Fourrages : ces plantes toxiques pour les bovins qui méritent votre attention
Depuis quelques années, le pâturage des couverts d’interculture et les conditions climatiques séchantes exposent davantage les bovins à des plantes non issues de la surface fourragère traditionnelle. Certaines sont toxiques pour eux.
Depuis quelques années, le pâturage des couverts d’interculture et les conditions climatiques séchantes exposent davantage les bovins à des plantes non issues de la surface fourragère traditionnelle. Certaines sont toxiques pour eux.
Dans le cadre du programme Inter-agit + sur le pâturage des intercultures, un travail de synthèse a été réalisé sur l’état des connaissances en 2022 sur la toxicité des plantes pour les bovins et les ovins. « Depuis quelques années, la pratique du pâturage de couverts amène les troupeaux bovins et ovins à rencontrer des espèces de plantes qui ne sont pas présentes dans les prairies, et dont certaines présentent des risques de toxicité », soulève Camille Ducourtieux, chargée de mission à la chambre d’agriculture de Dordogne. Aussi, les sécheresses, en dégradant les prairies, laissent de la place pour le développement de certaines adventices qui peuvent, comme les morelles noires et le datura, être toxiques pour les animaux.
« Certaines plantes toxiques sont bien connues, et d’autres moins », observe Camille Ducourtieux. Le programme Inter-agit + a livré une grille qui recense les données bibliographiques sur la toxicité d’une trentaine de plantes. Une échelle du niveau de toxicité y figure en fonction des parties de la plante (tiges, feuilles, fleurs, grains ou fruits). La grille renseigne également la dose du seuil de toxicité, que la plante soit consommée sur pied ou coupée, ainsi qu’un abrégé des symptômes provoqués. Y figurent des espèces semées dans un objectif d’engrais vert ou de pièges à nitrates pouvant être occasionnellement consommées par des bovins ou ovins, des espèces pâturées sur des intercultures avec adventices et plantes invasives, ainsi que des espèces présentes en bordure de parcelles.
La toxicité du sorgho pâturé encore à creuser
« La toxicité du sorgho au pâturage est bien connue et les éleveurs savent la gérer. Mais la connaissance de cette céréale mérite d’être affinée et mieux documentée. Elle varie en effet très probablement selon le niveau de stress des plantes », note Camille Ducourtieux. La ferme expérimentale des Bordes, dans l’Indre, qui travaille en ce moment sur le pâturage de sorghos fourragers multicoupes, étudie d’ailleurs aussi cet aspect. Des prélèvements à différents stades ont été réalisés pour évaluer cette toxicité et essayer de déterminer plus finement le stade auquel le pâturage ne présente pas de risque.
« On manque de références sur la vesce velue dont seuls les grains ont été très rarement source d’intoxication (troubles digestifs, diarrhée, constipation et nerveux) », ajoute l’experte.
Le datura hyper-toxique gagne du terrain
Du côté des espèces non semées, elles sont très nombreuses à représenter un risque de toxicité. La plus préoccupante actuellement est le datura car il est extrêmement dangereux et retrouvé de plus en plus fréquemment dans les prairies de l’Hexagone (voir article suivant).
Les bovins trient moins en pâturant que les petits ruminants et ont davantage de risque d’ingérer des plantes toxiques quelles qu’elles soient. Le niveau de pression de pâturage exercé joue aussi sur le risque d’intoxication. Pour certaines plantes, de très petites quantités suffisent à provoquer des symptômes. Les cas d’intoxication sont cependant rares et passent parfois inaperçus. En cas de problème ou d’ingestion avérée, il est conseillé de contacter son vétérinaire.
L’ambroisie à feuilles d’armoise, toxique pour l’homme mais sans danger pour les animaux
L’ambroisie à feuilles d’armoise est un allergène bien connu et redoutable pour l’homme, mais cette plante n’a pour l’instant pas donné lieu a des cas documentés de réactions chez les bovins en France. La bibliographie fait remonter quelques cas aux États-Unis de réactions dans la gueule de bovins. « Nous sommes en train de faire un essai sur le pâturage de l’ambroisie, dévoile Camille Ducourtieux de la chambre d’agriculture de Dordogne. Elle a une valeur alimentaire vraiment intéressante : 15 % de matière azotée totale en vert sur trois échantillons. » Sa valorisation en pâturage ou en foin pourrait participer aux moyens de lutte agronomiques pour la freiner, dans les systèmes où elle n’est pas encore trop installée.