[Bovins viande] Des pratiques d’élevages passées à la loupe
Ce numéro 4 des dossiers techniques de l’élevage présente l’analyse des résultats de l’enquête nationale Agreste « Pratiques d’élevage 2015 » menée auprès des éleveurs de bovins, ovins et caprins sur les conditions de logement des animaux, la gestion des effluents, les pratiques sanitaires et l’organisation du travail dans les élevages.
Ce numéro 4 des dossiers techniques de l’élevage présente l’analyse des résultats de l’enquête nationale Agreste « Pratiques d’élevage 2015 » menée auprès des éleveurs de bovins, ovins et caprins sur les conditions de logement des animaux, la gestion des effluents, les pratiques sanitaires et l’organisation du travail dans les élevages.
L’Institut de l’élevage a réalisé un état des lieux précis des pratiques des éleveurs sur un large champ de thématiques : conditions de logement, gestion des effluents, alimentation, pratiques sanitaires et biosécurité, surveillance et soins apportés aux animaux et organisation des tâches. Ce travail basé sur une enquête Agreste 2015, a été conduite en 2016 auprès de 12 500 exploitations de bovins, ovins et caprins avant d’être mis en perspective avec des résultats obtenus dans le cadre d’enquêtes précédentes (2001, 2008, 2012) puis confronté à d’autres références et croisé avec les expertises de l’Institut de l’élevage.
50 % des bâtiments de bovins viande ont plus de 20 ans
En élevages bovins allaitants, le taux de renouvellement annuel des bâtiments est bas et la stabulation libre gagne du terrain. La litière paillée accumulée reste prédominante.
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Les exploitations enquêtées comptent de deux à trois bâtiments pour loger leurs animaux. Les bâtiments construits ou aménagés avant 1994 sont les plus représentés. En bovins viande, on en chiffre un sur deux et demi. De plus, 50 % des bâtiments ont plus de 20 ans : un bâtiment sur cinq a été monté au cours de la période 1995-2001. De 1994 à 2008, les constructions ou rénovations se sont réalisées sur un rythme régulier avant une baisse sensible après 2009 avec seulement 15 % du parc dans cette tranche d’âge. « L’effet bénéfique du PMPOA2 puis du PMBE est très marqué jusqu’en 2008-2009. L’année 2010 semble être une année charnière de la construction en bovins viande qui se maintient ensuite à un niveau constant jusqu’en 2015 mais avec un taux de renouvellement annuel très bas. Avec un taux de construction de 1,2 % à 1,5 %, renouveler complètement le parc de bâtiments des élevages allaitants demande plus de 60 ans. C’est très insuffisant pour à l’avenir maintenir des outils modernes. Ainsi, 5,3 % des bâtiments abritant des bovins allaitants ont moins de 5 ans. »
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En partant de l’état du parc des bâtiments d’élevage, une simulation a été réalisée pour évaluer les investissements nécessaires à la poursuite des évolutions tendancielles. En bovins viande, il existe des besoins en forte hausse pour rénover un parc ancien et suivre l’évolution des modes de logement de manière favorable au bien-être animal et aux conditions de travail des éleveurs. Les besoins de modernisation sont estimés à 1 milliard d’euros par an.
Le curage de la litière au tracteur, une pratique majoritaire
Quelle que soit la catégorie de ruminants, le curage de la litière au tracteur apparaît comme étant la pratique majoritaire (plus de 60 % des exploitations, toutes régions confondues), sauf Auvergne-Rhône-Alpes. Vient ensuite le raclage mécanique ou automatique cité dans 30 % des élevages enquêtés. Les autres pratiques (évacuation manuelle, hydrocurage...) restent marginales.
Ainsi, la proportion d’exploitations déclarant évacuer les déjections manuellement va de 0 à plus de 8 %, les valeurs les plus élevées se rencontrant dans les régions de montagne pour lesquelles le pourcentage d’étables entravées est plus important qu’ailleurs.
Concernant la fréquence d’évacuation, l’enquête Agreste n’ayant pas distingué la zone de couchage et d’exercice, il n’est pas permis de conclure sur le sujet.
