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La pluie contrarie la mise à l’herbe dans bien des régions

Dans le nord et le grand ouest, d’importantes quantités d’herbe sont déjà dans les prés, mais le manque de portance empêche de lâcher les animaux. Les conditions de mise à l'herbe sont plus classiques dans le bassin allaitant.

prairie inondée
© S.Bourgeois

Mi-mars, la mise à l’herbe de la jeunesse commence chez les éleveurs qui disposent de parcelles séchantes. Mais dans bien des régions, beaucoup sont contraints d’attendre le ressuyage de leurs prairies.

C’est le cas notamment dans le Pas-de-Calais, où une grande partie des prairies sont « sous les eaux », et toutes présentent de gros problèmes de portance. Avec la douceur de l’hiver, d’importantes quantités d’herbe sont disponibles et l’herbe arrive à un stade déjà assez avancé. « Ceux qui ont pu pâturer plus longtemps pendant l’hiver ont un peu plus de temps devant eux pour faire sortir les animaux » remarque Quentin De Wilde de la Chambre d’agriculture du Nord Pas-de-Calais. La plupart des apports d’azote sur prairies n’ont pas pu être faits, et le déprimage non plus.  

Dans les Vosges, la mise à l’herbe sera retardée là aussi à cause du manque de portance. « Le déprimage aurait pu démarrer la semaine prochaine» observe Damien Godfroy de la chambre d’agriculture des Vosges. « Avec les sécheresses des deux dernières années, on aurait voulu sortir les animaux le plus tôt possible, ce qui va être compromis. » Les fenêtres météo permettant les apports d’azote ont été assez petites et peu de prairies ont été servies. Toutes les céréales d’hiver prévues ont par contre pu être semées, dans des conditions relativement correctes.

En Bretagne, le cumul des pluies depuis fin septembre est extrêmement élevé. "Ceci avait conduit certains éleveurs à rentrer les animaux un mois à un mois et demi plus tôt que d’habitude, et le 10 mars, très peu de troupeaux ont pu ressortir » constate Pascal Le Cœur, de la chambre d’agriculture de Bretagne et ferme expérimentale de Trévarez. Déjà quinze jours de retard sont accumulés et il y aura dans cette région aussi beaucoup de fauches précoces à planifier dès la première quinzaine d'avril, pour recréer un gradient de pousse sur le parcellaire. « Le premier cycle de pousse ne sera surement pas totalement pâturé. Pour les parcelles qui n’ont pas pu être fertilisées faute de portance, il vaut mieux maintenant pâturer dès que possible et programmer l’apport d’azote rapidement après le passage des animaux. »

En région Pays de la Loire, il y a énormément de biomasse à faire pâturer (avec un niveau un peu plus faible en Mayenne, zone climatique plus au nord de la région), signale Jean-Luc Gayet, de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire et ferme expérimentale de Derval. « Sur toute la période hivernale, des croissances de 5 à 10 kgMS/jour/ha ont été relevées, conséquences de températures au sol comprises entre 8 et 12°. Les prairies qui n’ont pas été pâturées en fin d’année présentent actuellement des hauteurs d’herbe importantes, de 10 à 12 cm (soit environ 1.5 tMS/ha). » Et pratiquement aucune mise à l’herbe n’a encore pu être effectuée mi-mars, à part dans des parcelles sur sables ou en côteaux qui ressuyent plus vite. En 2019, les animaux étaient à l'herbe entre début et mi-février. Il y a donc déjà 40 jours de retard cette année. « En situation extrême, si on n’a plus de fourrages, on peut sortir des animaux sur une prairie qui sera sortie du circuit de pâturage de printemps (RGI ou vieille prairie à refaire). » Il ne sera pas possible dans bon nombre de situations de faire du déprimage. On sera alors dans l’étêtage, avec des conséquences sur le déroulement de la suite de la saison de foin. Des excédents importants seront de toutes façons à faucher en début de printemps. « Avec les jours qui rallongent beaucoup maintenant, le ressuyage devrait s’accélérer, et le beau temps va arriver. »

Dans la Vienne, la situation est comparable. « A part dans les parcelles de côteaux ou sur cailloux ou sables, la mise à l’herbe n’est pas possible car les prairies sont gorgées d’eau et le ressuyage prendra un peu de temps. Les surfaces en céréales à paille prévues n’ont d’autre part pas pu être toutes semées » explique Aloïse Célerier de la chambre d’agriculture de la Vienne.

Dans les Deux-Sèvres, la configuration est similaire avec le temps très très humide qui gène, là aussi, les éleveurs. "Les premiers lâchers n’interviendront probablement que fin mars" prévoit Pascal Bisson de la chambre d’agriculture des Deux-Sèvres.  .  

Dans le Cher aussi, le cumul des pluies depuis fin septembre, bien qu’assez hétérogène entre les différentes zones du département, est important et retarde la mise à l’herbe. Alors que les stocks de fourrage hivernaux arrivent globalement à leur terme à la mi-mars. « Les hauteurs d’herbe sont conséquentes, on a des parcelles à 9 cm donc au-delà du stade où le lâcher des animaux est conseillé » décrit Yvan Lagrost de la chambre d’agriculture du Cher. Les températures sont douces et la plupart les sols ne sont pas asphyxiés par l’excès d’eau, donc cette pousse se poursuit. Des fauches fin avril sont d’ores et déjà à prévoir. Les orges et les blés n’ont d’autre part pas pu tous être semés, et ces surfaces sont désormais destinées à des céréales de printemps voire des cultures d’été.

Dans le grand bassin allaitant, les pluies hivernales ont été moindres, et la situation par rapport à la portance des sols est moins critique actuellement. Dans le Cantal, les cumuls de température sont « en avance » cette année, d’une dizaine de jours en zone de plaine et d’une quinzaine de jours en altitude, et ce serait le moment de sortir les animaux sur les zones basses en altitude, explique Christophe Chabalier de la chambre d’agriculture du Cantal. « Pour une gestion optimale de la pousse, il faudrait que le ressuyage soit suffisant dans les dix prochains jours pour pouvoir sortir. »

En Saône-et-Loire, les 300 degrés de somme de température – stade de végétation qui devrait correspondre à la mise à l’herbe des animaux - sont atteints cette semaine dans une bonne partie du département, et ils le seront la semaine prochaine dans le Morvan. « Il est tombé 40 mm la semaine dernière, et il faut attendre, mais les éleveurs ne devraient cependant pas accuser de retard important au lancement de la saison de pâturage » explique Antoine Buteau de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire.

Même approche dans l’Allier, où cette semaine aussi sont atteints les 300 degrés de cumul de températures, avec une alternance de beau et de pluie. « Le déprimage est en cours, les apports d’azote ont pu être faits pour les futures fauches précoces et sont programmées la semaine prochaine pour les fauches plus tardives », explique Vanessa Vozel de la chambre d’agriculture de l’Allier.

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