Travaux agricoles : « Définir le travail bien fait pour pouvoir le déléguer »
Pour Hélène Brives, chercheure en sociologie à l’Isara, la délégation d’un travail est fructueuse à condition que les exploitants se soient accordés en amont sur ce qui constitue « du bon travail ».
Pour Hélène Brives, chercheure en sociologie à l’Isara, la délégation d’un travail est fructueuse à condition que les exploitants se soient accordés en amont sur ce qui constitue « du bon travail ».
« Déléguer un travail engage à prendre du recul sur soi-même », explique Hélène Brives, chercheure en sociologie à
l’Isara (Lyon). En effet, la personne qui délègue a intérêt à se poser en amont les questions suivantes : « Qu’est-ce que je suis prêt à accepter comme différence par rapport à une tâche que j'aurais réalisée moi-même ? Est-ce que je veux que mon collègue suive la même procédure que moi, ou bien peu importe parce que j‘attends seulement un résultat ? À quoi je tiens et qu’est-ce que je suis prêt à laisser tomber ? »
Ce raisonnement se pose au sein de tout collectif de travail, que ce soit une exploitation, une Cuma, ou toute autre forme d’organisation. « Le sujet central dans la délégation revient finalement à la manière dont on définit le travail bien fait. Chacun a ses propres critères, et si un éclaircissement n’est pas fait, cela est très fréquemment source de tensions », observe Hélène Brives.
« Le passage de consignes doit aussi, pour être fluide, préciser quel degré d’autonomie on donne ou on attend de l’autre. Or, il est très fréquent que ce sujet soit omis dans la conversation. »
Au sein des collectifs agricoles, différentes générations d’agriculteurs et d’agricultrices interagissent et ils n’ont pas le même rapport au travail ni au collectif. La nouvelle génération d’agriculteurs est particulièrement sensible à ce sujet. La chercheuse observe que ceux qui font le choix de s’installer en collectif, le font précisément pour pouvoir déléguer sous différentes formes des parties de leur travail et organiser du temps hors travail à tour de rôle.
« Dans ce cas, l’organisation de la délégation est d’entrée mise sur la table au moment de leur installation, et il devient alors plus facile de parler de la qualité du travail. »
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