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Par contre, sur la question du stockage du fumier, la pratique au champ est largement répandue et ce, quel que soit le type d’élevage de ruminants. Les deux tiers des éleveurs de bovins déclarent y avoir recours. La durée de présence du tas de fumier est pour plus de 50 % des éleveurs comprise entre 3 et 6 mois. Moins de 15 % d’entre eux le laissent plus de 6 mois mais jamais au-delà de 9 mois en accord avec la réglementation en zones vulnérables.
Concernant les fumières, elles sont généralement non couvertes (21 % en bovins viande). Leur fréquence de vidage est en moyenne de 2,4 fois par an en élevages bovins viande. En élevages allaitants, les fosses de stockage des effluents couvertes (fosses sous caillebotis, fosses à purin sous fumière alimentée par un évacuateur à fumier…) représentent 64 % des ouvrages. La taille moyenne d’une fosse est de 238 m2 en vaches allaitantes pour une moyenne de fréquence de vidange de 3,8 fois par an. Cette fréquence varie avec la taille du troupeau. En bovins viande, ce sont dans les cheptels de 50 à 74 vaches que les fosses sont vidées le plus régulièrement.
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Le travail en élevage et le temps libre
Le temps de travail en élevages bovins viande n’a pas été analysé dans ce document. Par contre, il s’est intéressé à la durabilité sociale des élevages. 44 % des éleveurs bovins viande arrivent à se libérer plus de 2 jours consécutifs (5 à 10 jours).
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Des pratiques sanitaires en évolution, en lien avec les demandes sociétales
Pour la première fois, l’enquête Agreste aborde la question de la santé animale autour de trois thématiques, la biosécurité, la santé et les soins apportés aux animaux. Certaines pratiques sont dépendantes de la taille des troupeaux, des régions d’implantation, des cahiers des charges, des signes officiels de qualité et d’origine.
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Il ressort de cette étude que près de 60 % des élevages allaitants disposent d’un espace spécifique pour isoler un animal malade. Par ailleurs, près de 60 % des éleveurs réalisent un traitement ou une désinfection des bâtiments. Dans 82 % des cas, ce travail est effectué par les éleveurs eux-mêmes et dans 15 % par une société spécialisée. Dans la majorité des cas (90 %), les éleveurs utilisent un raticide associé pour 30 % des élevages à un insecticide. La pose du raticide est majoritairement réalisée 3 fois dans l’année contre une fois pour l’insecticide. En ce qui concerne la désinsectisation, elle est faite quasiment dans tous les élevages par le chef d’exploitation.
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« La surveillance des animaux est effectuée plusieurs fois par jour quand ils sont dans les bâtiments (dans 94 % des élevages). Au cours des phases de pâturage, la surveillance se fait plusieurs fois par jour pour 27% des éleveurs et une fois par jour pour 55% d’entre eux. »
En matière de santé, les pratiques évoluent en lien avec les demandes sociétales et varient avec la taille du troupeau ou la région d’implantation. Les traitements antibiotiques sont davantage raisonnés et baissent sensiblement. 21 % des éleveurs utilisent des compléments alimentaires pour augmenter la résistance des animaux aux maladies et 16 %, des approches complémentaires. En ce qui concerne les médecines complémentaires, 37 % des éleveurs ont recours à l’homéopathie, 30 % à la phytothérapie et 7 % associent les 2. L’aromathérapie est employée par 7 % d’entre eux. Le recours aux médecines complémentaires se développe davantage dans les grands troupeaux tout comme les pratiques sanitaires afin de limiter les risques de contagions. Des moyens de maîtrise pour éviter les accidents sanitaires et donc les risques économiques sont également plus utilisés.
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Caractéristiques de l’échantillon analysé
L’enquête réalisée entre avril et juillet 2016 portait sur les pratiques des éleveurs au cours de l’année 2015. Le tirage au sort des exploitations à enquêter a été effectué à partir du recensement agricole 2010 dans les exploitations ayant, pour les bovins, au moins 10 vaches allaitantes ou 50 bovins.
Les seuils retenus intègrent dans le champ de l’enquête, 97 % des vaches allaitantes. Après application des seuils d’effectifs au niveau des élevages, les départements ont été classés par ordre décroissant des effectifs départementaux. Les départements retenus dans le champ géographique de l’enquête permettent de couvrir 80 % de l’effectif total des animaux. Aussi, la diversité des contextes de production est couverte pour l’élevage de vaches allaitantes.