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Et si vous cultiviez des betteraves fourragères ?

La betterave fourragère produit beaucoup d'unités fourragères (UF) par hectare, récupère très bien après un épisode de sécheresse, et elle est entièrement mécanisable. Autant de bonnes raisons pour ne plus bouder cette culture.

Les betteraves sont très appétentes et apportent au moins 1,15 UFL/kg de matière sèche.
Les betteraves sont très appétentes et apportent au moins 1,15 UFL/kg de matière sèche.
© S. Bourgeois

Les betteraves fourragères fournissent un rendement important. Le rendement de la betterave fourragère reste important même en année sèche car elle valorise très bien l'arrière-saison. Les essais variétaux menés par l'ADBFM (association de défense de la betterave fourragère monogerme) chaque année permettent de comparer les variétés des semenciers français sur le rendement et la teneur en matière sèche en suivant un protocole commun.

La date de semis des betteraves fourragères s’étage entre fin mars et mi-avril. Les semis précoces assurent un meilleur rendement, mais le sol doit être bien ressuyé et le risque de gel écarté.  Certains éleveurs sèment d’abord en pépinière puis repiquent en mai au champ. Le catalogue des variétés présente une gamme importante de variétés de betteraves fourragères que l’on différentie selon le taux de matière sèche. Il varie 12 à 18 %.  Les variétés sont classées en trois catégories selon leur taux de matières sèche et leur niveau d’enterrement : les fourragères, les fourragères sucrières et les sucrières fourragères. Pour l’élevage de bovins viande, les fourragères sucrières et les sucrières fourragères présentent un bon compromis entre rendement et valeur alimentaire.

La performance énergétique des betteraves fourragères est convaincante. Le rendement s'établit entre 90 et 120 tonnes de racines par hectare, soit entre 15 et 20 tMS/ha. Dans le cadre des essais variétés de l'Association pour le développement de la betterave fourragère monogerme (ADBFM), la moyenne s'est établie en 2014 à 18 000 UFL produits par hectare, et peut monter jusqu'à 22 000 UFL produits par hectare. « D'après les tables Inra, la betterave fourragère apporte 1,15 UFL/kgMS, mais cette valeur doit être plutôt retenue comme un minimum. Au vu de résultats d'analyses, on est souvent largement au-dessus de cette valeur », précise Julien Greffier de l'ADBFM. « D'autre part, la betterave fourragère a un très grand pouvoir de récupération après une période sèche, elle valorise très bien l'arrière saison. »

Le désherbage n'est pas plus compliqué que pour d'autres cultures

Sur le plan technique, les points réputés faibles de cette culture méritent d'être reconsidérés, selon l'ADBFM. Le désherbage est le point le plus délicat de l’itinéraire technique. La couverture du sol est en effet assez lente pendant la phase d’installation des betteraves fourragères. Un travail du sol de qualité doit précéder le semis, et la lutte chimique se fait à partir de matières actives peu nombreuses sur le marché. « Le désherbage n'est pas plus compliqué que pour d'autres cultures, si on respecte scrupuleusement le délai de sept à dix jours entre les deux à trois traitements à réaliser, ainsi que la dose à appliquer », estime Julien Greffier. En agriculture biologique, de nombreuses techniques sont possible (binage, brûlage, parfois broyage au-dessus du collet...). Depuis trois à quatre ans, plusieurs nouvelles variétés sont disponibles. On disposait déjà de variétés résistantes à la rhizomanie. Désormais sont aussi proposées des variétés résistantes au rhizoctone brun. Selon les années, un fongicide est à appliquer début août. Le traitement contre les maladies du feuillage durant l'été n'est en effet pas systématique, mais il faut savoir y recourir dans certains cas. « Si les feuilles ne peuvent plus réaliser correctement l'activité photosynthétique, la racine ne se développe pas correctement. En 2014 notamment, étant donné les conditions humides, il fallait intervenir. » L'idéal pour prévenir les maladies du feuillage est de ne pas resemer des betteraves dans une même parcelle avant quatre à cinq ans.

