[ESSAI] Merlo TF42.7TT CS 145-CVTronic – « Un télescopique vif et confortable »
Agriculteur utilisant depuis plus de vingt ans un chariot télescopique sur son exploitation laitière, Thierry Chanu, installé près de Vire dans le Calvados, donne son ressenti après une semaine au volant du Merlo Turbofarmer 42.7 testé dans sa version la plus haut de gamme.
Agriculteur utilisant depuis plus de vingt ans un chariot télescopique sur son exploitation laitière, Thierry Chanu, installé près de Vire dans le Calvados, donne son ressenti après une semaine au volant du Merlo Turbofarmer 42.7 testé dans sa version la plus haut de gamme.
Décliné en six versions, le chariot télescopique Turbofarmer 42.7 de Merlo présente une capacité de charge de 4,2 t et lève à une hauteur maximale de 7 m, voire 7,20 m lorsqu’il intègre les mécanismes de correction du dévers et de déport latéral de la flèche qualifiés par le sigle TT. Équipé systématiquement d’un circuit hydraulique load sensing délivrant 150 l/min, cet appareil est uniquement disponible avec un moteur Deutz quatre cylindres 3,6 l Stage V délivrant 143 ch. Il est proposé avec ou sans suspension de cabine (CS) et accède à deux types de transmission hydrostatique. La première est associée à une boîte mécanique Merlo à deux rapports, tandis que la seconde, baptisée CVTronic, assure une variation continue de la vitesse entre 0 et 40 km/h. Toutes options, le modèle essayé bénéficie de la suspension active de la flèche (BSS) se désactivant automatiquement en dessous de 3 km/h. Comme les autres chariots télescopiques agricoles Turbofarmer 42.7, cet engin reçoit des ponts moteurs de type portique fabriqués par Merlo, qui favorisent la garde au sol : 46 cm contre 38 cm pour les ponts à réducteurs épicycloïdaux avec des pneus 400/70 R24. Le freinage est assuré par quatre disques secs positionnés à la sortie des différentiels avant et arrière.
Les conditions du test
Le test s’est déroulé mi-mars durant une période sèche et ensoleillée. Thierry Chanu a réalisé 10 heures avec le chargeur télescopique Merlo, principalement pour remplir des épandeurs de fumier au champ lors d’un chantier de 12 ha. Il l’a aussi utilisé pour charger sa remorque mélangeuse et tracter le plateau à paille.
Les plus
Visibilité
Réactivité du bras
Comportement sur route
Puissance
Les moins
Cabine haut perchée
Feux de route trop bas
Commodo des clignotants et levier d’inverseur
Rangements insuffisants
Au travail « Stable et puissant »
Testé au début au chargement de la mélangeuse, j’ai mis du temps à m’adapter à la transmission hydrostatique, moi qui conduis depuis toujours des télescopiques équipés d’un convertisseur de couple. Le fait qu’il s’arrête dès qu’on lâche la pédale d’accélérateur me perturbe. À force de l’utiliser, je me suis habitué à ce comportement et confirme que c’est un réel avantage pour manœuvrer avec précision. La cabine haute a le mérite de dégager une bonne vue à 360 degrés. Le pot d’échappement est particulièrement imposant, mais sa position n’entrave pas la visibilité arrière droite. Pour changer d’outil, le dispositif Tac-lock de verrouillage automatique est de série. Comme au neutre, il n’y a pas de pression dans les flexibles, c’est facile de les retirer et il n’est pas nécessaire d’appuyer sur un quelconque bouton pour décompresser le circuit. Ceci implique en revanche de disposer d’un clapet hydraulique spécifique sur chaque équipement multifonction, un accessoire à ajouter obligatoirement en cas d’utilisation d’outils d’autres marques sur un télescopique Merlo.
