Alimentation minérale : quelle présentation choisir pour complémenter ses vaches allaitantes ?
Poudre, semoulette, granulés, seau ou bloc à lécher, bolus, liquide… les différentes formes de présentation des aliments minéraux et vitaminiques se conjuguent pour sécuriser la couverture des besoins des bovins allaitants et être pratiques à distribuer.
Poudre, semoulette, granulés, seau ou bloc à lécher, bolus, liquide… les différentes formes de présentation des aliments minéraux et vitaminiques se conjuguent pour sécuriser la couverture des besoins des bovins allaitants et être pratiques à distribuer.
Il existe sur le marché des minéraux destinés au troupeau allaitant de multiples choix pour leurs formes de présentation – les différentes galéniques. « Toutes ont des avantages et des inconvénients et il n’y a pas de présentation minérale parfaite », a expliqué Guillaume Piton de Vetagri lors d’un webinaire organisé par l’Aftaa (1) sur la minéralisation des vaches allaitantes en février 2024.
Le choix entre ces différentes solutions est guidé par l’objectif de sécuriser les apports et de gagner en praticité à la distribution. « En bâtiment, on peut privilégier les aliments minéraux et vitaminiques en poudre si la ration est humide (enrubannage ou ensilage), ou en granulés si la ration est sèche », selon le spécialiste. « Avec une semoulette, il y a un risque de démélange. » C’est ce qui arrive quand on retrouve les minéraux au fond des mangeoires ou dans les abreuvoirs, ou même collés aux museaux. « En parallèle, des blocs à lécher permettent de complémenter en sodium, et des bolus ou spécialités nutritionnelles sécurisent la couverture des besoins sur les phases spécifiques. »
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« Pour la période de pâturage, les seaux à lécher sont privilégiés pour leur côté pratique. Il existe aussi des solutions pour distribuer des granulés au champ. En amont de la sortie des animaux, les apports spécifiques par bolus trouvent leur intérêt. »
De nombreux ingrédients disponibles en poudre
Revenant sur le panel de solutions présent sur le marché, Guillaume Piton souligne : « Parmi les formes classiques (non compressées) de minéraux, la poudre a en effet l’intérêt d’être à 100 % composée d’ingrédients "actifs" et de nombreux ingrédients sont disponibles sous forme de poudre. Son inconvénient est d’être pulvérulente lors de sa distribution en élevage. » La semoulette ou semoule permet d’apporter un éventail un peu plus large de matières premières dans la formulation. « Généralement, on y incorpore de la mélasse pour agglomérer les fines. » Cette présentation se caractérise par son écoulement et sa granulométrie. « Les points de vigilance pour la semoulette sont le risque de prise en masse si la formule n’est pas équilibrée et le démélange », précise Guillaume Piton. D’où l’intérêt de formes intermédiaires entre la poudre et la semoulette : la farine mélassée et la farine semoulée huilée (où l’huile vient, de même, agglomérer les fines) qui collent davantage aux rations.
Les granulés ou pellets, de différents diamètres, sont des mélanges de poudre et de semoule sur lesquels on applique des supports de granulation (huile, mélasse, supports végétaux divers). On les caractérise par leur dureté. « C’est sans doute la forme la plus chère, mais elle présente l’intérêt de pouvoir être distribuée en DAC », observe Guillaume Piton.
Toutes ces formes classiques de minéraux peuvent être conditionnées en sacs ou en big bags et sont aussi livrables en vrac.
Parmi les formes compressées, on trouve les seaux à lécher. Pesants de 16 à 25 kg, ils sont composés de mélanges de matières premières avec de la mélasse. « On peut avoisiner 25 % de mélasse dans certains seaux à lécher. » Souvent, des supports végétaux apportent aussi du liant et de l’appétence. Les blocs à lécher, dont le poids varie de 4 à 12 kg, contiennent 10 à 15 % de mélasse et sont généralement riches en sodium.
Seaux et blocs à lécher ne couvrent pas tous les besoins
Les seaux et blocs à lécher peuvent présenter une formule assez large avec des macroéléments (calcium, phosphore, magnésium), des oligoéléments, des vitamines et des sucres solubles avec la mélasse. « En macroéléments, la place est cependant assez limitée avec ces deux formes de présentation. Attention donc à ne pas s’attendre à couvrir l’ensemble des besoins seulement avec des seaux et des blocs à lécher. Ils ne permettent pas non plus de garantir que chaque animal en ingère la quantité prévue. » Les seaux et blocs sont très appétents et favorisent le comportement naturel d’exploration et de léchage des bovins. « La stimulation de la salivation est aussi intéressante pour le fonctionnement du rumen et le recyclage du phosphore salivaire. » Conçus pour les périodes de pâturage, les seaux sont pratiques à transporter, mais emploient du plastique. Les blocs à lécher peuvent être aussi utilisés en bâtiment, où une forte consommation peut « avertir » d’une mauvaise couverture des besoins du troupeau.
Enfin les bolus, surtout destinés aux adultes, mais qui existent aussi pour les jeunes animaux en bovins viande, pèsent de quelques grammes à une centaine de grammes. Ils sont beaucoup moins aptes à apporter des macroéléments vu leur taille, et apportent essentiellement des oligoéléments et des vitamines. Leur délitement dans le réticulo-rumen se fait en trois phases (dans le respect des doses journalières autorisées) : une première phase assez rapide, suivie d’un plateau, puis un ralentissement pour la libération du reste des éléments. Selon les formules et la galénique du bolus, des différences peuvent être observées dans ce rythme. « On parle avec les bolus de nutrition de précision. Il n’y a pas de perte, c’est un produit très concentré et l’éleveur a l’assurance que l’animal a reçu les éléments sur la période donnée. Ils imposent cependant une manipulation des bovins. »
Il existe par ailleurs des présentations liquides et des pâtes orales qui sont constituées des matières premières associées à des solvants. « Les liquides sont concentrés en éléments et ont des effets immédiats. Ils sont assez faciles d’emploi si l’élevage est équipé en matériel adéquat, une tonne à eau ou une pompe doseuse. »
Trois périodes critiques où il ne faut pas négliger les apports
« Les périodes clés de la gestion minérale de la vache allaitante se rapportent à la préparation au vêlage, la mise à l’herbe et la mise à la reproduction », a présenté Alice Nothhelfer, vétérinaire et conseillère indépendante lors du webinaire. « On observe en effet de fortes variations des apports de minéraux et vitamines par les aliments en élevage allaitant. En période de pâturage, la composition de l’herbe change. En même temps, les besoins des animaux ne sont pas constants au cours d’un cycle de production (gestation, vêlage, lactation) mais aussi avec les épisodes de vaccination ou de maladie, de stress et notamment de stress thermique. »
Par ailleurs, il existe des moments où les carences sont plus ou moins néfastes. « Par exemple, une carence en cuivre chez la vache qui s’installe pendant la gestation a des répercussions sur la santé relativement faibles. Mais si elle n’est pas comblée avant le vêlage, cette carence peut avoir un impact critique sur la santé du veau dans ses premières semaines de vie. »