De nombreuses solutions de mécanisation, du semis à la distribution

La mécanisation de la récolte et surtout de la distribution aux bovins a longtemps été un frein à la culture de la betterave fourragère en élevage. Différentes solutions sont désormais présentes sur le marché avec une grande diversité de matériel adapté à la distribution des betteraves fourragères, qu’il soit spécifique ou non, pour un usage en groupe ou en individuel.

La mécanisation de cette culture a bien évolué depuis quelques années. Aujourd'hui, il y a dans les différentes régions d'élevage un certain nombre d'entreprises et de Cuma équipées pour la récolte des betteraves. Sur le site internet de l'ADBFM, figure une carte collaborative qui recense les entreprises ou Cuma proposant des services de prestations de semis, de récolte et de distribution des betteraves fourragères. Des éleveurs achètent aussi parfois en groupe des automotrices d'occasion ayant servi dans les régions sucrières, un matériel qui réalise en un passage toutes les opérations de récolte.

Pour le semis, il est possible d'utiliser un semoir à maïs dont on rapproche les éléments à 45 cm. « Nous déconseillons de semer des betteraves fourragères à 75 cm d'écartement. Ceci favorise le salissement de la parcelle et les betteraves sont trop grosses, ce qui complique la récolte et la distribution. » Le semis se fait à 110 000 à 120 000 graines par hectare, ce qui permet d'obtenir une population d'environ 90 000 plants par hectare.

 

Semer tôt et récolter en conditions ressuyées

Le semis doit se faire sans perdre de temps quand les risques de gel sont écartés, dès que le sol est correctement réchauffé et ressuyé. « Certains attendent le mois de mai pour bénéficier d'un démarrage plus rapide, mais on observe que le retard pris au départ n'est pas rattrapé. Meilleur sera le développement avant l'été, plus la faculté des betteraves de repartir à l'automne sera exploitée. » Mi-avril constitue ainsi en général un bon compromis, sachant que le semis est possible dès le 25 mars en France.

Après six mois minimum de culture, la betterave fourragère atteint sa maturité physiologique. Quand les premières feuilles commencent à se dessécher, la betterave ne se développera plus. « Pour déterminer la date de la récolte, il faut rechercher les meilleures conditions de ressuyage du sol, pour que les betteraves se conservent au mieux avec le moins de terre possible dans le silo. Et pour ceci, savoir parfois patienter quinze jours », précise Julien Greffier.
 

Stockage en tas ou dans un silo sandwich

 

Le stockage sur un sol bétonné favorise la conservation des betteraves. La couverture du tas avec une bâche est conseillée en cas de période de gel - une bâche qu'il faut bien retirer quand les conditions s'améliorent. La conservation peut aussi se faire dans un silo sandwich de maïs ensilage contenant 25 % de betteraves entières ou coupées. Une fermentation anaérobie des betteraves allonge dans ce cas leur conservation à une durée d'un an à un an et demi. Ceci est une pratique courante au Danemark et en Allemagne, mais pas développée en France pour le moment. D'autre part, certains éleveurs font pâturer au fil les betteraves. « Elles ne doivent alors pas être trop enfoncées. Les vaches les arrachent très bien, avant de consommer les feuilles et les racines. Cela permet de disposer dès août d'un fourrage frais très appétent, même si le rendement est alors moindre. » Les betteraves peuvent aussi être pâturées en automne si la portance du sol le permet. Cette technique est très largement mise en oeuvre en Nouvelle-Zélande.

Les betteraves fourragères sont un excellent aliment pour les bovins viande. La betterave fourragère est un fourrage frais consommé l’hiver dont les bovins sont très friands. Elle est très riche en énergie. Quel que soit son type (fourragère pâturable, fourragère sucrière, sucrière fourragère), la betterave fourragère est un aliment riche en eau (12 à 19 % MS), à faible teneur en cellulose et à énergie hautement fermentescible.

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