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Du bon usage des plaquettes de bois en litière

Le recours aux plaquettes de bois en substitution ou en complément de la paille a été mis en avant les années où cette dernière était hors de prix. Au fil des hivernages, cette technique est désormais mieux connue.

Dans le Puy-de-Dôme, et plus largement en Auvergne, le recours aux plaquettes forestières en alternative ou complément à la paille avait été mis en avant à compter de 2011, quand le prix de cette dernière avait subitement flambé suite à la sécheresse. Des éleveurs les utilisent désormais régulièrement, le plus souvent en les associant à de la paille. Cet usage est donc mieux connu. « C’est aussi une belle opportunité pour valoriser la biomasse des haies tout en confortant l’autonomie en paille des exploitations ! », expliquait Stéphane Hékimian, de la mission haie Auvergne, à l’occasion d’une journée portes ouvertes sur les bâtiments d’élevage, organisée en décembre dernier dans le Puy-de-Dôme. Et de mettre en avant la ressource en bois des exploitation bocagères, avec la possibilité de travailler les haies sous forme de taillis récolté tous les quinze à vingt ans, avec recépage des arbustes et élagage des arbres. Cette ressource pouvant être complétée par les arbres poussant le long des ruisseaux et les bordures de bois.

100 % plaquette ou association paille + plaquettes

Sur le plan pratique, deux modes d’utilisation sont possibles : soit les litières 100 % plaquettes, plutôt à réserver à des bovins adultes ou sub-adultes. Ou bien une utilisation uniquement pour constituer une sous-couche. Dans les deux cas de figure, avant de rentrer les animaux, il convient d’étaler avec le godet d’un tracteur ou à la pailleuse une première épaisseur d’une dizaine de centimètres sur la partie couchage en renforçant cette épaisseur (jusqu’à 30 cm) derrière la marche du quai d’alimentation et autour des abreuvoirs. « On peut ensuite attendre 15 jours à 3 semaines sans rajouter de litière supplémentaire. Cette litière noircit très rapidement et donne un côté sombre à la surface sur laquelle se couchent les animaux. C’est souvent ce qui interroge les éleveurs et les rebute », précisait Stéphane Hékimian. Il est en revanche déconseillé d’épandre en une fois une couche régulière de 30 cm d’épaisseur car il faudrait alors décompacter régulièrement les plaquettes pour favoriser une bonne absorption des jus.

Passé ce délai de 15 jours à 3 semaines, deux solutions s’offrent aux éleveurs. La première est de poursuivre avec les seules plaquettes en apportant une nouvelle couche d’une petite dizaine de centimètres selon l’état de propreté des animaux (ne pas aller au-delà de la classe B de la grille de notation des bovins de l’Institut de l’élevage(1)). « Attention, si la propreté des animaux dépasse le stade C, la litière est à reprendre intégralement, le seuil de saturation est dépassé. Il faut alors curer et ne pas rajouter une couche de plaquettes », précise la chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme. " C’est l’état de propreté des animaux qui doit guider », ajoutait Stéphane Hékimian.

La technique du mille-feuille

L’autre éventualité est de n’utiliser ces plaquettes qu’en sous-couche pour ensuite rafraîchir classiquement la litière avec de la paille. Outre les 15 jours à trois semaines de départ sans utiliser de paille, l’intérêt de la sous-couche de plaquette est son effet drainant qui a un impact assainissant sur la litière. Une autre solution classiquement préconisée est d’alterner couches de plaquettes puis de paille. C’est la technique dite du mille-feuille. Sur les cases à veaux, les plaquettes seules sont à éviter car elles génèrent une litière « froide ». L’utilisation en sous-couche ou en « mille-feuille » conserve davantage de chaleur et donne de bons résultats. « Une litière 100 % plaquette fonctionne, mais exige un gros volume de plaquettes difficilement récoltable annuellement sur une exploitation moyenne et exige un gros stockage. » Dix centimètres de plaquettes dans une stabulation de 1500 m2 se traduisent par un besoin initial de 150 m3. L’autre utilisation possible des plaquettes sur des litières 100 % paillées concerne les abords des aires bétonnées (derrière la marche du quai d’alimentation ou autour des abreuvoirs), là où le fumier est classiquement plus « mou » et où les animaux tendent à s’enfoncer. Leur usage est également opportun pour les lots hivernés en plein air autour des zones très piétinées (entrées des parcelles, périphérie des râteliers et des nourrisseurs). Il est alors possible d’étaler en début d’hiver une épaisseur de 30 à 40 cm de plaquettes sur 4 à 5 m tout autour du râtelier, en donnant préférence à des plaquettes de gros calibre. Au printemps, ces surfaces pourront être raclées au godet avant d’en épandre la matière. Un travail qui sera rendu d’autant plus compliqué que le sol des parcelles est argileux.

