Économiser avec les stabulations à logettes
Les logettes ne sont pas incompatibles avec les stabulations pour vaches allaitantes. Les réalisations existantes le démontrent. L’économie de paille est classiquement mise en avant, mais l’économie de temps de travail gagne également à être prise en considération.
Les logettes ne sont pas incompatibles avec les stabulations pour vaches allaitantes. Les réalisations existantes le démontrent. L’économie de paille est classiquement mise en avant, mais l’économie de temps de travail gagne également à être prise en considération.
Communes dans les élevages laitiers, les stabulations à logettes sont nettement moins fréquentes dans les systèmes allaitants. La dominance des aires paillées dans les bâtiments d’élevage allaitant est une situation héritée des mises aux normes. Leur choix présentait l’avantage de réduire le montant de l’investissement initial mais se traduit aujourd'hui par des coûts de fonctionnements conséquents pour des bâtiment 100 % paillés sans raclage, si une grande partie ou la totalité de la paille de litière doit être achetée à l’extérieur.
L’un des intérêts des stabulations à logettes est évidemment l’économie de paille. Avant de construire un nouveau bâtiment, la plupart des techniciens recommandent d’analyser le budget « litière » de très près. « Avant de se décider pour tel ou tel type de bâtiment, il est indispensable de bien intégrer au préalable quels sera son coût de fonctionnement », précise Stéphane Berthin, spécialiste des bâtiments en système allaitant à l’EDE du Puy-de-Dôme.
Ces coûts de fonctionnement doivent être analysés avec encore plus d’attention dans les zones d’altitude éloignées des plaines céréalières, où le prix de la paille est lourdement impacté par le coût du transport et où la quantité de paille produite sur les exploitations est forcément faible, voire nulle. En outre, les durées d’hivernage conséquentes se traduisent par des besoins eux aussi conséquents. Gagner en autonomie alimentaire est classiquement mis en avant pour réduire le niveau des intrants en système allaitant. Limiter les achats de paille de litière est une autre éventualité à analyser de très près.
Certains départements du Massif central ont du recul
Pour remplacer les anciennes étables entravées, qui présentaient l’avantage d’être particulièrement économes en paille mais gourmandes en temps de travail, certains départements du Massif central (Corrèze, Lozère, Cantal…) ont un certain recul dans l’utilisation des stabulations libres équipées de logettes. C’est dans ces départements que ce type de bâtiment a été le plus fréquemment privilégié. « Le couchage en logettes est tout à fait adapté aux vaches allaitantes. Mais la difficulté par rapport à des laitières, où ce mode de logement est courant, est qu’il faut aussi y loger des veaux, de gabarit complètement différent, et des taureaux », explique un document réalisé par l’Institut de l’élevage.
Logette ne signifie pas inconfort. Bien au contraire. Une logette est infiniment plus confortable qu’une aire paillée qui ne l’est pas suffisamment. Dans les bâtiments à logettes, au moment de la mise à l’herbe, les animaux sont propres. Ils le sont surtout nettement plus comparativement à des animaux hivernés sur aire paillée où le renouvellement et l’entretien de la litière ont été déficients, conséquence prévisible d’une consommation en paille sous-estimée. Dans bien des exploitations, « l’annuité » liée aux achats de paille est au moins aussi importante que celle résultant de l’investissement dans les bâtiments. Et quand ces derniers ont fini d’être payés, les achats de paille doivent se poursuivre ! Surtout, les éleveurs n’ont guère de marges de manœuvre. Ils sont contraints de subir les fluctuations du prix de la paille, même quand les sécheresses font flamber les tarifs.
Moins de pénibilité du travail d'astreinte hivernal
En plus de l’économie en paille, qu’elles reposent sur le principe des aires d’exercice raclées ou sur les caillebotis, les stabulations à logettes permettent de gagner du temps et de réduire la pénibilité du travail d’astreinte hivernal, dans la mesure où la corvée du paillage est réduite à sa plus simple expression. Seul subsiste le paillage des cases à veaux et des cases de vêlage. Acheter ou constituer le stock de paille puis pailler, sortir le fumier, le mettre en tas et le reprendre avant de l’épandre est grandement simplifié, d’autant que le volume des effluents à pomper puis à épandre est sans comparaison possible avec un système fumier pailleux. « L’atout du système logette et aire raclé ou caillebotis est que le lisier, on le pompe et on l’épand et le travail est terminé ! » L’option caillebotis (forcément plus chère) est souvent analysée comme un atout supplémentaire pour réduire le temps de travail hivernal. Dans les zones d’altitude, cela supprime également le risque de voir le racleur bloqué en période de gel prolongé, sans avoir non plus le souci d'une panne toujours possible.
