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Boiteries : la génétique de la morphologie du sabot à l’étude

Le projet Espera, qui étudie les possibilités de mettre en place des outils permettant de sélectionner les bovins allaitants sur la morphologie du sabot et la santé du pied, a rendu ses résultats à l’automne 2023.

station évaluation reproducteurs charolais bâtiment
En station d'évaluation, en plus de la qualité des aplombs avants et arrières, ont été notés sur les membres postérieurs l’angle du sabot, la longueur du sabot et l’épaisseur du talon.
© HBC (archives)

Les stations d’évaluation et les stations de contrôle individuel des races charolaise, limousine, blonde d’Aquitaine, salers, aubrac, rouge des prés, parthenaise et gasconne des Pyrénées ont participé au programme Espera, piloté par Races de France. Les jeunes mâles reproducteurs y sont pointés en fin d’évaluation sur la qualité des aplombs avants et arrières depuis la création des stations. Dans le cadre du projet, trois nouveaux caractères de morphologie du sabot ont été définis sur les membres postérieurs : l’angle du sabot, la longueur du sabot et l’épaisseur du talon.

Une indexation possible en races charolaise et limousine

« Les paramètres génétiques sont assez intéressants pour certaines races et pour certains caractères » révèle Jean-Luc Brunet, coordinateur phénotypages en stations d’évaluation à l’Institut de l’élevage (Idele) à l’issue de trois ans de recherche. « En races charolaise et limousine, il serait envisageable de développer une évaluation génétique sur la morphologie du sabot en station d’évaluation pour les jeunes mâles reproducteurs », reprend-il. Au travers de cette étude, sur une base de 4 802 animaux en race charolaise, l’héritabilité a été estimée entre 17 % et 28 % selon le caractère. En race limousine, avec 4 270 animaux, elle varie entre 14 % et 23 %.

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« Pour les autres races, l’effectif des animaux est insuffisant pour calculer des paramètres génétiques, et il faudrait continuer de collecter des données pour pouvoir les valoriser », explique Jean-Luc Brunet.

Des données à consolider pour les lésions du pied

Le second volet du programme Espera portait sur les lésions du pied en races charolaise et limousine. En effet, les taureaux sont aussi parés à l’occasion de leur passage en station et les pareurs collectent les informations concernant les lésions du pied (telles que recensées dans la table Parabov). Pour cette étude, le comité de pilotage a sélectionné la bleime, l’ouverture de la ligne blanche, la rotation de l’onglon et la dermatite digitale.

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« GenEval a calculé des héritabilités variant selon les lésions de 3 % à 12 %, mais avec 2 098 animaux en race charolaise et 2 197 animaux en race limousine, les erreurs type sont très importantes et il est nécessaire d’augmenter la taille des bases de référence pour pouvoir évaluer les animaux », évoque Jean-Luc Brunet.

À l’issue du programme de recherche, chaque organisme de sélection définit la façon dont il s’empare des résultats sachant que la collecte de données est coûteuse, en particulier pour celles du parage.

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Le saviez-vous ?

Trois races laitières (prim’Holstein, montbéliarde et normande) disposent depuis 2017 d’un index de résistance aux lésions infectieuses du pied et d’un index de résistance aux lésions non infectieuses. Ils sont établis pour les taureaux d’insémination artificielle et les femelles génotypées à partir de données collectées par les pareurs professionnels. La méthode de phénotypage s’appuie sur l’atlas international des lésions du pied des bovins ICAR (International Committee for Animal Recording).

Un projet complémentaire sur les vaches adultes limousines

station évaluation reproducteurs limousine

En race limousine, l’organisme de sélection a lancé en 2020 le programme Dégéloc : développement d’un outil génétique d’aide à la sélection sur la fonctionnalité de l’appareil locomoteur. Financé en partie par la région Nouvelle-Aquitaine, il est bien complémentaire à Espera. Il porte en effet sur la morphologie du sabot des vaches adultes avec des données recueillies en ferme par les inspecteurs du herd-book.

« Les données de 12 000 femelles seront disponibles à l’issue des quatre ans de collecte », explique Julien Mante, directeur technique de France limousin sélection. « Nous chercherons si la morphologie des sabots des vaches reproductrices présente des paramètres génétiques différents de ceux des jeunes reproducteurs en station. Ce programme explorera aussi comment elle évolue avec l’âge, et si des différences sont notables entre les sabots antérieurs et postérieurs. » L’objectif, si les résultats le permettent, est d’aboutir à un outil génomique d’aide à la sélection à l’horizon 2025, qui pourra être mis en parallèle de l’index qualité des aplombs.

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