Des vaches Rouge des prés lourdes et vêlantes
Le Gaec de l’Horizon en Loire-Atlantique est lauréat des Sabots d’or 2020. Le troupeau d'une quarantaine de vaches est d'un gabarit important, avec un plus sur le développement musculaire. C'est aussi un troupeau qui vêle très bien - le fruit d'un travail de sélection de longue haleine.
Le Gaec de l’Horizon en Loire-Atlantique est lauréat des Sabots d’or 2020. Le troupeau d'une quarantaine de vaches est d'un gabarit important, avec un plus sur le développement musculaire. C'est aussi un troupeau qui vêle très bien - le fruit d'un travail de sélection de longue haleine.
Solène et Thomas Douillard, installés au Landreau, près de Nantes, élèvent 120 vaches allaitantes, dont 30 % sont Rouges des prés et 70 % Charolaises. Le troupeau Rouge des prés a été créé par le grand-père de Thomas Douillard dans les années 60. Son père a poursuivi le travail de sélection, et Thomas Douillard, qui s’était entretemps installé hors cadre familial, a repris les vaches et leur suite quand son père a cessé son activité. Aujourd’hui, il y a 40 à 45 vêlages. Rouges et Charolaises sont conduites dans les mêmes lots presque toute l’année. « Au niveau du gabarit et des besoins alimentaires, cela colle bien. Il n’y a que les vaches vêlant au printemps qui sont triées par race, car elles sont conduites en monte naturelle », explique Thomas Douillard. Les éleveurs apprécient la complémentarité des deux races. « La Rouge est bien adaptée à la vente directe car sa viande est un peu goûtée, et la Charolaise donne des jeunes bovins plus précoces. »
Une sélection sur les bassins et la finesse
A son arrivée le troupeau Rouge des prés avait déjà un bon niveau génétique, que Solène et Thomas ont continué à travailler. Ils sont en VA4 depuis 2004. « L’objectif est de sélectionner des bouchères assez vêlantes. On a beaucoup travaillé la forme et la taille des bassins – carrés, assez grands et pas trop inclinés – et la finesse d’os pour améliorer les conditions de vêlage. On ne s’est pas focalisé sur l’index facilités de naissance. En même temps, nous avons délibérément laissé davantage les vêlages se faire en intervenant moins », expliquent-ils. En période de vêlage, la priorité des éleveurs est de s’organiser de façon à pouvoir surveiller toutes les naissances. Mais ils n’interviennent que dans 20 % des cas à peu près. Ce travail de longue haleine a porté ses fruits. « Ici il y a très peu de vêlages difficiles. C’est possible en Rouge des prés comme avec toutes les races. » Une seule césarienne a été effectuée au cours des trois dernières campagnes, pour un veau mal placé.
La sélection a porté en même temps sur le gabarit des vaches. Il est aujourd’hui autour de 510 kg de carcasse de moyenne (alors que la moyenne de la race est à 450 kg C). « Nous faisons une finition longue pour développer le persillé. Des vaches plus légères manqueraient de finition. » La conformation moyenne est R+ et les éleveurs souhaitent atteindre le U-. Le potentiel laitier est surveillé pour être maintenu.
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Les deux tiers des veaux sont issus d’IA. « Nous utilisons l'IA pour pouvoir faire un accouplement individualisé, au plus près des caractéristiques de chaque femelle. On choisit des taureaux non porteurs du gène culard comme des taureaux porteurs. Mais on ne fait plus naître de culard sur l’élevage depuis longtemps. »
Actuellement, le troupeau est organisé sur une double période de vêlages, de septembre à mi-novembre et de mi-mars à mi-juin, avec un premier vêlage à 29 mois. Les naissances ont lieu dans les prés à côté du bâtiment ou bien à l’intérieur, avec des vaches qui ressortent aussitôt avec leurs veaux. Le fait de n’avoir plus de vêlages en hiver a participé à la réduction du taux de mortalité, en évitant les épidémies et le risque de petits veaux accidentés dans les cases. Le taux de mortalité des veaux est régulier d’une année à l’autre, autour de 3 %, soit très en dessous de la moyenne de la race (9 % en Rouge des prés). La vaccination des vaches en prévention des diarrhées chez le veau, une minéralisation soignée pendant la repro, une ration bien calée d’après les analyses de fourrages, et la vaccination des veaux contre les maladies respiratoires participent à ce résultat. « C’est un confort, qui a un prix. »
Pour maintenir les IVV (376 jours de moyenne en 2019), Solène et Thomas Douillard mettent un nombre important de femelles à la reproduction : un bon 20 % de plus que le nombre de vêlages recherché. Les chaleurs sont détectées tout simplement par la surveillance. « Je passe le soir et/ou dans l’après-midi et je me fie aussi aux signes secondaires (léchages, vocalises...) ». Pour l’IA est souscrit un forfait « trois paillettes par vache », et une échographie pour diagnostic de gestation est effectuée au plus près du 33e jour de gestation.
