Aller au contenu principal

Encore beaucoup de carences en oligoéléments

En élevage allaitant, près d’un animal sur deux présente une carence en sélénium, iode, cuivre et zinc. C’est ce que montrent les analyses de près de 6 000 animaux, réalisées entre 2007 et 2017, ayant fait l’objet d’une thèse vétérinaire.

Iode, sélénium et cobalt sont des éléments à explorer quand on est face à des problèmes de reproduction ou de maladies néonatales.
© S. Bourgeois

Les éleveurs allaitants recourent de plus en plus aux analyses pour connaître le statut des animaux par rapport aux oligoéléments, que ce soit en préventif ou en curatif. Cependant, d’après les résultats d’une thèse vétérinaire, les carences modérées ou fortes sont encore très fréquentes. « Les résultats d’analyse de près de 6 000 bovins de races laitières et 6 000 de races allaitantes provenant de la France entière ont été analysés », explique Tiphaine Ragueneau, vétérinaire. Elles concernent des animaux sans signes cliniques, hors du mois autour du vêlage, prélevés à la veine jugulaire pour éviter les contaminations par les fécès et les cellules musculaires. Les échantillons de plasma individuel ont été envoyés sous 48 heures — pour limiter l’hémolyse — au LEAV85 (1), laboratoire de référence national pour le dosage des oligoéléments. « Pour les animaux de race allaitante, les carences les plus fréquentes concernent le sélénium, l’iode, le cuivre et le zinc. »

Dans cette étude, 60 % des animaux de race allaitante sont carencés en iode, et pour 25 % d’entre eux, la carence est forte. Les animaux concernés se répartissent sur l’ensemble du territoire. Pour l’iode, 60 % également des animaux sont carencés et plus de 30 % d’entre eux le sont fortement ; ils se situent cette fois surtout en Auvergne, Midi-Pyrénées, Bretagne et Pays de la Loire. Pour le cuivre, la situation n’est pas plus brillante avec 65 % des bovins allaitants de cette étude carencés, dont 20 % en carence forte. Ils sont principalement situés dans l’Est de la France. Pour le zinc, la situation est un peu meilleure car 47 % des animaux sont modérément carencés, et ils se situent principalement en Auvergne et Bourgogne. Enfin, très peu de carences fortes ont été recensées pour le manganèse et le cobalt, et les carences modérées pour ces deux éléments concernent environ 30 % des allaitants de l’étude.

Carences plus fréquentes les années de sécheresse

« Un effet du système d’élevage est probable, commente Tiphaine Ragueneau. Les fourrages représentent une très forte proportion de l’alimentation des troupeaux allaitants, et la richesse des fourrages en oligoéléments est extrêmement variable en fonction des conditions météorologiques. » D’ailleurs, cette étude a pu déceler que les carences ont été nettement plus fréquentes pour le sélénium en 2012 et 2016, ce que l’on peut relier aux conditions de sécheresse dans le premier cas, et de lessivage des sols après fortes pluies de printemps dans le second.
Cette thèse a aussi étudié le lien entre signes cliniques et carences en oligoéléments. Iode, sélénium et cobalt sont des éléments à explorer quand on est face à des problèmes de reproduction et de maladies néonatales d’après la bibliographie, résultat qui a été retrouvé ici. Dans cette étude, le cuivre et le manganèse sont eux aussi associés à des maladies néonatales en situation de carence chez la mère.

(1) Laboratoire de l’environnement et de l’alimentation de la Vendée.
 

Les plus lus

génisse parthenaise vêlage veau
Élevage bovin : l’épigénétique ouvre un nouveau champ pour la sélection

L’épigénétique, science qui étudie les changements dans l’expression des gènes, est en plein développement. Des recherches…

Christian Bajard, éleveur de 105 vaches allaitantes charolaises en exploitation individuelle sur 147 hectares dont 17 ha labourables à Saint-Symphorien-des-Bois (71)
Aide à l'UGB : « Avec la nouvelle PAC, j’ai perdu 4 500 euros d’aides »

Christian Bajard, éleveur de 105 vaches allaitantes charolaises en exploitation individuelle sur 147 hectares, témoigne des…

La date de déclaration constitue un levier non négligeable face à la refonte des aides animales, pour les éleveurs n’étant pas plafonnés par le seuil des 120 UGB ou ...
Baisse des aides PAC en élevages bovins viande : une optimisation efficace en choisissant sa période de déclaration

Avec l’entrée en vigueur des nouvelles aides bovines, il semble nécessaire de bien comprendre leur fonctionnement afin d’…

charolaise taureau vache prairie
Epigénétique en élevage bovin : limiter le stress des reproducteurs mâles et femelles

Yann Martinot, directeur technique d'Elvup, explique comment on peut d'ores et déjà tenir compte en élevage avec des mesures…

La date de déclaration constitue un levier non négligeable face à la refonte des aides animales, pour les éleveurs n’étant pas plafonnés par le seuil des 120 UGB ou ...
Baisse des aides PAC en élevages bovins viande : l’optimisation est-elle possible ?

L’entrée en application de la nouvelle PAC en 2023 s’accompagne de la mise en place, pour les élevages allaitants, d’une aide…

Pierre Cabrit, président de l’interprofession régionale du veau d’Aveyron et du Ségala (IRVA)
Veau sous la mère : « On se retrouve face à un début de démobilisation de la production »

Pierre Cabrit, président de l’interprofession régionale du veau d’Aveyron et du Ségala (IRVA), alerte sur les difficultés que…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site bovins viande
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière bovins viande
Consultez les revues bovins viande au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière bovins viande