GNR : quatre pistes pour réduire sa consommation
Le carburant pèse lourd dans le budget énergie d’une exploitation. Si la fin de sa détaxation n’aura finalement pas lieu, son prix élevé motive à réduire sa consommation.
« Pour diminuer sa facture de gazole non routier (GNR), il faut additionner de petits gains en agissant sur plusieurs leviers, encourage Didier Debroize, ingénieur machinisme à la chambre d’agriculture de Bretagne. Pour dégager des économies plus conséquentes, il faut souvent changer de pratiques. Ce qui demande d’intégrer à sa réflexion énergétique les possibilités d’adaptation de son parcellaire et les conséquences en termes de temps de travail. »
1 - Adopter une écoconduite
C’est la mesure la plus rapide à mettre en œuvre. De nombreuses formations sont proposées pour apprendre à réduire sa consommation au volant, en ayant une conduite plus souple ou encore en anticipant freinages et accélérations.
L’écoconduite passe aussi par le choix du bon régime moteur. En effet, la consommation d’un moteur varie selon le régime auquel il est utilisé. Pour que sa conduite soit plus économique, il faut rechercher le régime de rotation le plus bas possible. Lors d’un déplacement, 1 200 tours par minute est le meilleur compromis entre une vitesse d’avancement élevée et un faible régime moteur.
La pression des pneus joue également un rôle important dans la consommation de carburant. Elle doit être adaptée aux conditions pédoclimatiques. Sur route, un pneu sous-gonflé aura une plus grande surface de contact, ce qui augmentera la consommation. Au champ, un pneu surgonflé s’enfoncera plus dans le sol, ce qui augmentera aussi la consommation. Pour avoir toujours la bonne pression, le télégonflage a un coût mais peut s’avérer rentable à long terme, d’autant plus si on travaille régulièrement en conditions humides.
Pour limiter la consommation de son tracteur, il faut le lester à bon escient. Laisser des masses à l’avant si les travaux ne le nécessitent pas entraîne une surconsommation de 5 %. Enfin, un entretien régulier limite la surconsommation.
2 - Choisir le tracteur adapté aux travaux à effectuer, quitte à déléguer
« Les éleveurs sont souvent suréquipés en termes de puissance », constate Didier Debroize. Un tracteur trop puissant par rapport à ce qu’on fait avec aura une mauvaise efficacité énergétique. Pour réduire cette surconsommation, il faut veiller à bien faire correspondre la puissance du tracteur à la taille des outils et aux réels besoins de puissance. « Il peut être plus judicieux de déléguer les quelques travaux qui demandent beaucoup de puissance et d’avoir des tracteurs de puissance moindre mais qui seront utilisés avec une bonne efficacité énergétique », conseille le spécialiste du machinisme.
La bonne adéquation de la puissance aux travaux à effectuer sera un critère de comparaison à intégrer lors de son achat, comme le poids, qui, à puissance équivalente, peut varier notablement entre modèles. Plus un tracteur est lourd, plus il consommera.
3 - Réfléchir à son système fourrager
À production équivalente, l’organisation de son élevage, notamment son système alimentaire, aura des conséquences sur la consommation de GNR. Elle augmente avec la part de maïs dans la ration : 212 l/ha SFP quand le maïs occupe plus de 45 % de la SFP contre 144 l/ha SFP quand le maïs en occupe moins de 30 %, estime la chambre d’agriculture de Bretagne. Les systèmes plus pâturants sont plus économes en carburant, que ce soit pour l’alimentation comme pour la gestion des déjections.
Sans aller jusqu’à un changement de système, il peut être opportun de revoir certaines pratiques, de simplifier certaines tâches pour moins démarrer son tracteur de cour.
4 - Oser le regroupement parcellaire
La consommation de carburant d’une exploitation dépend aussi de l’organisation de son parcellaire. Une parcelle de 10 hectares de maïs ensilage, située à 1,5 km de la stabulation, demandera une consommation annuelle de 1 400 litres de GNR. Si elle est distante de 7 km, cette consommation passera à 1 800 litres.
Regrouper son parcellaire permet de faire des économies de carburant mais aussi de temps. « En ayant toutes ses parcelles proches du siège d’exploitation, il est possible de réduire sa consommation de 21 % grâce à la forte réduction des déplacements routiers », chiffre Didier Debroize.
S’il est le plus intéressant, le regroupement parcellaire est aussi la mesure qui demande le plus de temps et d’acceptation locale pour arriver à concrétiser des échanges de terre.