Conduite de la reproduction : la synchronisation des chaleurs libère du suivi de l’insémination
La synchronisation de chaleurs est une solution pour ne pas avoir à surveiller les chaleurs et en même temps à avoir une période de reproduction très précisément déterminée dans le temps. Les protocoles qui ont évolué depuis trois ans donnent de bons résultats.
La synchronisation de chaleurs est une solution pour ne pas avoir à surveiller les chaleurs et en même temps à avoir une période de reproduction très précisément déterminée dans le temps. Les protocoles qui ont évolué depuis trois ans donnent de bons résultats.
En 2021, une évolution majeure des protocoles de synchronisation des chaleurs des bovins a été engagée suite aux modifications d’usage de la PMSG. Cette hormone est désormais très largement réservée aux petits ruminants en lien avec l’évolution « éthique » de son mode de production qui a amené à beaucoup réduire les volumes mis en marché.
« Nous avons pu en amont de ces changements élaborer et tester de nouveaux protocoles pour les bovins, et les résultats sont très bons », présentent Olivier Marsault, responsable réseau inséminateur au sein du groupe Connexyon (Cecna et Elva Novia), et Agathe Decherf, directrice recherche et développement à Elexinn. Ces nouveaux protocoles font intervenir des dispositifs intravaginaux qui relarguent de la progestérone pendant un temps défini et des injections de GnRH et de prostaglandines pour « rythmer » le cycle.
Une qualité d’ovulation équivalente aux chaleurs naturelles
Quand la synchronisation de chaleurs est réalisée par des techniciens de coopératives, elle est encadrée par un PSE sous la tutelle d’un vétérinaire responsable, avec des produits autorisés seulement dans un but zootechnique. La synchronisation demeure un acte médical, qui nécessite une prescription de médicaments par un vétérinaire, leur délivrance par un ayant droit et leur administration aux animaux par une personne autorisée. Les inséminateurs de chaque secteur sont formés aux bonnes pratiques pour cette technique.
« Pour les vaches et génisses allaitantes, notre protocole est identique dans tous les élevages. Le technicien intervient trois fois sur un intervalle de sept jours, puis revient pour l’insémination 72 heures après », expliquent-ils. Ceci permet de rationaliser le nombre de passages du technicien tout autant que la mobilisation de l’éleveur pour organiser le chantier. Le coût avoisine 25 euros par femelle.
« Dans notre secteur, le protocole est adapté en fonction de la parité et de la race des animaux synchronisés selon des protocoles prédéterminés, et le technicien passe trois ou quatre fois », explique pour sa part Olivier Sourbé, vétérinaire du groupe coopératif Altitude.
Le protocole induit les chaleurs et l’ovulation pour des femelles cyclées, quel que soit leur stade, et non cyclées. Les chaleurs se manifestent pour toutes au même moment – dans une fenêtre de 12 à 24 heures. Un seul cycle est induit. « La qualité de l’ovulation est équivalente à celle suivant des chaleurs naturelles. Avec ce protocole, il y a beaucoup moins de risques d’avoir des jumeaux qu’avec l’ancien. Il fait ovuler le follicule qui est prêt, et n’en recrute pas de nouveaux », précise Agathe Decherf. Les hormones utilisées sont naturelles ou de synthèse, mais de même nature que celles que la vache sécrète naturellement.
La synchronisation ne résout pas un problème de non-expression des chaleurs. Cependant, si les chaleurs sont discrètes, le protocole permet de s’affranchir de la surveillance des femelles en question puisqu’on sait sur quelle période on peut s’attendre à des chaleurs.
Une préparation des femelles comme pour l’IA
Les conseils de préparation des femelles sont les mêmes que pour l’insémination artificielle (IA) sur les chaleurs naturelles. Les vaches ont avantage à être ni trop ni pas assez en état, avec un nombre de jours suffisants entre vêlage et IA qui est propre à chaque troupeau (en fonction de la génétique et du type de conduite). Il est conseillé de ne pas mettre les animaux à l’herbe juste après l’IA pour ne pas augmenter le risque de mortalité embryonnaire.
« L’effet groupage fait qu’un défaut de préparation ou bien un événement sanitaire comme le passage d’un virus va impacter davantage de vaches », prévient Olivier Sourbé. « Le groupage a aussi un effet loupe sur les résultats de reproduction. Toutes les vaches partent sur la même ligne de départ, ce qui fait que les différences entre elles sautent aux yeux. Les performances auraient été les mêmes avec un taureau, mais on ne les aurait pas jugées de la même manière », reprend-il.
Rattraper un lot, inséminer au pré, ou séquencer la reproduction
La synchronisation des chaleurs permet de rattraper un lot de quelques vaches diagnostiquées vides après échographie ou revues en chaleurs. « Elle est aussi une solution pour pouvoir utiliser l’IA quand les vaches sont attachées en bâtiment, ou pendant la période de pâturage, explique Olivier Sourbé, vétérinaire du groupe coopératif Altitude. Par exemple, en octobre, un lot entier est inséminé au pré le même jour dans un couloir avec cage de contention. »
La synchronisation facilite aussi la vie pour inséminer un lot logé dans un bâtiment éloigné, dont la surveillance peut se trouver moins assidue. Elle est d’ailleurs fréquemment mise en œuvre sur les génisses qui sont moins faciles à observer, car elles extériorisent moins de signes de chaleurs et elles sont souvent logées à distance des principaux lots de reproductrices.
Le recours à la synchronisation est dans d’autres cas motivé en première intention par la rationalisation du travail. Dans cet objectif, les éleveurs l’utilisent tous les ans sur un effectif important pour travailler en chantiers. Cette technique permet d’être sûr d’être libéré de la surveillance des chaleurs et de l’organisation des IA, à une date bien définie, pour faire la mise à l’herbe par exemple ou bien pour se consacrer à d’autres travaux.