Au chargement de fumier au champ, le Merlo s’est très bien défendu. Avec de grosses fourchées de fumier, comme il est bien équilibré, il reste stable et ne lève pas de l’arrière. Toutefois, dans les parcelles en pente, l’assise haute peut impressionner en donnant un sentiment d’insécurité. Le bon débit hydraulique garantit des mouvements réactifs. Le système de protection contre les surcharges est sensible et le bip d’avertissement a tendance, à mon goût, à retentir trop souvent. Ombre au tableau, l’interface d’attelage de l’outil se charge de fumier qu’il faut retirer à la main. J’ai rencontré le même souci au chargement de l’ensilage de maïs, qui finit par tomber avec les vibrations, salissant du coup les bétons entre le front d’attaque et la mélangeuse.
Sur la route, la cabine et le bras suspendus rendent les déplacements très confortables. L’insonorisation de la cabine est bonne. L’unique rétroviseur à gauche et les deux à droite ne sont pas trop imposants et s’avèrent suffisamment efficaces. Avec le plateau à paille, le télescopique Merlo fait preuve d’une bonne capacité de traction, grimpe bien les côtes et se révèle stable. Mes reproches portent surtout sur l’ergonomie. Le commodo des clignotants, placé à 10 heures par rapport au volant, n’est pas facile à manipuler. C’est dommage que le frein à main engagé n’interdise pas l’avancement, car j’ai oublié de le désactiver à plusieurs reprises. De nuit, j’ai constaté que les phares positionnés trop bas éclairent le godet plutôt que la route, ce qui oblige à circuler avec l’outil relevé.
Le télescopique Turbofarmer essayé intègre le déport droit et gauche du châssis (+/- 150 mm au niveau du pont avant), ainsi que le correcteur de dévers (+/- 8 degrés). Le réglage du déport s’avère pratique lors du rangement de balles, par exemple, afin de déplacer le bras latéralement sans devoir manœuvrer l’engin. Le correcteur de dévers s’utilise lors de travaux de manutention sur les terrains en pente, mais son intérêt en usage agricole reste pour moi limité. Ces fonctionnalités complexifient la partie avant de l’appareil en ajoutant des articulations et trois vérins. Comme j’ai pu l’observer, leur agencement crée des espaces qui se chargent de matières et compliquent le nettoyage.
En cabine – « Une vraie suspension de cabine »
La porte du Turbofarmer se compose de deux éléments vitrés, qui se rabattent entièrement vers l’arrière. Mesurant un mètre de large, la cabine est assez haut perchée. Elle dispose sur le côté gauche d’un retour qui réduit la largeur de l’ouverture au niveau du plancher et ne facilite pas la descente. Comme en pivotant sur le siège pour descendre, mon pied gauche tapait à chaque fois dans cette partie, j’ai pris l’habitude de quitter le poste de conduite en marche arrière, la façon la plus sûre. La suspension hydropneumatique active CS s’adapte au poids du chauffeur. Elle affiche un débattement de 110 mm (-60/+50 mm) et peut être désactivée pour réduire la hauteur hors tout. Le Turbofarmer dispose d’un essuie-glace sur le toit et sur la vitre arrière, mais pas sur le côté droit. Pour gérer celui du pare-brise, la commande n’est pas très intuitive (un appui sur le bouton pour l’intermittence, deux appuis pour le fonctionnement en continu et rester appuyer trois secondes pour l’éteindre). Côté rangement, il y a deux vide-poches en cabine, mais il manque une boîte à outils.
Bien lisible, l’ordinateur de bord situé derrière le volant affiche notamment les niveaux de carburant et d’AdBlue, le régime et la température du moteur, ainsi que la vitesse d’avancement. Monté sur l’accoudoir solidaire du siège, le joystick intègre deux capteurs de présence obligeant à le prendre bien en main pour piloter les fonctions du bras. Une barre de leds vertes s’allume sur son pommeau lorsqu’il est fonctionnel. L’inversion du sens de marche se contrôle au choix avec le levier à gauche du volant ou le bouton sur le joystick. L’inverseur à la main gauche est selon moi trop petit et oblige à lâcher le volant pour l’actionner. Le joystick est pour ma part trop haut, ou bien l’accoudoir trop bas, car je n’ai pas trouvé de position confortable, étant notamment contraint de lever à chaque fois l’avant-bras pour atteindre le bouton d’inversion du sens de marche situé sur la face arrière. L’autoradio, placé dans l’angle arrière droit sous le pavillon, n’est quant à lui pas facile à régler en roulant.