(1) Disponible sur le site de l’Institut de l'élevage (idele.fr) et largement diffusée dans des documents diffusés par l’interprofession.

Le fumier de plaquettes

Le fumier de plaquettes pur ou mélangé avec la paille est aussi riche en azote qu’un fumier de paille. Son pH est compris entre 8 et 9. C’est un fumier qui fonctionne bien sur prairie où il est dégradé rapidement. Il gagne à ne pas être enfoui, car le bois se décompose uniquement en surface, en présence d’oxygène.

Les plaquettes issues de l’entretien des haies bocagères sont le plus souvent riches en bois blanc et bois d’aubier. Elles n’acidifient pas les sols. En revanche, les plaquettes issues de résineux et des bois de cœur de chênes, robiniers faux acacias et châtaigniers sont riches en terpènes et tanins, le risque d’acidification des sols n’est pas nul. Le compostage de ces litières est alors indispensable pour neutraliser ces substances.

Chiffres clés
12 à 23 €/m3 apparent de plaquettes (MAP) de coût de revient moyen (retour de 150 chantiers auvergnats), selon le chantier. Moyenne de 16 €
1 tonne de paille = 4 MAP
20 à 22 €/MAP non livré de prix du marché 2014 du bois énergie 
64 € de prix équivalent tonne de paille livrée, pour un prix de revient du MAP comptabilisé à 16 €
1 MAP = 5 à 10 € si on comptabilise la seule prestation de déchiquetage, soit un équivalent tonne de paille à 20-40 €

L'itinéraire technique idéal pour produire de la plaquette pour litières

Les disponibilités en bois sont le plus souvent abondantes dans les exploitations d’élevage (haies de haut jet, arbres de bordure de rivière ou de bois …). Les bois blancs (tremble, bouleau, aulne, noisetier, saule…) sont à privilégier pour produire des « plaquettes litière », tandis les résineux et bois riches en tanins (cœur de chêne ou de châtaignier) sont à éviter et à orienter préférentiellement vers les « plaquettes chaudières » ou le « bois bûche » pour les feuillus. Il ne faut surtout pas négliger les opportunités de valoriser les sous-produits de l’exploitation de bois d’œuvre. Les têtes de peupliers et trembles fournissent des plaquettes qualifiées d’idéales pour les intégrer à des litières, avec des bois blancs qui sèchent vite puis « pompent » bien et se décomposent aussi très bien. L’itinéraire technique recommandé est le suivant :

1- Couper le bois entre la fin de l’été et le début de l’hiver. Attendre de préférence que les feuilles soient tombées. Avec des branches feuillues, les plaquettes sèchent plus difficilement et tendent à évoluer vers du compost. Ranger les tiges parallèlement sur le sol sur une parcelle suffisamment portante, de façon à faciliter leur reprise par le grappin de la déchiqueteuse et maximiser le débit de cette dernière. Éviter évidemment de couper les tiges quand la sève commence à monter.

2- Faire déchiqueter les tiges au printemps et confectionner des tas de plaquettes de trois mètres de haut minimum, si possible à l’intérieur. La solution idéale est de faire réaliser ce travail après la mise à l’herbe et de positionner ces tas sur les aires paillées préalablement curées d’une stabulation. Prévoir au moins deux bennes pour les allers-retours, comme pour un chantier d’ensilage.

3- Laisser sécher tout au long de l’été (quatre à six mois), et pour cela ne surtout pas remuer le tas. Ce dernier va monter en température, ce qui favorisera la dessiccation du bois pour arriver en fin d’été à des plaquettes sèches. Elles gagneront à être à moins de 25 % de matière sèche au moment de leur utilisation.

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