorisent moins bien l’alimentation. A moyen et long terme, le sous-abreuvement est néfaste pour la santé, notamment au niveau longévité et résistance de l’animal aux maladies. Je dis souvent aux éleveurs pour illustration que l’on se resserre plus de gâteau lorsqu’on a une boisson qui l’accompagne !"
Si le débit est insuffisant, il suffit parfois simplement de vérifier que les gicleurs ne sont pas bouchés, que la palette actionne correctement le mécanisme. « Il est possible aussi d’augmenter la taille de la buse/gicleur, d’entretenir régulièrement les abreuvoirs pour enlever le sable ou le calcaire qui pourraient boucher la buse. Ou bien il faut aller jusqu’à augmenter le nombre de points d’eau », explique Claire Dargent.
Observer le comportement à l'abreuvoir des animaux
Pour un bon accès à l’eau et éviter le lapage, la hauteur de fixation de l’abreuvoir a aussi son importance. Elle doit être entre 70 et 75 cm pour les vaches, entre 55 et 70 cm pour les jeunes bovins et entre 50 et 55 cm pour les veaux. Pour ces derniers, on peut mettre une petite marche sous l’abreuvoir. « Aussi, je vérifie que l’accès aux abreuvoirs soit facile. Il ne doit pas y avoir de gêne à cause d’une barrière par exemple, les animaux ne doivent pas avoir besoin de se contorsionner pour accéder au bol. Ce point est généralement correct », explique Claire Dargent.
Enfin, le comportement des animaux à l’abreuvoir est observé, pour voir s’il n’y a pas d’hésitation ou de retrait brutal, ce qui signerait un éventuel problème de courant parasite.
Les éleveurs vérifient au quotidien la propreté et le fonctionnement des abreuvoirs. « Les abreuvoirs fixés au niveau des cornadis sont accessibles pour les éleveurs sans rentrer dans les cases et donc plus faciles à nettoyer quotidiennement », observe Claire Dargent.
Gaec d’Olzais : « nous regardons les abreuvoirs tous les jours »
Au Gaec d’Olzais, à Chenevières en Meurthe-et-Moselle, sont élevées 80 vaches principalement charolaises et engraissés 200 jeunes bovins par an. Francis, Marie-Josephe et leur fils Clément Georges jettent un coup d’œil tous les jours aux abreuvoirs.
Le paillage se fait mécaniquement et passe bien au-dessus des abreuvoirs, mais il peut toujours y avoir de l’aliment ou du fumier à nettoyer. Les abreuvoirs sont tous installés le long du couloir d’alimentation et leur examen se fait au moment où l’auge est balayée.
Pour les jeunes bovins, dont le bâtiment date de 2013, de classiques abreuvoirs à palette ont été choisis. Il y en a un à chaque extrémité des cases de 13 jeunes bovins. Ils sont fixés sur une barrière double contre l’auge, avec une margelle de 50 centimètres. Dans chaque case, les jeunes bovins peuvent ainsi boire à droite et à gauche. Les animaux cassent parfois la borne en plastique en s’appuyant dessus ou au moment du changement de case. « Nous avons posé un cerclage autour pour les fixer sur le poteau avec quatre chevilles. Comme solution antigel – il y a presque tous les ans une période de quelques jours où la température descend entre -8 et -15°C ici – nous avons choisi des résistances fixées sous chaque abreuvoir, alimentées à partir d’un transformateur. »
Pour les vaches, dont le bâtiment a été réaménagé en 1995, ce sont des abreuvoirs isothermes à coupelle avec réserve qui ont été installés. Il y en a deux dans chaque case de 25 à 27 vaches suitées avec parc à veaux. Pas besoin ici avec ce système isotherme d’électricité pour empêcher le gel. « Ces abreuvoirs sont à niveau constant et les petits veaux viennent y boire aussi. Ils se débrouillent bien pour apprendre. » Les capots sont parfois abimés et il faut prévoir d’en changer une partie au bout de quatre ou cinq ans.
« Nous avons fait faire un forage en 2018 qui alimente tous les bâtiments et nous suivons la qualité de l'eau avec le GDS », explique Francis Georges. Une pompe remplit une citerne et procure une pression comprise entre 2 et 4 bars.