ESSAI Schäffer 8620 T-2 - « Une chargeuse articulée télescopique sobre et efficace »
Utilisateurs expérimentés de chargeuses articulées, Guillaume Bataille et Pierrick Terrée, agriculteurs dans le Calvados, livrent leur point de vue sur la Schäffer 8620 T-2 à bras télescopique.
L’Allemand Schäffer compte à son catalogue neuf chargeuses articulées à bras télescopique. Délivrant de 25 à 204 ch, ces machines affichent une capacité de levage allant de 1 600 à 5 300 kg et une hauteur de levage comprise entre 3,72 et 6,10 m. Le modèle 8620 T-2 essayé (4 200 kg/5,20 m) loge un moteur quatre cylindres Deutz TCD 3.6 décliné en 102 et 129 ch. Il reçoit une transmission hydrostatique qui le propulse à 20 km/h avec la petite motorisation et à 40 km/h avec la plus puissante. Cette chargeuse bénéficie en standard d’un circuit hydraulique de type Flow Sharing (partage du débit entre les fonctions) alimenté par une pompe à engrenage délivrant 106 l/min (load sensing en option).
L’électronique favorise l’économie de carburant
Pesant sans outil entre 7 050 et 7 950 kg selon son niveau d’équipement, la machine de 129 ch testée dispose d’une simple articulation centrale gérant la direction et d’un essieu arrière oscillant. Elle compte deux plages de vitesse (pas de gamme mécanique) : 0 à 20 km/h et 0 à 40 km/h, la première étant à privilégier pour les travaux de chargement, afin de bénéficier d’une plus grande force de poussée. Cette chargeuse intègre le mode de conduite Eco, qui abaisse automatiquement le régime du moteur de 2 300 à 1 800 tr/min, dès que les conditions l’autorisent, afin d’économiser du carburant et de réduire le niveau sonore. Elle s’étoffe en option du régulateur de vitesse (idéal pour le désilage, le paillage ou le balayage), de la climatisation, de l’inversion hydraulique du ventilateur, du freinage hydraulique ou pneumatique pour remorque, du graissage centralisé et de pneumatiques de 400, 500 ou 600 mm de large.
Les conditions du test
Guillaume Bataille et Pierrick Terrée ont réalisé une dizaine d’heures avec la chargeuse articulée Schäffer 8620 T. Ils l’ont utilisée pour le curage de bâtiments d’élevage, le chargement de fumier au champ et le remplissage de la remorque mélangeuse. Un trajet d’une vingtaine de kilomètres a également permis d’évaluer le comportement sur la route.
Les plus
+ Puissance
+ Stabilité
+ Confort
Les moins
- Position du filtre à air
- Supports des feux de route
- Performances dans les côtes
Au travail « Surpris par la stabilité et la force de poussée »
Étant habitué à travailler avec deux chargeuses à convertisseur de couple, j’ai mis un peu de temps à m’habituer au comportement de l’hydrostatique. Il faut en effet bien doser l’appui sur la pédale d’accélérateur, car la réaction est assez vive, mais à l’usage, on apprécie la précision de cette transmission. Au curage, la Schäffer, qui pousse fort, patine sans baisser en régime. En travaillant à 1 600 tr/min, elle ne peine pas et on sent qu’il y a encore de la ressource. Les mouvements du bras sont vifs, surtout le cavage et le bennage. Lors du premier chargement, je me suis d’ailleurs fait surprendre en bennant et j’ai failli heurter le côté de la remorque. J’ai ensuite appris à manipuler en douceur le joystick, car il n’est pas possible de paramétrer les débits en fonction de l’outil ou du chauffeur. Comme les pneus dépassent sur les côtés, il est possible de passer à proximité des cornadis ou d’un mur sans risquer d’accrocher la cabine. Également, les portes rabattues vers l’arrière restent bien dans le gabarit et ne risquent pas de se trouver abîmées dans les bâtiments.
Au désilage, comme la chargeuse articulée pousse fort, il faut bien doser l’avancement, lorsque la benne multifonction entre dans le silo. Le fait que cette machine dispose d’une simple articulation centrale et d’un essieu arrière oscillant lui procure une bonne stabilité. L’assise assez haute assure une bonne visibilité sur les côtés et le capot moteur plongeant dégage suffisamment la vue vers l’arrière, mais il ne permet pas de visualiser les angles de la masse arrière. Il faut alors prendre l’habitude de regarder dans les rétroviseurs, heureusement efficaces. C’est toutefois regrettable que les supports des feux de route, surplombant les garde-boue avant, cachent la visibilité sur la benne multifonction lorsqu’elle est posée au sol. La manipulation de balles carrées de 120 x 70 cm m’a permis de constater qu’il n’est pas possible de prendre la huitième rangée, chose que j’arrive à faire avec mes chargeuses articulées qui n’affichent pourtant que 25 cm de hauteur de levée supplémentaires.
Sur la route, la chargeuse est particulièrement stable et confortable. La cabine est bien insonorisée et la suspension du bras télescopique est efficace. En revanche, le comportement de la transmission hydrostatique rappelle rapidement que ce n’est pas une machine adaptée pour les longs trajets. Si elle maintient bien le 40 km/h sur le plat, dès que ça grimpe un peu, elle perd vite de la vitesse, passant de 40 à 25 km/h. Une chargeuse est conçue pour travailler dans les cours et il ne faut donc pas s’attendre sur la route aux mêmes performances qu’un tracteur.
