[ESSAI] - Chargeuse articulée Claas Torion 738 T Sinus - « Elle se défend très bien malgré sa faible puissance moteur »
Disposant de deux chargeuses articulées sur leur exploitation laitière bio, Guillaume et Joseph-François Lemesle, associés du Gaec de la Branchette à Argentré-du-Plessis, en Ille-et-Vilaine, donnent leur ressenti après une semaine d’essai de la Claas Torion 738 T Sinus à bras télescopique.
Disposant de deux chargeuses articulées sur leur exploitation laitière bio, Guillaume et Joseph-François Lemesle, associés du Gaec de la Branchette à Argentré-du-Plessis, en Ille-et-Vilaine, donnent leur ressenti après une semaine d’essai de la Claas Torion 738 T Sinus à bras télescopique.
La chargeuse Torion 738 T Sinus, fabriquée par Liebherr, est la seule de la gamme Claas à disposer d’un bras télescopique. Cette machine, animée par un moteur quatre cylindres Yanmar Stage V de 73 ch, lève à 4,96 m à l’axe du godet et affiche une charge de basculement de 3 800 kg en position articulée (4 300 kg sans braquage). Elle se caractérise par son châssis associant une articulation centrale à un essieu arrière directeur. Le fonctionnement de cette combinaison est transparent pour le chauffeur, car le procédé est entièrement mécanique. Deux grosses bielles relient en effet les pivots des roues de l’essieu arrière à l’articulation centrale. Cette architecture améliore la maniabilité en limitant le rayon de braquage à 4,22 m à l’arête du godet. Elle procure également davantage de stabilité, car l’angle d’articulation reste contenu à 30 degrés. La Torion 738 T Sinus, pourvue de quatre roues motrices permanentes, reçoit une transmission hydrostatique à deux gammes : 0-18 km/h et 0-40 km/h. Elle est équipée d’un pont avant à blocage de différentiel actionné électrohydrauliquement. Son circuit hydraulique intègre de base une pompe à engrenage délivrant 93 l/min. Il accueille en option une pompe à pistons à pilotage Load Sensing, dont le débit s’élève à 121 l/min. Cette chargeuse profite également du système optionnel d’assistance à la conduite Smart Loading, proposant différents automatismes, tels que le retour du godet à une position mémorisée, la limitation des hauteurs de levage et d’abaissement, ainsi que l’affichage de la position du bras et du tablier sur le terminal en cabine.
Les conditions du test
Le Gaec de la Branchette compte cinq associés et trois salariés. En conduite bio depuis vingt ans, il assure différentes activités, dont la production de lait avec ses 180 vaches laitières et la fabrication de pain au levain. La chargeuse Claas a été utilisée dans cet élevage pour le chargement de copeaux de bois à destination de la coopérative de déshydratation, le curage d’une stabulation, la vidange d’une fumière couverte, le remplissage au champ d’épandeurs à fumier et le tassage d’un silo d’herbe.
Les plus
+ Stabilité
+ Visibilité vers l’avant
+ Accessibilité moteur
Les moins
- Pas de dépressurisation hydraulique
- Manque de visibilité latérale arrière
- Hauteur d’accès en cabine
Au travail « Elle pousse fort pour une machine de 73 ch »
Le test à la confection du tas d’ensilage est plutôt probant, même si ce n’est pas la vocation première de cette chargeuse articulée. Vu son gabarit, elle pousse assez fort. La combinaison moteur et transmission semble être bien gérée, car la machine donne l’impression d’être plus puissante que les 73 ch annoncés. Elle fait aussi preuve d’une bonne stabilité sur le silo. Ses pneus de 400 mm de large ne sont pourtant pas à son avantage, car elle a vite tendance à patiner, par rapport à notre chargeuse chaussée plus large. En revanche, grâce à ses roues plus étroites et son poids de 7 tonnes, la Torion tasse davantage.
Lors du curage de nos bâtiments, la hauteur de la chargeuse Torion, frôlant les 2,80 m, ne s’est pas avérée handicapante. La visibilité manque clairement sur les côtés à l’arrière. C’est vraiment gênant, car nous ne savons pas exactement où se trouve le pare-chocs par rapport aux murs ou aux barrières. Sinon, comme la machine arrache bien, nous pensons qu’elle aurait pu être équipée d’une benne multifonction plus grosse. La première gamme de la transmission (0 à 18 km/h) permet de manœuvrer avec précision. Le moteur se révèle pour sa part plutôt économique avec une consommation moyenne affichée de 4,5 l/h.
La reprise de fumier au champ, sur un terrain sec, s’est déroulée sans difficulté. Le système de direction alliant articulation centrale et roues arrière directrices se ressent positivement sur le plan de la stabilité en position braquée. Le bras télescopique levant à près de 5 m de haut permet de charger aisément l’épandeur à fumier. Le grand pare-brise et la position haute de conduite sont appréciables, car ils dégagent bien la vue sur la benne multifonction. Les mouvements hydrauliques sont vifs, même à faible régime moteur, alors que la machine essayée ne dispose que du circuit délivrant 93 l/min. Il est par ailleurs intéressant de pouvoir rejoindre les chantiers à une allure de 40 km/h.