Un taureau Rouge est employé pour les vaches qui sont à la reproduction pendant le printemps. Il est soit issu de la station d’évaluation, soit acheté en élevage. « On recherche un taureau mixte car dans ce lot, certaines vaches sont typées plus élevage et d’autres plutôt viande. On fait attention aux aplombs et aux qualités raciales. » Pour l’IA, les éleveurs diversifient toujours leurs choix, avec au moins cinq taureaux différents par campagne.
Une cinquantaine de plaques pour Evane
Au Gaec de l’Horizon, le taux de jumeaux est très variable selon les années, bien qu’il y ait des « souches à jumeaux » dans le troupeau. Les jumeaux sont complémentés sous la mère comme tous les autres, sans conduite spécifique. « La réussite est meilleure en cas de naissance gémellaire quand il s’agit d’un vêlage d’automne en début de période », observe Thomas Douillard.
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Président du syndicat Rouge des prés de Loire-Atlantique, Thomas Douillard sort tous les ans des animaux en concours et a participé plusieurs fois au Space et au SIA. Evane a une place particulière dans l’histoire du troupeau. Cette vache à la carrière exceptionnelle a offert à ses éleveurs une cinquantaine de plaques en tout, dont le titre de championne à Paris en 2016. De jeunes mâles sont vendus pour la reproduction chaque année. Les autres animaux rouges sont vendus en direct. Pour les femelles de réforme, une demi-carcasse est achetée par un boucher et l’autre demi-carcasse est vendue en colis à des consommateurs. Des veaux rosés âgés de 7 mois sont également vendus en colis.
En réflexion pour revenir à une période de vêlage à 2 ans
« Nous réfléchissons à repasser à une seule période de vêlage, en faisant vêler un maximum de génisses à 2 ans, explique Solène Douillard. Cela nous permettra de n’avoir qu’une seule période de vêlages pendant laquelle la surveillance est contraignante, et de pouvoir s’absenter en famille plus facilement de la ferme. On a essayé le vêlage à 2 ans et ça marche bien. » Il reste à décider quelle période choisir. Avec des vêlages au printemps, la repro est plutôt favorisée et l’effet est positif aussi pour les risques de troubles sanitaires sur les veaux. Par contre, une complémentation sérieuse est à assurer pendant l’été, et les veaux sont plus vifs. « Quand on passe dans le pré et les caresse, on trouve les veaux nés au printemps aussi calmes que ceux de l’automne. Mais quand on les rentre en bâtiment, on s’aperçoit qu’ils sont plus réactifs lors des manipulations. » Et l’IA au printemps demande des efforts d’organisation.
Avis d'expert - Bénilde Lomelet, conseiller viande de Seenovia
« Une bonne productivité du troupeau »
Le troupeau présente une productivité supérieure à la moyenne raciale, avec 404 kg VV/UGB (contre 395 kgVV/UGB d'après la fiche coût de production naisseur-engraisseur en Rouge des prés en Pays de la Loire). Elle est obtenue grâce à la faiblesse du taux mortalité (2,7 % en 2019), de l’âge au premier vêlage (29 mois), et de l’importance du poids de réforme des femelles (510 kg C). Le point fort pour le troupeau Rouge des prés est la bonne valorisation des femelles, à 4,80 euros net/kg C. Pour les mâles aussi, la valorisation est très intéressante avec des veaux rosés âgés de 7 mois à 1200 euros.»
Chiffres clés
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