Un petit poulailler mobile pour des poules Bios
À Die dans la Drôme, Valérie du Retail a choisi un poulailler mobile pour son projet agrotouristique écologique. Elle élève 225 pondeuses en autonomie et commercialise ses œufs bio en direct.
À Die dans la Drôme, Valérie du Retail a choisi un poulailler mobile pour son projet agrotouristique écologique. Elle élève 225 pondeuses en autonomie et commercialise ses œufs bio en direct.
Éleveuse dans l’âme – chiens de traîneau, chevaux Shagyas et depuis l’an dernier des poules rousses – Valérie du Retail ne veut « connaître que du plaisir avec ses animaux ». Aussi, après mûre réflexion, car le prix du poulailler allemand Hühnermobil était conséquent, elle a finalement décidé de l’acquérir pour ajouter à son eden des volailles en libre parcours. « Les œufs bio sont un aliment intéressant et nous devons aller dans le sens d’une plus grande autonomie alimentaire. Mon idée est aussi de vivre avec des animaux en forme et de ne pas m’astreindre à un travail trop pénible. Voilà pourquoi j’ai recherché un poulailler mobile et le plus autonome possible ».
Pour financer les 35 000 euros (155 euros par poule logée), elle a contracté un prêt de sept ans et obtenu des subventions du département et de la région (avec un cofinancement Feader) pour 52 % du montant. Le poulailler a fini par arriver en juillet 2019 sur son exploitation en devenir, nichée dans un large cirque au pied de la barrière du mont Glandasse (2 041 m) et à 20 minutes à pied du centre-ville de Die (4 600 habitants).
Sur 3 ha de terre achetés dans le cadre d’un groupement foncier agricole, Valérie du Retail développe son projet agro-touristique « OaDie » avec une maraîchère. Le terrain fraîchement défriché abrite aujourd’hui des framboisiers, une petite vigne et un jeune verger, à proximité de trois planchers qui accueillent à la belle saison des lodges confortables destinées aux touristes randonneurs. Quant aux chevaux Shagyas affectés aux randonnées et à la vente, ils caracolent dans les prés alentour.
Respecter un rituel quotidien
Chaque matin, les portes du bâtiment s’ouvrent à 10 heures, et les 225 poules Wyandotte, ainsi que deux coqs, ne tardent pas à coloniser la pelouse. La barrière en filet les tient à l’écart des aires cultivées. Seuls des rapaces représentent une menace. Valérie du Retail consacre entre une et deux heures par jour à ses poules qu’elle définit comme des collaboratrices. « En ramassant les œufs matin et soir je les remercie. » Les œufs certifiés bio sont vendus 45 centimes l’unité sur deux à trois marchés hebdomadaires.
La matinée peut être employée à remplir les réservoirs d’aliments (une dépense de 900 € tous les 2 mois chez Bioséal le fournisseur régional) ou d’eau ou bien à nettoyer le tapis d’évacuation des fientes. En fin de journée, l’éleveuse prend davantage le temps d’observer les oiseaux. Un rituel. « J’en profite en leur apportant la pâtée du soir qui me permet d’ajouter si besoin du vermifuge ou des coquilles d’huîtres broyées ».
En tenant compte de la météo et de la disponibilité du tracteur d’un voisin, l’éleveuse déplace le poulailler tous les 15 jours en moyenne à la belle saison. En hiver, le mouvement est rare afin de ne pas abîmer les parcelles. « Bouger le poulailler ne prend que 15 minutes, mais il faut aussi déplacer la clôture, alors cela dure 3 heures », explique-t-elle. Au fil des mois, les poules parcourent une grande partie de l’espace de l’exploitation. Et les plantations profitent du compost réalisé pour partie avec les fientes et la litière du poulailler.
Pour tirer un revenu satisfaisant de l’élevage de pondeuses, Valérie du Retail reconnaît qu’il lui faudrait un second poulailler. Elle a réfléchi. Non, elle n’en aura pas un autre. « Je préfère la diversification. »
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Autonomie et hygiène assurées
Selon le constructeur et les éleveurs convaincus, l’atout majeur des poulaillers mobiles réside dans une amélioration de l’hygiène : les volailles disposent d’un fourrage vert (apport de fibres) renouvelé au fil de l’année et la pression parasitaire est moindre.
Autre avantage de la rotation du bâtiment : la préservation des sols et de la couverture végétale (moins de grattage permanent et de surdensité périphérique), un apport dilué des fientes (moins de risque de lessivage).
Choisi par cette éleveuse du Diois, le modèle Hümo présente des avantages supplémentaires, du fait de son autonomie (grâce à des panneaux photovoltaïques et une batterie) et des automatismes gérés par une horloge satellitaire. L’éclairage, la fermeture des nids munis de litière et l’ouverture des trappes sont programmés. Cet équipement ne nécessite aucun branchement électrique et une réserve d’eau est suffisante pour une semaine.
Le véhicule est abaissé et relevé aisément grâce à un mécanisme hydraulique ; il s’avère maniable par une personne et un petit tracteur suffit à le tirer. Le constructeur assure qu’il peut être installé en pente jusqu’à 9 %.
Comment ça marche
Avec le modèle Hümo Basis 225 de l’allemand Hühnermobil de 10,5 m de long par 3,9 m de large (pour 6 poules par mètre carré utile), les poules disposent de deux niveaux :
En bas se trouve l’espace de regroupement donnant accès à l’extérieur. Il est revêtu d’un plancher paillé aisé à nettoyer ; il permet de transporter les poules lors du déplacement et ne requiert pas de préparer un sol pour accueillir l’équipement.
À l’étage, via deux trappes de plancher, les poules ont accès aux trémies d’alimentation, à la ligne de pipettes (alimentées par un réservoir de 500 litres), et aux nids accessibles de l’extérieur pour l’éleveuse. Les quatre trémies d’aliments (0,6 m3) offrent une autonomie d’au moins 2 semaines. Le sol est garni d’un caillebotis au-dessus d’un tapis à fientes déroulable manuellement. Ces caractéristiques valent pour les modèles de 350 et 1200 poules en format XL.
Des producteurs drômois en réseau
Conseiller productions volailles et porcs à la chambre d’agriculture de la Drôme, François Gaudin anime également l’association Volailles fines du Dauphiné qui concerne les producteurs de volailles fermières de ce département et de l’Isère.
Cette association regroupe près de 50 de ces éleveurs qui ont choisi de vendre viande et œufs en circuits courts. Ils bénéficient de formations et participent à des visites comme celle du poulailler mobile afin de mieux mutualiser leurs expériences. Ils réalisent également des achats groupés.
François Gaudin diffuse deux lettres d’information par an aux membres de l’association. En puisant dans les discussions du groupe WhatsApp des éleveurs et en s’appuyant sur des compléments d’information et des résultats d’études de l’Itavi, il édite et diffuse également des fiches techniques thématiques assez concrètes. Une nécessité, explique-t-il : « Il n’y a pas beaucoup de littérature scientifique et technique pour répondre aux questions de ces éleveurs qui ont opté pour une agriculture de type familial et la vente en circuits courts. »