Gestion de l´herbe
Bovins et chevaux font bon ménage au pâturage
Gestion de l´herbe
En alternance ou simultanément, le pâturage de bovins avec des chevaux peut être bénéfique pour la gestion du couvert grâce à leur comportement alimentaire assez différent.
Les chevaux sont plus sélectifs que les bovins et pâturent plus ras qu´eux, jusqu´à un ou deux centimètres du sol. « Ils peuvent exercer localement de fortes pressions de pâturage conduisant à l´apparition de zones de gazon et de zones de végétation haute », explique la Chambre d´agriculture du Calvados. Cela conduit en cas de pâturage fréquent de parcelles par des chevaux à une évolution de la flore et au développement de refus qui peuvent devenir très importants. L´intérêt principal du pâturage mixte est que les bovins n´iront pas pâturer les zones déjà pâturées par les chevaux mais iront sur d´autres zones de la parcelle. Les chevaux peuvent aussi ingérer davantage, ramené au kilo de poids vif, de fourrage de qualité médiocre que les bovins : leur niveau d´ingestion semble moins sensible, d´après l´Inra et l´Institut du Cheval, à la richesse en parois végétales du fourrage(1). D´autre part, les bovins répartissent leurs bouses sur la parcelle contrairement aux chevaux qui concentrent essentiellement leurs crottins dans les refus.
Autre complémentarité, bovins et chevaux adultes ne présentent pas des besoins alimentaires faibles ou élevés au même moment, les poulinages se déroulant entre janvier et mai-juin suivant les types de chevaux élevés.
Néanmoins, pour que le pâturage mixte soit bénéfique au couvert de la parcelle, il faut que les bovins représentent au moins 20 % du chargement (voir tableau). Comptez 1,4 UGB pour une jument suitée. Ses besoins sont plus importants que ceux d´une vache suitée. Les adultes mâle ou femelle de plus de deux ans représentent 1 UGB en race de selle ou de course et 1,2 UGB en race lourde, et les poulains âgés de six mois à deux ans respectivement 0,6 et 0,8 UGB (références Chambre d´agriculture du Calvados).
Les bovins, avec ou sans corne, et les chevaux s´entendent généralement très bien à condition de savoir quelques petites choses. L´espèce de plus grand format a en général l´avantage : les chevaux sont dominants par rapport aux bovins (eux-mêmes dominants par rapport aux moutons). « Il est conseillé de faire entrer les bovins vingt-quatre heures avant les chevaux dans la parcelle », explique la Chambre d´agriculture du Calvados. Car les chevaux ont un sens territorial aigu et si les bovins entrent après eux dans la parcelle, ils peuvent devenir nerveux. Passé le temps d´adaptation, il y a en général assez peu de contact entre les deux espèces, chacune restant groupée entre congénères.
En Normandie, beaucoup d´éleveurs de chevaux achètent au printemps, des boeufs maigres afin d´avoir une gestion complémentaire de l´herbe avec leurs chevaux. ©Agriculteur Normand |
Des vaches suitées avec des poulinières suitées
Certains éleveurs n´hésitent pas à mélanger des vaches suitées et des poulinières suitées. « Dans un premier temps, il est indispensable d´habituer les adultes les uns aux autres. Cela permet de les laisser par la suite ensemble dans la parcelle une fois qu´elles ont leurs petits avec elles », explique l´Institut de l´élevage. Pour être sûr d´avoir des animaux calmes, en particulier quand il s´agit de races de chevaux à plus fort tempérament, les éleveurs sont davantage en confiance en mettant avec les juments suitées des génisses ou des boeufs, dont le comportement est calme et les besoins modérés. Les autres catégories d´animaux ne posent pas de problèmes particuliers mais « il est tout de même prudent de surveiller les jeunes chevaux, surtout les jeunes mâles en groupe, qui font la course entre eux et risquent de « jouer » un peu avec les bovins », note l´Institut de l´élevage. On peut aussi faire pâturer les bovins après les chevaux ou vice versa. L´impact sur la végétation sera aussi intéressant.
Par ailleurs, les fils électriques sont bien respectés par les chevaux, il faut éviter les barbelés qui risquent de les blesser.
Source : Institut de l´élevage, Chambres d´agriculture du Calvados, des Ardennes, de Haute-Loire, de Haute-Marne, EDE du Puy-de-Dôme et Haras nationaux. |
Productions animales, 1997, nº 975. Micol, Martin-Rosset et Trillaud-Geyl.