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Les éleveurs vosgiens face aux évolutions du climat

Tout comme la forêt vosgienne, les élevages vosgiens souffrent. Une demi-journée organisée à Neufchâteau a permis à des éleveurs de faire part de leurs interrogations sur les conséquences des évolutions du climat.

Dans les Vosges comme ailleurs, les exploitations les plus herbagères sont aussi analysées comme les plus fragiles dans la mesure où la constitution des stocks relève d’un nombre de fourrages limités et surtout bien difficile à diversifier.    © F. d'Alteroche
Dans les Vosges comme ailleurs, les exploitations les plus herbagères sont aussi analysées comme les plus fragiles dans la mesure où la constitution des stocks relève d’un nombre de fourrages limités et surtout bien difficile à diversifier.
© F. d'Alteroche

Quand on observe les forêts vosgiennes, le rougissement des sapins et épicéas traduit d’un coup d’œil les évolutions du climat avec, semble-t-il, une aggravation du phénomène depuis deux ans. Dans les élevages, l’évolution des dates de récolte des fourrages marque les esprits. « Certains de mes voisins ont enrubanné des prairies début novembre », expliquait un éleveur à l’occasion d’un après-midi de réflexion sur les stratégies d’adaptation aux aléas climatiques. Il était organisé à Neufchâteau dans les Vosges à l’initiative de la chambre d’agriculture et de l’Institut de l’élevage et rassemblait début décembre une dizaine d’éleveurs de ruminants.

Moins de précipitations, c’est moins d’EBE

« Notre revenu dépend avant tout de la quantité de matière sèche produite par hectare. Moins de précipitations c’est moins de matière sèche pâturée ou récoltée. C’est donc moins de viande vive produite, moins de chiffre d’affaires et surtout moins d’EBE », soulignait un éleveur. Certes il est possible d’acheter pour compenser mais cela se traduit par une perte de revenu, surtout en période de vaches maigres. « Faute de stock de réserve, le dilemme suite à des années comme 2019 c’est : j’achète ou je décapitalise ! », soulignait un éleveur d’ovins.

Dans ce contexte, la polyculture-élevage avec une part non négligeable de Scop dans la SAU est analysée comme un atout comparativement aux systèmes tout herbe ou à ceux pour lesquels la part des surfaces en céréales est négligeable. Cela permet d’être moins dépendant de ce qui veut bien pousser sur les surfaces en herbe avec des rations pouvant intégrer une plus forte proportion de paille, de sous-produits ou de cultures dérobées.

« Mais avec des stocks composés de fourrages souvent bien différents de ce qui était classiquement récolté sur les surfaces en herbe, faire des bilans fourragers devient compliqué. La composition des rations est également plus difficile à appréhender. Et pour les fourrages achetés on a forcément des interrogations et des incertitudes sur la qualité de ce qui va nous être livré », soulignait un participant. Certains éleveurs ont mis aussi en avant le surcroît de travail en particulier en été pour affourager les lots à une période où le calendrier des travaux devrait être concentré sur d’autres tâches.

« Les animaux souffrent. L’alimentation d’une vache allaitante doit reposer sur de l’herbe en la faisant pâturer le plus longtemps possible. Elles ne sont pas faites pour manger du sec dix mois par an », indiquait un éleveur avec à la clé la crainte d’être confronté à un recul des performances techniques et de productivité, si ce type de régime se renouvelle trop souvent.

La « concurrence » des méthaniseurs

Diversifier le revenu vers la production d’énergie est analysé comme une possibilité malgré le coût de l’investissement initial. Le photovoltaïque avait globalement les faveurs des participants, alors que l’appétit des méthaniseurs pour la biomasse végétale était clairement montré du doigt. « Est-il décent de mettre de l’ensilage dans un méthaniseur en année de sécheresse alors qu’au même moment et parfois sur la même zone géographique bien des éleveurs ne savent pas comment faire passer l’hiver à leurs animaux ? » s’agaçaient plusieurs participants.

Mais surtout de souligner : « pour nous, éleveurs, la meilleure façon de faire face à ces aléas serait d’avoir enfin des prix de vente de notre lait ou de notre viande à la hauteur de nos coûts de production. C’est d’évidence la meilleure façon de s’adapter à ces évolutions du climat. Des rendements en baisse pour la quantité de matière sèche produite à l’hectare se traduisent de toute façon mathématiquement par une nouvelle hausse de nos coûts de production. »

Deux voies se dessinent

« Est-ce que l’on n’est pas en train de voir deux voies qui se dessinent pour la conduite de nos surfaces fourragères ? », interrogeait un éleveur. « Celle d’une intensification accrue sur une partie d’entre elles : gestion fine du pâturage, irrigation, cultures annuelles à plus fort rendement, recours plus systématiques — aux dérobées… Et en parallèle, une tendance à l’extensification pour d’autres surfaces type prairies permanentes qui seront principalement utilisées pour le pâturage. »

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