« Raclage tracteur, raclage automatisé et caillebotis représentent trois possibilités si on respecte les règles de fonctionnement, explique l'Institut de l'élevage. Si on trouve plusieurs lots sur la longueur du bâtiment, le raclage tracteur est peu pratique du fait des barrières à manipuler. Avec un racleur automatique, les jeunes veaux sont à surveiller. L’entretien des seuils de logettes (évacuation des bouses) reste une tâche simple mais nécessaire. »
Gestion des vêlages et des mises à la reproduction
Le gros frein classiquement mis en avant par les éleveurs dans ce type de bâtiment concerne le suivi et la gestion des vêlages, puis celui des mises à la reproduction. « En effet, la préparation et le déroulement des vêlages dans ce type de bâtiment doivent attirer la plus grande attention. Dans les temps qui précèdent le vêlage, la mère ne sera plus en situation de confort optimum (lever et coucher nombreux avec des capacités de mobilité réduites, recherche de sol souple pour les aplombs). Le vêlage dans une case paillée est fortement recommandé. Pour le veau nouveau-né, la maîtrise de l’hygiène n’est pas assurée si l’éleveur est absent lors du vêlage ou s’il a lieu au sein du lot (dans une logette ou sur l’aire d’exercice) », précise l’Institut de l’élevage.
Les logettes suscitent ensuite logiquement des interrogations quant à la détection des chaleurs et à la monte naturelle. « Cette dernière est possible, moyennant de la surveillance et quelques précautions, notamment sur le choix du taureau (masse corporelle, aplombs). Attention également aux sols glissants. Au besoin, un box de monte peut être prévu. Contrairement à des animaux en aire paillée, les vaches en chaleur perturbent peu la vie du lot car les logettes représentent un refuge », explique l’Institut.
Il est classiquement conseillé de prévoir un petit parc pour les mises à la reproduction en monte naturelle afin de pallier aux risques de glissade. Certains éleveurs laissent le taureau faire ses petites affaires sur les aires raclées ou les caillebotis, en acceptent une prise de risque un peu plus importante. Il est également souvent possible de mettre en place une complémentarité entre les bâtiments déjà existants sur l’exploitation (stabulation libre avec aire paillée et stabulation à logette), en réservant les cases de stabulation libres aux lots qui seront mis à la reproduction en monte naturelle au cours de la période hivernale.
« La question des cornes n’est pas spécifique aux logettes. Les deux alternatives, avec ou sans, sont possibles. On ne constate pas plus de traces de blessures avec des cornes. » La conception du bâtiment doit ensuite être raisonnée pour que toutes les tâches d’élevage soient réalisées dans les meilleures conditions. Les recommandations habituelles (passages d’hommes...) restent de mise.
Il est parfois possible de faire évoluer les bâtiments existants pour transformer des aires paillées intégrales... en aire paillée + aire d’exercice (raclée)... puis en logettes. Le bâtiment à modifier devra disposer d’accès bien positionnés en pignons (portes à l’arrière de la stalle d’alimentation ; éviter les pignons porteurs). Il devra également disposer de dégagements autour du bâtiment pour créer les ouvrages de stockage des déjections. Il convient bien évidemment d’éviter de reconvertir une stabulation où il y a des poteaux dans les aires de vie.
Les besoins quotidiens en paille de litière
Les besoins quotidiens en paille de litière pour les principaux types de bâtiments doivent être analysés en amont de toute construction. Ces chiffres sont classiquement mis en avant par les services bâtiment des chambres d’agriculture. Ils sont forcément à moduler selon l’âge des veaux, les composants de la ration et l’hygrométrie liée à la météo du jour :
- aire paillée + aire d’exercice raclée ou aire d’exercice sur caillebotis : 5 à 8 kg/vache + veau/j ;
- pente paillée + aire d’exercice raclée : 3 à 5 kg/vache + veau/j ;
- logettes paillées : 3 à 4 kg/vache + veau/j ;
- logettes lisier : 0 à 1 kg/vache + veau/j ;
- étable entravée fumier : 1 à 2 kg/vache + veau /j ;
- étable entravée lisier : < 1 kg/vache + veau/j.
En savoir plus
Le document de référence sur les logettes en élevage bovin demeure un fascicule de 12 pages intitulé «Concevoir et installer des logettes » Réalisé en 2012 par les chambre d’agriculture du Grand Ouest, et disponible en libre accès sur le site www.gie-elevages-bretagne.fr, il a davantage été réalisé à l’attention des producteurs laitiers mais gagnera à être consulté par tout éleveur allaitant qui s’interroge sur la mise en place de logettes dans son exploitation. Une plaquette centrée sur le seul sujet des bâtiments à logette en système allaitant devrait être réalisé par l’Institut de l’élevage d’ici la fin de l’année.
Adapter la dimension des logettes au format
Le principe d’une logette est de guider l’animal pour qu’il se positionne correctement, en lui donnant des repères pour se coucher, se déplacer, sans le blesser, ni le contraindre dans son comportement. « Pour des vaches allaitantes, le dimensionnement des stalles de logettes et le réglage des tubulaires de séparations est à aborder selon la même logique que pour les vaches laitières, en fonction du gabarit des animaux », explique un document réalisé par l’Institut de l’élevage.
Deux mesures sont à prendre en compte : la longueur diagonale qui va de la pointe de l’épaule à l’ischion et la hauteur au garrot (voir photo). Ces mesures doivent être effectuées sur les plus grands animaux du troupeau, représentant au moins un quart de l’effectif. « Malheureusement, il n’existe pas de corrélations entre ces deux mesures et les poids des animaux. Pour ce qui est de la largeur entre deux logettes, 125 cm est la distance classiquement recommandée. "
D’autre part, même si les vaches allaitantes semblent moins fragiles que les laitières, les sols de logettes en béton brut sont à éviter. Un apport de paille ou de sciure est classiquement recommandé si l’on ne souhaite pas investir dans des tapis.