Le nez de flèche adopte une cinématique en Z offrant un angle de rotation de 172 degrés. Cette conception fait appel à une bielle qui, à une certaine position lors du bennage, peut entraîner le basculement incontrôlé de l’outil. Mieux vaut donc être attentif, afin de ne pas percuter inopinément les côtés de la remorque ou de l’épandeur. Le porte-outil, de type TPZ, présente l’avantage d’intégrer de série le verrouillage hydraulique des équipements. En revanche, la chargeuse manque clairement d’un système de décompression hydraulique, car il est obligatoire de couper le moteur et d’actionner le joystick, pour pouvoir raccorder les flexibles de la benne multifonction.
En cabine « Le poste de conduite est confortable mais haut perché »
Appréciée pour la visibilité qu’elle dégage vers l’avant, la cabine profite d’un grand pare-brise bombé et monobloc, ainsi que d’un toit vitré. Elle est à notre goût un peu trop haut perchée et heureusement que les marches sont profondes et bien positionnées pour y accéder. La bonne position de conduite se trouve rapidement grâce au volant réglable en hauteur et en inclinaison. Le siège à suspension pneumatique et le montage de la cabine sur silentblocs contribuent nettement au confort. L’insonorisation est particulièrement efficace, car, porte fermée, le moteur reste particulièrement discret. Les petits rangements ouverts sont nombreux et un grand bac fermé se trouve à gauche du chauffeur. Il manque en revanche un siège passager.
Pas de tableau de bord sur la chargeuse Torion, mais un terminal tactile de 9 pouces qui s’avère un peu long à démarrer. Cet écran couleur centralise tous les paramètres de la machine, à l’instar de la vitesse d’avancement, du niveau de GNR, de la température et du régime moteur. Il affiche également, via un bargraphe, les informations relatives au niveau de charge et avertit le chauffeur en cas de risque de perte de stabilité. Le dispositif de protection contre les mouvements aggravants réagit de manière dynamique, afin de s’extirper en souplesse de la situation critique. En pratique, dès que la machine arrive en limite de charge, l’automatisme réduit la vitesse des mouvements pour éviter toute manœuvre dangereuse.
Le levier en croix, solidaire du siège, s’accompagne d’un accoudoir réglable à l’aide de deux manettes. Il reçoit à l’avant l’interrupteur gérant le sens d’avancement et la position neutre de la transmission. Son pommeau reçoit en partie supérieure un gros bouton à mouvement en croix actionnant, à l’aide du pouce, le télescopage du bras et la troisième fonction. Il héberge également deux autres interrupteurs permettant de bloquer le différentiel avant et d’actionner le système de verrouillage/déverrouillage de l’équipement sur le porte-outil, voire le pompage continu pour alimenter une pailleuse, par exemple. Comme il n’y a pas de détrompeur sur les raccords des flexibles alimentant la griffe de la benne multifonction, c’est appréciable de pouvoir changer rapidement l’affectation des boutons du joystick sur le terminal tactile. Ceci évite de redescendre pour inverser le branchement.
Entretien – « Les filtres et radiateurs sont parfaitement accessibles »
L’accessibilité pour l’entretien est un des points forts de la Claas Torion 738 T Sinus, car tout se trouve à hauteur d’homme. L’ouverture du capot arrière, assistée par deux vérins oléopneumatiques, découvre les filtres à air, à gazole et à huile. En un clin d’œil, les niveaux de liquide de refroidissement et de lave-glaces sont contrôlés. L’ensemble catalyseur d’oxydation diesel et filtre à particules du système de dépollution intègre le compartiment moteur, mais il ne gêne en rien pour la maintenance. Les radiateurs moteur et à huile, de grande taille et juxtaposés du côté droit, se nettoient facilement depuis le sol. Même le filtre à pollen du circuit de ventilation de l’habitacle se dépose sans difficulté, car il prend place au pied de la cabine du côté droit, derrière une trappe maintenue par deux vis papillons. Pour faciliter encore l’entretien, un système de graissage automatique de l’ensemble des articulations est disponible en option. Par ailleurs, l’absence d’AdBlue s’avère intéressante, car cela fait un point de moins à gérer.
Fiche technique Claas Torion 738 T Sinus
HOMOLOGATION
Catégorie : Maga
Vitesse maxi : 40 km/h
PTRA : 13 t
Capacité de remorquage : 6 t
MOTEUR
Type : 4 cylindres Yanmar
Cylindrée : 3 320 cm3
Puissance nominale : 73 ch à 2 400 tr/min
Couple maxi : 280 N. m à 1 800 tr/min
Norme et système antipollution : Stage V/FAP + DOC
TRANSMISSION
Type : Hydrostatique à deux gammes
CIRCUIT HYDRAULIQUE
Type, débit et pression : Pompe à engrenage, 93 l/min, 230 bars
CAPACITÉS DE FLÈCHE (avec godet)
Hauteur de levage (axe de l’outil) : 4,96 m
Charge de basculement en position articulée : 3 800 kg
Charge de basculement en ligne : 4 300 kg
Charge utile maxi : 2 300 kg
Portée avant maxi : 2,93 m
Charge à la portée maxi : 1 300 kg
DIMENSIONS
Capacité du réservoir à carburant : 90 l
Hauteur hors tout : 2,79 m
Garde au sol : 30,5 cm
Empattement : 2,30 m
Poids opérationnel : 7 000 kg
Rayon de braquage à l’arête du godet : 4,22 m
Monte pneumatique du modèle essayé : 400/70 R20
BUDGET
Prix catalogue au 01/10/2021 sans option : 120 210 € HT