Placé à droite du tableau de bord, le terminal de 10,1 pouces sert à régler les débits pour chaque mouvement du bras et permet de programmer six profils d’utilisateurs. Il s’accompagne d’un système de pesée (1 000 lignes mémorisables) et peut afficher l’image d’une caméra de recul optionnelle. Cet écran intègre le dispositif ASCS (Adaptative Stability Control System) assurant la stabilité du télescopique en bloquant les mouvements aggravants. Il représente l’abaque de charge propre à l’outil attelé et colorie en rouge les zones dangereuses en fonction du délestage de l’essieu arrière, de la position du bras, de l’extension du télescope et de la charge réelle mesurée par le système de pesée. Le chauffeur connaît ainsi les limites du Turbofarmer pour le travail donné et peut alors adapter sa conduite, afin de maintenir les mouvements dans la partie verte et de travailler sans risque de blocage de certaines actions du bras. La fonction ASCS donne aussi la possibilité de définir une zone virtuelle limitant, par exemple, la hauteur de levage sous les hangars.
Entretien – « Tous les filtres sont bien accessibles »
Le compartiment moteur est bien rempli avec le moteur longitudinal associé au module hydrostatique de la transmission CVTronic et aux pompes hydrauliques de service. Les niveaux de liquide de refroidissement et d’huile de transmission sont bien visibles. La jauge à huile moteur est accessible, comme les filtres à gazole, à huile et à air. L’alternateur et le compresseur de climatisation s’atteignent facilement. En revanche, pour démonter le démarreur et d’autres composants cachés derrière le moteur, il faut retirer des trappes boulonnées sous le compartiment ou dans le tunnel accueillant le bras télescopique. Positionnés à plat, les différents radiateurs et l’intercooler air/air reçoivent en partie supérieure un tamis amovible maintenu par des petites vis papillon, qui limite le colmatage. Lors des travaux en conditions poussiéreuses et pour éjecter les menues pailles se collant sur la grille supérieure du capot, le chauffeur engage manuellement (pas de mode automatique) l’inversion du sens de rotation du ventilateur animé hydrauliquement. Par ailleurs, le filtre d’habitacle se dépose sans difficulté depuis l’intérieur de la cabine. La batterie placée à l’avant du châssis est particulièrement accessible.
Fiche technique Merlo TF42.7TT CS-145-CVTRONIC
HOMOLOGATION
Vitesse maxi : 40 km/h
Poids à vide : 8 200 kg
PTRA : 28 650 kg
MOTEUR
Marque : Deutz 4 cylindres
Cylindrée : 3 600 cm3
Puissance : 143 ch
Couple maxi : 550 N. m à 1 600 tr/min
Norme et système antipollution : Stage V/DOC + FAP + SCR
Intervalle d’entretien : 500 heures
TRANSMISSION
Type : Hydrostatique à double moteur
CIRCUIT HYDRAULIQUE
Type : Load sensing
Débit : 150 l/min
CAPACITÉS DE FLÈCHE
Hauteur de levage (point de pivot) : 7,2 m
Capacité maxi : 4 200 kg
Portée avant maxi : 3,8 m
Charge à la portée maxi : 1 750 kg
DIMENSIONS
Capacité du réservoir à carburant/AdBlue : 140/18 l
Hauteur hors tout : 2,53 m
Garde au sol : 46 cm
Empattement : 2,81 m
Rayon de braquage extérieur aux roues : 3,99 m
Monte pneumatique du modèle essayé : 460/70 R24