Adivalor fête ses 20 ans
La filière française de gestion des déchets de l’agrofourniture n’a cessé, depuis sa création, d’élargir son périmètre. Elle affiche sa performance avec ses 22 flux de déchets gérés de l’exploitation à l’usine de recyclage, et un taux de recyclage de 90 % des plastiques collectés.
La filière française de gestion des déchets de l’agrofourniture n’a cessé, depuis sa création, d’élargir son périmètre. Elle affiche sa performance avec ses 22 flux de déchets gérés de l’exploitation à l’usine de recyclage, et un taux de recyclage de 90 % des plastiques collectés.
La filière Adivalor (agriculteurs, distributeurs, industriels pour la valorisation des déchets agricoles) fête ses 20 ans. Une exposition photo organisée dans le cadre du Salon de l’agriculture 2022 marque l’évènement. Elle met en lumière des acteurs de la filière, de l’élevage à l’usine de recyclage, avec 30 portraits signés du photographe Didier Michalet.
Adivalor est une initiative volontaire (1) et collective sous forme d’accord-cadre avec les pouvoirs publics, qui intégre les agriculteurs, les organismes collecteurs (négociants, coopératives et autres organismes) et les industriels. « Son statut est celui d’une société privée (SAS) sans but lucratif », explique Pierre de Lépinau, directeur général d’Adivalor. Les éco-contributions, qui sont intégrées dans le prix de vente des produits par les metteurs en marché, sont collectées à destination d’ADIvalor. Elles représentent actuellement les trois quarts de son financement.
Le dernier quart est le fruit de la valorisation matière des déchets recyclés. Adivalor étant une structure « non profit », cet excédent dans l’activité de l’entreprise est redistribué aux collecteurs de la filière sous forme de primes, dont le montant est fonction de la taille du point de collecte et du résultat économique de la filière pour l’année. Les opérateurs de collecte mettent en effet à disposition des moyens humains et logistiques, conseillent les agriculteurs et organisent la collecte.
Les quantités de plastique collectées progressent
La densité du réseau de collecte varie selon les départements et les régions, mais tout le territoire est couvert. Ailleurs, par exemple dans les pays anglo-saxons, les agriculteurs doivent souscrire individuellement un contrat avec un recycleur, et cela représente un coût important pour une exploitation agricole. « La France est aujourd’hui le seul pays européen à disposer d’une organisation aussi rodée et performante dédiée à la gestion des déchets issus d’intrants agricoles », constate Pierre de Lépinau.
Globalement, le taux de collecte de plastiques et emballages usagés est de 73 % (variant de 35 % à 95 % selon le type de plastique et l’ancienneté du programme). Les quantités collectées ont continué d’augmenter en 2020 dans un contexte difficile à cause de la crise sanitaire et économique. Et près de 90 % des quantités d’emballages plastiques collectées (hors films de paillage) sont recyclées. Ce taux atteint par exemple 85 % pour les bidons et fûts, pratiquement 100 % pour les big bags, et 83 % pour les films d’enrubannage. À titre de comparaison, le taux de recyclage global est actuellement de 28 % pour les emballages plastiques ménagers.
Une cinquantaine d’usines de recyclage
Pour la filière agricole, la collecte en flux séparés permet d‘atteindre ce très bon niveau. Adivalor gère 22 types de déchets séparément de la ferme à l’usine de recyclage. Les bâches d’ensilage, les films d’enrubannage, les filets de liage, les ficelles, les bidons, les big bags, les sacs en papier, les fûts pour ne citer que les plus courants en élevage… tous ces produits se traitent différemment en usine de recyclage, et nécessitent donc un flux spécifique.
Cette logistique est rendue possible grâce aux soixante plateformes référencées qui maillent la France. Les déchets y sont collectés puis compressés, stockés et réexpédiés chez les recycleurs. Ces derniers sont une cinquantaine d’entreprises, en France et ailleurs en Europe.
Adivalor travaille dans une logique de contractualisation avec ces usines de recyclage. À la sortie, des granulés de plastique sont mis en marché. Ils deviennent ensuite des sacs-poubelles, des éléments de construction pour les secteurs du bâtiment et de l’automobile, du mobilier urbain et pour l’agriculture des gaines d’irrigation, des ficelles éco-conçues… Ces débouchés s’élargissent et se diversifient ces dernières années, et le plan de relance devrait faire office d’accélérateur, au même titre que les orientations de la loi sur l’économie circulaire (loi Agec) dont l’un des objectifs est de sortir du plastique à usage unique d’ici 2040.
Le bilan carbone de cette filière est très largement positif. « Il représente au niveau national environ 60 000 tonnes de CO2 évitées, soit l’équivalent des émissions de 25 000 véhicules pendant un an. » Et Adivalor s’est fixé l’objectif à l’horizon 2030 d’atteindre un taux de recyclage de 100 % des déchets de l’agrofourniture.
L’économie de la filière est largement indexée sur les cours du pétrole. La filière est actuellement d’autre part en sous capacité. Mais cinq nouvelles usines de traitement des déchets plastiques entreront en fonctionnement en 2023, dont quatre en France. Notamment, un site à Argentan en Normandie permettra de traiter les filets pour balles rondes collectés dans toute la France par nettoyage mécanique – un process innovant, n’utilisant pas d’eau.
Une économie indexée sur le cours du pétrole
Chiffres clés
Adivalor, c'est
300 000 agriculteurs trient, préparent et apportent leurs emballages et plastiques usagés
1 300 opérateurs de collecte et 8 000 points de collecte
89 000 tonnes de plastique collectées en 2021
Sur le site Suez de Landemont : des bâches agricoles aux granulés de plastique recyclé
Le site de recyclage de films PEBD (polyéthylène basse densité) usagés de Suez R & V plastiques Ouest, à Landemont dans le Maine-et-Loire, fonctionne depuis 1997. Il s’est développé en plusieurs étapes et traite maintenant 28 000 tonnes de plastiques souples usagés, dont les deux tiers sont agricoles. De très grosses machines y fonctionnent sur trois lignes, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, grâce à une soixantaine de collaborateurs. Le process utilise l’eau d’un forage, au maximum en circuit fermé, pour débarrasser les matières de la terre et des débris végétaux. Le coût de traitement est plus élevé (de 30 % environ) pour cette raison pour les plastiques agricoles par rapport aux plastiques postindustriels. Il faut une matière parfaitement pure pour pouvoir la recycler, et c’est un gros défi technique.
Les plastiques usagés sont déchiquetés une première fois, avant d’être prélavés, puis broyés, lavés, essorés et séchés. Ensuite, ils sont extrudés et transformés en granulés. « Notre difficulté est de faire matcher les matières premières avec leur saisonnalité, épaisseur, couleur... avec les exigences techniques de nos clients », explique Yann Ménigaud, directeur du site Suez plastiques Ouest de Landemont. Les granulés ont des caractéristiques précises de densité et de fluidité, et sont achetés par des industriels plasticiens fabricants des suremballages, de sacs poubelle, de gaines d’irrigation… En tout, une trentaine de débouchés existent rien que pour les plastiques agricoles, et ils sont de plus en plus nombreux et variés.
Le prix de vente des granulés a beaucoup augmenté récemment, en lien avec le cours du pétrole, et ceci après une période très difficile pendant la crise économique sanitaire où l’équilibre économique du site était compromis.