Aller au contenu principal

Empoisonnement des bovins : l’if ne fait pas de cadeaux

Plusieurs plantes sont susceptibles d’empoisonner les bovins après avoir été ingérées, même en quantités modestes. L’if fait partie des plus toxiques.

Les branches d'if abandonnées dans la pâture sont les fautives.
Les branches d'if abandonnées dans la pâture sont les fautives.

Un éleveur contacte la clinique parce que « trois vaches à terme sont mortes cette nuit dans la pâture à côté de la maison ». Dans cet élevage, le troupeau de vaches allaitantes est en full grass sur un îlot d’une vingtaine d’hectares composés de petites parcelles derrière le bâtiment. Leur ration hivernale est à base d’ensilage de maïs. Elle est disponible dans une auge régulièrement réapprovisionnée. Hier, l’éleveur n’a rien remarqué lors de sa surveillance quotidienne. Aujourd’hui, il a découvert trois vaches en fin de gestation mortes dans la pâture. Il a rapidement ramené les cadavres à la ferme pour les faire autopsier.

Lire aussi : Les différentes causes de la torsion utérine chez les bovins

Avant autopsie, les principales hypothèses pour expliquer cette mortalité subite multiple sont une tétanie d’herbage (vaches allaitantes à terme pâturant une herbe jeune) ou une intoxication. L’examen externe est identique pour les trois animaux : ces vaches étaient en bon état général juste avant leur mort. L’autopsie de la première permet de voir qu’effectivement elle était proche du terme et a une entérite. Après examen de plusieurs poignées de contenu ruminal, nous trouvons des branches qui semblent être de l’if à baie. L’autopsie de la seconde vache est identique, à terme avec des branches d’if dans le rumen.

Direction la pâture avec l’éleveur. En faisant le tour, nous trouvons des branches d’if à baie déposées dans un coin par un voisin ayant récemment taillé sa haie et croyant, à tort, que tout ce qui est vert peut être donné à manger à des herbivores.

Une mort subite

L’if à baie (Taxxus baccata) est un arbuste ornemental, souvent utilisé dans les haies et à proximité des cimetières, au moins dans certains départements. En effet pour les chrétiens, l’if était un symbole du lien entre le ciel et la terre. C’est ce qui explique cette fréquente présence aux abords des églises et dans les cimetières, en raison de sa longévité mais aussi de sa toxicité qui en interdit l’accès au bétail. Cet arbre a l’apparence d’un résineux. Ses feuilles sont persistantes. Elles sont souples, plates, pointues mais non piquantes et disposées dans le même plan. Toutes les parties de la plante sont toxiques sauf la chair rouge de l’arille, sa baie rouge et charnue. Laquelle est d’ailleurs appréciée des oiseaux qui en dispersent ainsi les graines.

Lire aussi : Mortellaro : quand la dermatite digitale s’attaque aux taurillons

Notre cas clinique illustre assez classiquement cette intoxication. Les animaux meurent subitement souvent moins d’une heure après l’ingestion ; parfois jusqu’à 24 heures après selon la quantité d’if ingérée. Il est rare d’observer des symptômes. L’if à baie contient de nombreuses substances toxiques. La principale est la taxine B qui provoque une toxicité cardiaque. Certaines autres toxines provoquent une toxicité nerveuse (tremblements, convulsion). Comme dans notre cas, le plus souvent, l’intoxication est causée par un dépôt de taille de haie sur la parcelle par méconnaissance. Lorsque la plante est sèche, son appétence augmente et les composés toxiques sont toujours présents. L’intoxication par la plante par abroutissement sur pied est également possible si les bovins manquent d’herbe. La prévention de cette intoxication passe par la surveillance des abords des parcelles pâturées, afin d’identifier les ifs et les élaguer, supprimer les possibilités d’accès par une clôture et/ou d’informer les riverains sur les dangers de cette plante.

Dr Sophie Cercelet

Le saviez-vous ?

L’intoxication par l’if à baie est la première cause d’intoxication végétale en France chez les bovins. L’ingestion de 500 g de feuilles et/ou de branches suffit à tuer un bovin adulte. Il est toxique également pour les chèvres, les moutons et les chevaux.

Les plus lus

Répulsif à mouches insolite dans cet élevage bovins viande des Pyrénées-Atlantiques, accrochés au-dessus du cornadis.
Astuces d’éleveurs : un répulsif à mouches insolite et un couvercle de brouette sur-mesure pour se protéger des petites bêtes

Ximun Eppherre et Peio Etchegoinberry, dans les Pyrénées-Atlantiques, ont trouvé des solutions simples et efficaces pour se…

éleveur taureau charolais
Entreprise de travaux agricoles : « Je délègue mes 30 hectares de cultures à une ETA et je consacre mon temps à mon troupeau »

Passionné par la sélection et la technique, Julien Demongeot réserve son temps et son énergie à son troupeau de cent…

éleveur tracteur ETA délégation travaux agricoles
Entreprise de travaux agricoles : « Nous déléguons de A à Z les cultures »

Jean-Marc et Patricia Touillon, éleveurs de charolaises dans la Nièvre, se consacrent à leur cœur de métier autour de la…

éleveur éleveuse parthenaise
Entreprise de travaux agricoles : « Nous avons confié notre centaine d’hectares de cultures diversifiées »

L'EARL de Lartois, dans le Nord, délègue à une ETA une bonne partie des travaux de ses cent hectares de cultures. Son matériel…

FCO 3 : un premier foyer confirmé en France dans le département du Nord

Un premier foyer en France de fièvre catarrhale ovine de sérotype 3 est confirmé dans un élevage ovin du département du Nord.…

La lecture un à un en proximité nécessite la contention de l'animal. Un frein de taille pour les élevages allaitants.
Identification des bovins : la généralisation des boucles électroniques refait surface

Le gouvernement a annoncé qu’il financera une partie de la dématérialisation de l’identification des bovins. Les boucles, qui…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site bovins viande
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière bovins viande
Consultez les revues bovins viande au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière bovins viande