Pomme : Comment limiter la « peau de crocodile » sur Juliet
La conservation sous atmosphère contrôlée (AC) de la variété Juliet® provoque occasionnellement des défauts d’épiderme. Un délai après récolte avant la mise sous AC, avec certaines teneurs en gaz, permet de limiter ces défauts.
La conservation sous atmosphère contrôlée (AC) de la variété Juliet® provoque occasionnellement des défauts d’épiderme. Un délai après récolte avant la mise sous AC, avec certaines teneurs en gaz, permet de limiter ces défauts.
La variété de pomme Juliet®, cultivée exclusivement en agriculture biologique, est en plein essor. L’augmentation des volumes nécessite de trouver des nouveaux marchés et donc d’allonger sa période de commercialisation. Après trois années d’essais, le CTIFL préconise pour un stockage jusqu’à huit mois, un délai de trois semaines après la récolte avant mise en atmosphère contrôlée (AC), avec des teneurs en oxygène de 3 % et des teneurs en dioxyde de carbone de 1 %.
Jusqu’à 10 % de fruits touchés par la phytotoxicité
Récoltée en octobre, Juliet® se conserve très bien en froid normal pendant trois à quatre mois, avec notamment une très bonne tenue de la fermeté. Mais après quelques semaines de stockage en froid normal, l’épiderme commence à présenter un aspect graisseux, phénomène qui s’accentue avec le temps. Conservée en froid normal, cette pomme perd en acidité. Au bout de quatre mois, elle a perdu un tiers de son niveau initial. L’atmosphère contrôlée s’est donc imposée comme la solution permettant de prolonger sa conservation en limitant l’aspect graisseux et la perte d’acidité.
Mais ce mode de conservation a engendré ponctuellement une accentuation d’une maladie physiologique de l’épiderme. Des plages plus ou moins importantes apparaissent en surface ayant un aspect creusé dit « peau de crocodile », accompagnées ou non d’un brunissement de l’épiderme. S’il est visible en froid normal sur quelques fruits avec une faible intensité, ce désordre impacte plus fortement les fruits conservés en atmosphère contrôlée. Chez les opérateurs, le taux de fruits touchés peut être de 10 % sur certains lots avec une intensité sévère.
Maximum 1 % de CO2, minimum 3 % d’O2
Durant trois ans plusieurs facteurs ont été testés. L’équilibre entre les taux d’O2 et de CO2 s’est avéré être un facteur majeur. L’atmosphère contrôlée à 3 % d’O2 et 1 % de CO2 s’est imposée comme l’atmosphère à privilégier pour éviter la phytotoxicité. Conservés dans ces conditions, des fruits de différents vergers n’ont jamais présenté plus de 2 % de pommes touchées. Dans le détail, l’augmentation du taux de CO2 a plus d’impact sur l’apparition du défaut que la baisse du taux d’O2. Si les deux taux sont modifiés simultanément, baisse du taux d’O2 et augmentation du taux de CO2, alors le brunissement est encore plus fort.
Lors de la seconde année d’essai, deux délais de mise en atmosphère contrôlée ont été testés : soit sept jours après récolte, soit 20 jours après récolte. Quels que soient les couples en O2 et CO2, une attente avant la mise en atmosphère contrôlée permet de diminuer le pourcentage de fruits touchés par la phytotoxicité. La seule modalité totalement indemne de défauts est celle combinant une mise en atmosphère contrôlée retardée avec les taux évoqués précédemment. D’autres facteurs ont pu être identifiés tels que les conditions climatiques de l’année ou un effet verger. Mais ceux-ci restent difficiles à contrôler.