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Francis Coste, éleveur de limousines en Corrèze : vers l’osmose homme, animal, végétal

En agriculture biologique depuis 2017, Francis Coste, installé en Corrèze, optimise ses limousines et son potentiel fourrager sur fond de réchauffement climatique et de refroidissement économique.

Dans cette exploitation de taille moyenne du bassin de Brive, à Sainte-Féréole en Corrèze, Francis Coste a pris le virage de l’agriculture et de l’élevage biologique depuis cinq ans en menant une réflexion approfondie sur les leviers d’adaptation de son système aux enjeux climatiques et économiques.

 

Sa philosophie côté animal est que ce dernier « mène sa life » selon son expression. Sa vision bio de la conduite de son troupeau est que pour un problème détecté, il s’interroge et agit pour voir comment ne plus l’avoir. Il ne déparasite plus les bovins en jouant sur les cycles de pâtures et la destination des prairies qui portent les mêmes catégories d’animaux. Il n’y a pas d’intervention sur les vêlages et notamment sur les génisses, l’éleveur estimant que la limousine doit vêler toute seule.

Il accepte donc une productivité limitée de son troupeau avec par exemple 7 % de mortalité en moyenne. L’échec au vêlage est un choix assumé du système de sélection. Par contre il consacre beaucoup de temps à l’observation de ses animaux : le poil, les quantités ingérées, les refus… et réagit tout de suite en conséquence. « Si l’animal est bien, il exprimera tout son potentiel. »

La génétique, levier d’adaptation

Dans ce contexte, la génétique tient une place importante. « Pour mon troupeau, la génétique est un levier de progression et d’adaptation incontournable, confie Francis Coste. C’est pourquoi je suis accompagné par un conseiller Bovins croissance, un œil extérieur qui suit l’adaptation de mon troupeau aux contraintes de mon exploitation. Nous travaillons beaucoup sur les croissances à l’herbe au printemps. J’insémine tout ce qui peut l’être et réalise chaque année un plan d’accouplement avec Crealim.

Cerise sur le gâteau, j’ai eu un taureau pris à l’IA sur gène culard. Mustela MH : un très bon potentiel de croissance et une morphologie viande d’exception, idéale pour la production de veaux de lait et veaux rosés. » Les taureaux de monte sont « fabriqués maison » à partir d’accouplements raisonnés. L’éleveur garde les meilleurs produits sans introduction extérieure pour le plus génétique, économique et sanitaire.

Le relationnel homme animal est très travaillé. L’élevage suit le protocole de tests des animaux en situation de contention (docilité à la bascule) et au comportement envers l’homme au moment du pointage du contrôle de croissance. De plus, l’éleveur effectue un dressage au moment du sevrage en assurant des sessions d’immobilisation au cornadis autobloquant des génisses mais surtout en pratiquant régulièrement brossage et « causerie », selon son expression, sur tous ses animaux.

Protéines et haies

Le végétal est le second axe de travail. La pratique de mise à l’herbe précoce et du pâturage tournant pour optimiser l’herbe tant en pâtures qu’en stocks de printemps est LA priorité. « C’est l’observation des parcelles qui me guide : les hauteurs d’herbe, la résistance au piétinement, la structure du sol et la météo, sont des indicateurs d’adaptation permanents. D’autant plus qu’avec le dérèglement climatique, aucune année ne se ressemble et nous perdons nos repères. L’implantation de luzerne et de féverole est un levier pour gagner en autonomie protéique. La réimplantation de méteil dans les prairies amène également plus de volume en ensilage et enrubannage. Je mise vraiment sur l’herbe et le lait pour faire mes croissances », explique Francis Coste.

 

Ainsi, l’autonomie fourragère est atteinte quasi à 100 %, mais toujours sur le fil du rasoir. C’est une piste à creuser pour maintenir et améliorer le système fourrager avec un objectif : constituer tous les stocks au 30 juin. Les 6 hectares de cultures ne permettent pas l’autonomie en paille (20 tonnes produites sont réservées à l’alimentation) et près de 70 tonnes sont régulièrement achetées pour la litière.

Si la culture de maïs apparaît dans l’assolement (3 ha), elle est appelée à disparaître du fait des trop gros aléas de rendement sans irrigation et surtout qu’éloignées du corps de l’exploitation, elle sert aujourd’hui à nourrir les… sangliers ! Avec le climat, les dégâts causés par la faune sauvage sont un sujet récurrent d’inquiétude. Il est constaté une augmentation des cervidés qui, en plus des prélèvements alimentaires, font peser des menaces sanitaires. « Il faut regarder cette problématique en face, voir comment les chasseurs, les éleveurs et les défenseurs de la nature peuvent réguler efficacement ces populations et avoir des actions pour concilier faune sauvage et élevage », estime Francis.

