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Aptimiz, l’application qui mesure le temps de travail

Lancée par une start-up angevine, Aptimiz mesure automatiquement le temps de travail, atelier par atelier. Quantifier son temps de travail permet d’analyser ses pratiques, d’optimiser ses choix en fonction de la rentabilité du temps passé.

« Si je déléguais une partie du travail des cultures, certes ça me coûterait, mais combien de temps en plus je pourrais consacrer à l’élevage, qui reste le socle de mon exploitation. » Cette interrogation beaucoup se la posent. Mais pour gagner en efficience et optimiser son temps de travail, encore faut-il connaître le temps passé dans chacun des différents ateliers de son exploitation, mais également celui consacré aux tâches administratives. Créée par Matthieu Carpentier, Armand Sachot et Simon Denonnain, trois fils d’agriculteurs alors élèves à l’École supérieure d’agriculture d’Angers, l’application Aptimiz facilite l’enregistrement du temps de travail. « Pour avoir un regard objectif sur leur temps de travail et pouvoir en améliorer la rentabilité, les agriculteurs ont besoin d’un outil de réflexion sans contrainte administrative. Nous avons créé Aptimiz dans cet objectif », explique Matthieu Carpentier. « Malgré un troupeau allaitant, un atelier volailles, plus les cultures, je n’ai pas spécialement de problème de main-d’œuvre, reconnaît Jean-Yves Sachot, éleveur en Vendée et testeur de l’application depuis neuf mois. Ça n’empêche pas que je me pose des questions sur mon organisation et sur mes choix stratégiques. Le temps de travail doit en être un facteur de décisions. »

Enregistrements automatiques

Grâce à une géolocalisation très précise, Aptimiz note le temps passé à la stabulation, dans tel ou tel champ, au bureau… Une fois les spécificités de l’exploitation paramétrées, l’application peut différencier par exemple le temps dédié à l’alimentation de celui passé autour du parc de contention ou dans le bâtiment d’engraissement.

À cette précision, s’ajoute une simplicité d’utilisation pour ne pas engendrer de contraintes d’enregistrement. À la souscription, l’équipe d’Aptimiz accompagne la mise en route et le paramétrage des données de l’exploitation, puis assure un suivi. « C’est hyper simple, confirme Jean-Yves Sachot. Il n’y a besoin d’aucune connaissance en informatique. On lance l’appli sur son smartphone en débutant sa journée, on l’arrête le soir. »

À la fin de la journée, s’il le souhaite, l’agriculteur peut préciser une tâche, par exemple indiquer pressage ou ensilage pour le temps de travail dans tel champ. Cela lui permettra d’aller plus loin dans l’analyse. Car, c’est bien le but final de l’application, enregistrer son temps de travail pour l’analyser et progresser. Depuis le site, chaque utilisateur peut consulter ses données, visualiser le temps poste par poste, faire des comparaisons d’une année sur l’autre, avec d’autres agriculteurs. En croisant ces données horaires avec ses résultats économiques, il est possible de calculer la rentabilité horaire de son exploitation, d’un atelier. « Je me suis rendu compte que l’élevage bovin était plus rentable que ce que je pensais », souligne Jean-Yves Sachot. L’analyse aide à identifier ses leviers de progression. « C’est intéressant de voir pourquoi pour tel lot, telle année, j’ai passé moins de temps, de se demander avec quelles pratiques mon temps de travail a-t-il été le plus rentable, estime l’éleveur. La Cuma de ma commune a développé de nouveaux services pour le semis et les récoltes. Par rapport au temps que j’y passais l’année dernière, j’ai vu que ça pouvait être intéressant pour moi de déléguer un peu. Histoire de lever le pied à des périodes de pointe et de garder du temps pour l’élevage car c’est là qu’il est le plus rentable. »

L’enregistrement de son temps de travail permet aussi d’analyser objectivement l’impact d’un changement de pratique. « J’ai comparé mes temps de travail avec un collègue qui nourrit ses animaux avec de l’enrubannage alors que moi je suis à l’ensilage, explique Jean-Yves Sachot. Lui passe plus de temps à la récolte et moi c’est en hiver à la distribution. » Le savoir permet de mieux adapter son besoin de main-d’œuvre, pour une embauche seul ou à plusieurs, une délégation de certains travaux. « Quand on est en phase d’installation ou de diversification, cela permet de dimensionner ses projets selon leur rentabilité et leurs besoins en main-d’œuvre », complète Matthieu Carpentier.

Aller plus loin dans la simulation

Testée chez des agriculteurs dans différents systèmes de production pendant neuf mois, Aptimiz est commercialisée depuis juin, via un abonnement annuel de 300 euros pour un utilisateur par exploitation. Il est possible de rajouter, pour une même exploitation, d’autres utilisateurs pour 50 euros.

Prochaine étape pour la jeune start-up, renforcer Aptimiz comme outil de simulation entre différents investissements, différentes stratégies de délégation pour trouver la meilleure adéquation en termes d’organisation du travail. « Nous voulons créer des outils de simulation pour simplifier les comparaisons, avance Armand Sachot. Par exemple, si je change mon système de distribution en investissant dans une désileuse, combien ça me coûte, quelle durée de travail je gagne, est-ce que ça m’évite d’embaucher ? » Au fur et à mesure du développement du réseau, les utilisateurs pourront affiner leurs comparaisons et « échanger sur leurs bonnes pratiques, analyser leurs marges de progrès ».

Un outil de transparence

À plus large échelle, il est aussi important de connaître son temps de travail pour l’intégrer dans le calcul de ses prix de revient. « Pour ceux qui font de la vente directe, c’est logique de l’intégrer dans le calcul de leurs coûts, estime Jean-Yves Sachot. Dans les autres productions, ça serait bien aussi d’en tenir compte dans l’approche des coûts de revient voulus par la loi Égalim. » C’est également primordial pour facturer des services rendus, par exemple le déneigement ou l’entretien de haies pour sa commune. « Cela apporte de la transparence sur le temps de travail », approuve l’éleveur. De même, pour une Cuma, utiliser Aptimiz pourrait simplifier les enregistrements des différents travaux effectués par les salariés. Cela permet aussi de comptabiliser le temps, facilement et sans contestation, quand on travaille en entraide ou en banque de travail.

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