Guerre Russie-Ukraine : les ministres européens veulent « libérer le potentiel de production agricole de l’Europe »
Julien Denormandie et le commissaire européen à l’agriculture Janusz Wojciechowski ont annoncé des mesures d'urgence à l’étude pour « garantir la production agricole de l’Europe » face à la crise en Ukraine. La stratégie De la ferme à la table va être réévaluée à l’aune des risques que fait peser la situation actuelle sur la sécurité alimentaire.
Julien Denormandie et le commissaire européen à l’agriculture Janusz Wojciechowski ont annoncé des mesures d'urgence à l’étude pour « garantir la production agricole de l’Europe » face à la crise en Ukraine. La stratégie De la ferme à la table va être réévaluée à l’aune des risques que fait peser la situation actuelle sur la sécurité alimentaire.
À l’issue d’un conseil exceptionnel des ministres de l’Agriculture européens, le ministre Julien Denormandie, en charge de la présidence du conseil européen du fait de la présidence française, et le commissaire européen à l’agriculture Janusz Wojciechowski, ont annoncé plusieurs mesures pour faire face à la crise ukrainienne à l’occasion d’une conférence de presse commune, le 2 mars. Au-delà des mesures d’urgence, ils ont fait état d’une demande des ministres de l’Agriculture de « libérer le potentiel de production agricole de l’Europe », et d’étudier les impacts des stratégies telles que la Ferme à la table à l’aune de cette nouvelle situation.
La guerre en Ukraine et les sanctions économiques visant la Russie qui en découlent ont un impact majeur sur les flux de céréales et la disponibilité des engrais, ont rappelé les deux responsables. « Nous avons évoqué les mesures disponibles pour faire face aux conséquences sur les capacités de production en Europe et dans le monde, a expliqué Julien Denormandie. L’objectif est d’assurer l’aide alimentaire et la mission nourricière de l’Europe pour que les cultures permettent de faire face à la demande mondiale ».
Plusieurs mesures d'urgence à l'étude
Outre les conséquences pour l’Europe, le ministre a insisté sur la situation de crise que cela pouvait générer pour les pays d’Afrique du Nord, très dépendants des importations de la mer Noire et confrontés actuellement à une violente sécheresse.
Plusieurs mesures d’urgence sont à l’étude au sein des institutions européennes :
- mobilisation des groupes d’experts
- mise en œuvre de mesures exceptionnelles de marché, comme le stockage privé et l’utilisation de la réserve de crise
- la possibilité d’utiliser les jachères notamment pour implanter des cultures riches en protéines dès ce printemps va également être examinée.
Autre question sur la table : celle des engrais, dont les prix ont flambé et dont la disponibilité pourrait être réduite sur certains marchés. Par ailleurs, les responsables européens s'inquiètent des conséquences de la situation actuelle sur l'élevage européen, qui nécessitera un « appui pour l'alimentation animale ».
Au-delà de ces mesures d’urgence, « les ministres ont exprimé la demande de consolider comme priorité politique la souveraineté alimentaire, a indiqué Julien Denormandie. À cet égard, des discussions ont eu lieu sur les différentes stratégies. » Le commissaire Janusz Wojciechowski a ainsi confirmé une évaluation de la stratégie De la ferme à la table au regard de l’objectif d’accroître la souveraineté alimentaire de l’Europe.
« S’il faut rectifier le tir, nous le ferons »
« Il ne s’agit pas de remettre en cause ces stratégies, qui doivent être soutenues, mais nous devons garantir la sécurité alimentaire, donc il faut libérer le potentiel de production de l’UE », a affirmé le commissaire européen, annonçant une évaluation de l’impact sur la sécurité alimentaire des différentes stratégies du Pacte vert. « S’il faut rectifier le tir, nous le ferons », a-t-il ajouté. Julien Denormandie a quant à lui insisté sur « la nécessaire ambition forte de ces stratégies par rapport à la souveraineté et à la mission nourricière de l’agriculture, parfois oubliée par certains ».
En revanche, une remise en cause des orientations de la nouvelle PAC n’est pas à l’ordre du jour. « La demande sur l’utilisation des jachères porte sur la campagne en cours, l’urgence, c’est de savoir ce qu’on peut semer maintenant, notamment en termes de protéines », a affirmé le ministre français de l’Agriculture.