Un autre point fort est l’implantation de haies en linéaire pour amener de l’ombre au niveau des pâtures et couper le vent l’hiver. La chute de certains chênes « séculaires » - selon l’expression consacrée - consécutive à leur fragilisation lors des derniers épisodes de canicule a conduit à une réflexion plus poussée sur leur intérêt pour le bien-être animal, pour la rétention d’eau au niveau des parcelles et la résilience des sols (reconquête de sols sains avec vers de terre…). L’agroforesterie avec pâturage des arbres ou sous couvert d’arbres est un sujet qui reste à creuser.

L’autonomie fourragère à creuser

Formation continue, indispensable pour l’homme !

Francis Coste est devenu depuis le premier confinement un adepte des formations en ligne.

La vulgarisation des pratiques « par-dessus la haie » a fait son temps, d’autant plus que les haies ont disparu ! Aujourd’hui Francis Coste estime que face aux changements incessants auquel est confronté le monde agricole, la formation continue est indispensable. Aussi est-il devenu – depuis le premier confinement - adepte des formations en ligne qu’elles soient collectives ou individuelles, de cours à la carte sur les sujets agronomiques et d’élevage. Il consulte notamment beaucoup la plateforme Ver de terre production, spécialisée en agroécologie et s’est inspiré des tutos You Tube sur l’implantation pratique des haies quand il a fallu concrètement les mettre en place.

Au moindre questionnement technique ou autre, Francis Coste consulte sa tablette et cherche les réponses. Depuis 2015, le Vivea propose des formations mixtes présentiel-distanciel, une façon pour les éleveurs allaitants – peu consommateurs de Vivea – de moins avoir à se déplacer et à se former efficacement, au moment où ils sont disponibles, sur des sujets techniques sans cesse réactualisés par des spécialistes.

Des veaux rosés bio avec un peu d’aliment acheté

Francis Coste, éleveur de limousines en Corrèze : vers l’osmose homme, animal, végétal

Les veaux rosés bio doivent être âgés de moins de 8 mois, d’un poids de carcasse autour de 180 kg, de couleur et état 3.
Après une phase au pâturage de 2 à 6 mois selon leurs périodes de naissance, les veaux choisis pour la finition se retrouvent conduits en bâtiment.
Ils sont complémentés de méteil et foin de seconde coupe. Les vaches en finition ayant le même régime de base. « C’est un peu tendu mais ça passe avec l’achat d’un peu d’aliment. L’autonomie à ce niveau est donc une piste prioritaire », confie Francis.

Et si le prix du bio passe en dessous du conventionnel ? « Depuis ma reconversion, l’évolution du prix en bio a le profil d’un encéphalogramme plat, mais pas les charges ! En cas de chute du différentiel de prix significative, je garderais toutes mes pratiques bio et serais malheureusement contraint de vendre en conventionnel pour assurer le revenu », affirme Francis Coste. Une façon éthique de repousser la fin du monde et de garantir la fin du mois !

CHIFFRES CLES

73 ha dont 6 de grandes cultures (5 ha de méteil et 1 ha d’épeautre en bio), 68 ha de SFP dont 3 de maïs et 65 d’herbe dont 85 % de prairies permanentes

65 mères limousines inscrites HBL

390 mètres d’altitude

981 mm de pluviométrie en 2021

1,25 UGB/ha SFP

1,1 UMO dont 0,1 salariée

Avis d’expert

"Valorisation maximale de l’herbe"

 

Romain Aygalenc, conseiller Bovins croissance Corrèze

 

"Francis Coste adapte son système dans le but de valoriser au mieux l’herbe pour diminuer au maximum les coûts d’alimentation. En effet, il procède à une mise à l’herbe précoce des troupeaux dès que la somme des températures atteint les 300° si le temps le permet. Ainsi conduits, sans aliment, les veaux et les vaches pâturent l’herbe la plus riche et obtiennent des GMQ de 1 100 grammes sur les mâles et 1 000 grammes sur les femelles. Cela a un intérêt économique et technique puisqu’il oriente sa sélection sur des animaux de type mixte-viande rustiques, capables d’exprimer leur potentiel génétique même dans un système d’alimentation simple."

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