La chargeuse dispose de série d’un porte-outil propre à Schäffer équipé du verrouillage hydraulique. Elle accède en option à différentes têtes d’attelage pour accrocher des outils de marques concurrentes, comme Matbro, Manitou ou MX. Pour faciliter le décrochage des flexibles de la troisième fonction, un bouton en cabine annule la pression dans le circuit et déverrouille simultanément l’outil du tablier. Dommage que cet interrupteur ne soit pas dédoublé sur la tête de flèche.
En cabine « Le poste de conduite est rustique mais fonctionnel »
La cabine de l’articulée Schäffer 8620 T est plutôt rustique, mais elle se révèle idéale pour un usage quotidien dans une exploitation d’élevage. Elle dispose de deux portes ouvrant à 180 degrés et d’un toit vitré en partie avant, qui dégage une bonne vue sur l’outil lors des travaux en hauteur. Même si le plancher est haut perché comme sur toutes les chargeuses, l’accès est facile, grâce aux trois marches bien disposées. Sur la carte grise, c’est une machine à une place, mais certains seront tentés de monter à deux à bord, car il y a un petit siège passager, qui convient en présence de deux personnes pas trop corpulentes. Pour mettre le moteur en route, j’ai un peu cherché au début, car il faut appuyer très fort sur la pédale de gauche. Autre particularité, le frein à main se trouve à droite du siège et se présente sous la forme inhabituelle d’une manette à pivoter sur un quart de tour, à l’instar d’une vanne. Côté rangement, la chargeuse est irréprochable, avec un porte-document fermé, deux porte-bouteilles, des bacs de chaque côté de la console centrale et un coffre sous le siège passager.
À bord, pas d’écran couleur tactile. La console centrale supporte le tableau de bord analogique (compte-tours, vitesse, niveaux de GNR et d’AdBlue, compteur d’heures…) et les interrupteurs gérant notamment les phares et les essuie-glaces. Un petit écran monochrome sur le montant droit de la cabine informe sur certains paramètres du moteur et du système de dépollution, mais il s’adresse aux techniciens pour le diagnostic de pannes. La colonne de direction indépendante s’ajuste en inclinaison à l’aide d’une manette sur son flanc gauche. Une pédale serait plus pratique pour relever le volant au moment de quitter le siège.
L’accoudoir solidaire du siège supporte le levier en croix, qui utilise la basse pression pour garantir des mouvements proportionnels à la levée/descente du bras et au bennage/cavage. Je ne suis pas fan de faire passer dans la cabine des tuyaux hydrauliques, même de petit diamètre, car ils ramènent de la chaleur. Je préférerais une commande électrique. Le joystick loge l’unique commande de l’inverseur de marche (interrupteur rouge à trois positions). Le bouton bleu en façade actionne proportionnellement le télescope, et son homologue situé à l’arrière du pommeau pilote la troisième fonction hydraulique. Un bouton gris à l’embase du monolevier permet de désactiver les fonctions du bras. La chargeuse n’est pas équipée de système de blocage des mouvements aggravants, mais un avertisseur lumineux informe le chauffeur du niveau de délestage de l’essieu arrière. Une alarme sonore retentit en cas de risque de perte de stabilité.
Entretien « L’accessibilité au moteur est plutôt bonne »
Le capot moteur dégage bien l’accès pour l’entretien du module de refroidissement et en plus, le condenseur de climatisation pivote pour faciliter l’entretien des radiateurs. Les filtres à huile et à gazole se remplacent depuis le côté gauche. Le filtre à air est haut perché à l’arrière droit du compartiment et il faut une petite échelle ou un escabeau pour le retirer. Le filtre d’habitacle, protégé par un grand carter vissé, est installé devant la cabine au pied du pare-brise. Bien positionnée, la boîte à fusibles et relais prend place en cabine derrière le siège passager. C’est aussi bien vu que les cinq graisseurs les moins accessibles, comme celui du balancier du pont arrière, soient rassemblés sur une banque de graissage au niveau de l’articulation centrale.
Fiche technique
Schäffer 8620 T-2
HOMOLOGATION
Catégorie : Maga
Vitesse maxi : 40 km/h
PTRA (sans/avec remorque freinée) : 11 495/22 995 kg
Capacité de remorquage (sans/avec remorque freinée) : 3 500/15 000 kg
MOTEUR
Type : Deutz 4 cylindres TCD 3.6
Cylindrée : 3 621 cm3
Puissance nominale : 129 ch à 2 300 tr/min
Couple maxi : 480 N.m à 2 300 tr/min
Norme et système antipollution : Stage V/DOC + FAP + SCR
TRANSMISSION
Type : Hydrostatique à 2 gammes
CIRCUIT HYDRAULIQUE
Type : Pompe à engrenage Flow Sharing (load sensing en option)
Débit : 106 l/min (125 ou 145 l/min en option)
CAPACITÉS DE FLÈCHE (avec BMS)
Hauteur de levage (axe de l’outil) : 5,20 m
Charge de basculement en position articulée : 5 430 kg
Charge de basculement en ligne : 6 680 kg
Portée avant maxi : 2,66 m
Charge à la portée maxi : 3 850 kg
DIMENSIONS
Réservoir à carburant/AdBlue : 150 l/20 l
Hauteur hors tout : 2,66 m
Garde au sol : 45 cm
Empattement : 2,535 m
Poids opérationnel : 7 050 à 7 950 kg
Rayon de braquage à l’arête du godet : 4,92 m
Pneumatiques du modèle essayé : BKT 18-22,5 MP590 (carcasse diagonale)
BUDGET
Prix catalogue au 01/03/2024 sans/avec options : 107 000/175 000 € HT