Fabrique de plaques de concours
La fonderie d´aluminium Gargam fête ses 120 ans
Fabrique de plaques de concours
Gargam, installée à Pouancé dans le Maine-et-Loire, est l´une des cinq fonderies d´aluminium françaises à fabriquer des plaques de concours. L´entreprise a choisi de conserver la technique traditionnelle de fabrication à la main.
« Les producteurs de viande, ils sont fous furieux avec les plaques ! », s´exclame un peu amusé Laurent Justal, directeur de la fonderie Gargam, en faisant référence au fait que pour une bête participant à un concours d´animaux de boucherie, il lui est commandé jusqu´à trois plaques. L´une revenant à l´éleveur et les deux autres étant destinées à animer le rayon des acheteurs des deux demi-carcasses. Les consommateurs y sont aussi très sensibles. Autre preuve s´il en faut de la valeur symbolique de l´objet, c´est le modèle numéro 25 de Gargam, un modèle centenaire, peint en rouge, que la marque Bigard a choisi pour en faire la base de son logo.
Les plaques de concours d´animaux représentent environ la moitié du chiffre d´affaires de l´entreprise, et les bovins environ 30 %. Les concours de chevaux, de chiens, et aussi les trophées cyclistes et beaucoup d´autres manifestations sportives sont aussi consommateurs de plaques. Les comices agricoles se concentrent, sont moins nombreux depuis une vingtaine d´années, et l´entreprise s´est adaptée. Gargam fabrique des plaques de rue, des numéros de maison, un peu de mobilier urbain (clous de marquage au sol par exemple).
Sous le nom Gargam, la fonderie fête cette année ses 120 ans. Et depuis tout ce temps, la méthode de fabrication n´a pratiquement pas changé. « Je préfère investir dans la main-d´oeuvre. Le travail à la main permet de fabriquer individuellement les plaques sans perte. Le résultat est moins lisse qu´avec des machines, mais certains clients recherchent cet aspect artisanal, avec parfois une lettre un peu plus haute que l´autre. »
Les plaques en aluminium avec lettres en relief sont un produit haut de gamme, par rapport aux plaques en plastique qui sont devenues très répandues pour les concours de chevaux par exemple. « Un client m´a ramené une plaque vieille de cent ans, reçue au concours de la 17e section du porc craonnais de 1912. Nous l´avons sablée et repeinte, elle est redevenue comme neuve, quitte alors à sembler fausse. »
Les plaques pour concours d´animaux représentent aujourd´hui la moitié du chiffre d´affaires de Laurent Justal. La fonderie Gargam propose 98 modèles différents. ©S. Bourgeois |
Des plaques personnalisées jusque dans les détails
Le directeur insiste aussi sur la spécificité de la plaque de concours : le délai à respecter. « Souvent, les organisateurs ne savent que quelques semaines voire quinze jours avant le concours, ce dont ils vont avoir besoin comme plaques. Et nous, nous devons nous adapter. Si le concours est le 6 novembre, ce n´est pas la peine d´envoyer les plaques pour le 7 ! » L´entreprise a investi ces dernières années dans une cabine de peinture et un local de désolvatation (où sèche la peinture). Comme beaucoup d´autres matières premières, le prix de l´aluminium a beaucoup augmenté : sur les deux dernières années, il a doublé. Mais chez Gargam, la matière première représente beaucoup moins que la main-d´oeuvre dans l´établissement du prix de revient. « Nous n´utilisons pratiquement que de l´aluminium de recyclage. Celui-ci a augmenté, mais son prix reste environ quatre fois plus faible que celui de l´aluminium de première fusion. » Les plaques sont donc composées à 90 % d´aluminium, avec d´autres minéraux (magnésium, manganèse.).
Comme les pièces sont fabriquées à la main, elles sont personnalisables dans les moindres détails. « Une coopérative pour fêter son vingtième anniversaire nous a par exemple commandé des plaques nominatives pour ses adhérents de la première heure. C´est un cadeau qui a beaucoup plu. »