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« Des disques pour biner au plus près de la culture, malgré nos dévers »

Les frères Batiot, agriculteurs à Montamat dans le Gers, utilisent une bineuse dotée de disques trancheurs sur chaque élément permettant de se rapprocher de la culture et d’éviter les bourrages, dans des terres très vallonnées.

« Nous avons une fenêtre d’une semaine début juin pour biner 200 à 250 hectares de tournesol. Jusqu’à présent, avec nos machines à guidage manuel, nous n’arrivions pas à intervenir sur toute la surface. Nous avons ainsi investi dans une bineuse 11 rangs dotée d’un guidage par caméra pour gagner en débit de chantier et ainsi éviter les pertes de rendement liées à la pression des adventices », retracent Olivier et Benjamin Batiot, agriculteurs à Montamat dans le Gers. Le premier est installé en EARL avec ses parents sur 350 hectares ; le second est à la tête de sa propre exploitation de 180 hectares. Les deux frères réalisent également de la prestation de A à Z sur 200 hectares supplémentaires. Sur une surface totale de 750 hectares entièrement en bio, la culture de tournesol représente 200 à 250 hectares, selon les années, le reste étant implanté en blé d’hiver et en orge de printemps. Benjamin Batiot cultive également 30 hectares de soja qu’il bine deux fois.

Préparer le passage des lames Lelièvre

« Nous sommes la troisième génération à cultiver en bio et nous avons l’habitude de choisir et d’adapter nos outils en fonction des conditions particulières de notre région : tout le parcellaire est très vallonné avec des terres argilo-calcaires pas faciles à travailler. » Les deux agriculteurs ont ainsi investi en commun dans une bineuse Chopstar-Verso récemment développée par le constructeur autrichien Einböck. Une machine de présérie livrée au printemps 2021, qui a donc déjà pu faire ses preuves sur 200 hectares environ. « La particularité de cette bineuse est qu’elle dispose de disques de 220 mm de diamètre qui viennent découper la terre, les mauvaises herbes et les résidus de chaque côté du rang de la culture. À l’arrière du disque, la lame Lelièvre travaille ainsi plus facilement », explique Olivier Batiot. L’espacement des disques et leur orientation sont réglés en fonction du stade de développement de la culture. « L’an dernier sur des tournesols pas très développés, les disques étaient écartés de 15 cm et les lames Lelièvre de 17 cm. Sur les plants les plus avancés, les disques pouvaient parfois entailler les plus grosses feuilles. On est assez près de la culture, il faut se laisser une certaine marge dans nos parcelles accidentées où la dérive du tracteur impacte la précision de guidage. »

Couper les résidus pour éviter les bourrages

En tranchant le sol, les disques participent à limiter les projections de terre au passage des lames, mais aussi à ne pas bouger la terre à proximité des plantules, dont l’enracinement pourrait être impacté. « Cela nous permet d’intervenir très tôt, dès que les conditions le permettent », apprécient les agriculteurs. En année sèche avec un sol dur, les disques facilitent par ailleurs la pénétration des lames. Dernier avantage décisif, selon les frères Batiot, les disques limitent les bourrages en découpant la végétation, aussi bien les mauvaises herbes, quand elles sont très développées, que les résidus issus du couvert de féverole. « Les couverts sont détruits au dernier moment, lors de la préparation du semis des tournesols en avril, précise Benjamin Batiot. Ils font parfois près de deux mètres de haut. » Lorsqu’il y a vraiment beaucoup de matière, la dent centrale équipée d’un soc patte d’oie arrive à bourrer. « Elle est trop proche des lames Lelièvre. Einböck va apporter une modification cette saison pour résoudre le problème. »

Les années où le binage du tournesol sera plus tardif, avec des plantes déjà bien développées, les agriculteurs prévoient d’enlever les disques et de remplacer les lames Lelièvre par des socs patte d’oie. « Cette configuration sera aussi bien adaptée au binage du soja. »

Des parallélogrammes hydrauliques

Outre ses disques, cette bineuse 11 rangs présente une autre particularité : l’espacement de 60 cm n’est respecté que sur 9 rangs. Au niveau des passages de roue du tracteur, l’interrang est ajusté à 80 cm. « Dans nos parcelles en coteaux, cela donne plus de marge pour travailler sans risque de rouler sur la culture. Afin de favoriser la stabilité, cette machine portée de plus de deux tonnes est attelée à un tracteur de 180 chevaux qui n’est pas chaussé en roues étroites (pneus de 520 mm). » Bien entendu, la même configuration d’interrang est retenue pour le semoir Väderstad Tempo de 11 rangs. « En utilisant un autoguidage RTK, on gagne en régularité de semis, ce qui facilite ensuite le travail de la bineuse. Et petit détail pratique des deux interrangs larges, les passages de roues sont visuellement plus faciles à retrouver au binage », apprécie Olivier Batiot. Pour se simplifier le travail en bout de champ, deux éléments à chaque extrémité de la bineuse sont relevables hydrauliquement. « Nous avons opté pour les éléments à parallélogramme hydraulique qui semblent être plus robustes. Ils nous permettront d’équiper la machine dans un second temps du relevage manuel de tous les éléments (3 000 euros), sans aller jusqu’au relevage automatique par GPS qui nous paraît difficilement rentable (4 000 euros supplémentaires). »

En chiffres

200 à 250 ha de binage (tournesol et soja)

11 rangs dont 9 à 60 cm et 2 à 80 cm

6-7 km/h de vitesse moyenne (pointes à 9-10 km/h en bonnes conditions)

3 à 4 ha/h de débit de chantier

24 000 euros HT pour l’interface de guidage

31 000 euros HT pour la bineuse

40 % d’aide à l’investissement (plan de relance)

Un guidage par caméra à peaufiner

« L’interface de guidage sur laquelle s’attelle la bineuse a l’avantage d’être assez compacte. Comme les éléments sont plutôt courts, l’ensemble présente un porte-à-faux limité derrière le tracteur. C’est un point important pour l’efficacité du guidage dans les dévers », explique Olivier Batiot. Le translateur offre une course de 50 cm (25 de chaque côté), « une bonne amplitude, qui est pourtant juste suffisante dans les parcelles les plus pentues, où il arrive parfois en butée pour compenser la dérive du tracteur ». Pour bien stabiliser le translateur, le constructeur a installé quatre roues à disques qui se plantent dans le sol. La poutre de la bineuse dispose aussi de deux roues de jauge garantissant un meilleur suivi du relief.

Une correction manuelle dans les fortes pentes

Le translateur est piloté par la caméra de guidage installée sur le côté de la bineuse, qui suit deux lignes de culture. « Avec les modes 2D ou 3D, cette caméra est plutôt efficace pour détecter la culture, même quand le salissement est important. Le système est réactif, mais disposer d’une seule caméra peut avoir ses limites lorsque la levée de la culture n’est pas homogène. Et dans les forts dévers, le système a plus de mal à évaluer la dérive de la bineuse, qui n’avance pas perpendiculairement par rapport aux lignes de semis. » C’est pourquoi les deux agriculteurs ont installé une simple caméra au centre de la machine, donnant une vue sur les éléments. « L’image s’affiche sur le terminal du tracteur et, quand c’est nécessaire, on corrige manuellement la position de la bineuse. » Dans l’avenir, les frères Batiot prévoient de s’équiper d’une seconde caméra de guidage, de manière à analyser les lignes à l’avant et à l’arrière de la bineuse. « La correction sera ainsi plus efficace dans les dévers. »

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