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Moisson 2024 : le ministre de l'Agriculture évoque des aides exceptionnelles pour les céréaliers

En visite sur une exploitation céréalière d'Eure-et-Loir ce 29 juillet, Marc Fesneau a échangé avec la profession sur les pertes de récoltes qui se profilent et les outils d’indemnisation possibles. « L’État reste vigilant et sera aux côtés des agriculteurs ».

Parcelle de blé tendre en cours de récolte.
Le ministre de l’Agriculture a déclaré que la production céréalière pourrait baisser de « 10 % à 20 % » par rapport à l’an dernier, un phénomène qui est « national ».
© MC.Bidault

Avec un rendement en blé tendre estimé à 6 t/ha contre 8,5 habituellement, l'exploitation d'Eric Genty, à Sainville en Eure-et-Loir, était toute trouvée ce lundi 29 juillet pour faire prendre conscience à Marc Fesneau de l'ampleur des pertes. La profession a fait part de situations très disparates et de pertes de récolte pouvant aller jusqu’à 50 % dans certaines zones. « Pour le blé tendre, on est habituellement autour de 36 millions de tonnes, certains évoquent 28, 27 voire 26 millions de tonnes pour cette année, c’est une baisse colossale », a indiqué Éric Thirouin, président de l’Association générale des producteurs de blé (AGPB), qui a publié dès le lendemain un communiqué précisant : « Le coup accusé par les céréaliers pourrait dépasser les 1,6 milliard d'euros (Md€) en 2024 ».

De son côté, le ministre de l’Agriculture a déclaré que la production céréalière pourrait baisser de « 10 % à 20 % » par rapport à l’an dernier, un phénomène qui est « national ». Dans un communiqué publié le même jour, le ministère indique « être en contact étroit avec les assureurs du secteur pour affiner son estimation des impacts et des risques, les récoltes étant encore en cours pour les céréales à paille, et à venir pour le maïs ».

Marc Fesneau a rappelé que les agriculteurs assurés vont pouvoir bénéficier d’une indemnisation qui couvrira une partie de leur perte et reprécisé que même pour les cultures non assurées, le nouveau mécanisme d’assurance récolte va s’activer au-delà de 50 % de perte. En complément, le ministre a indiqué que les services de l’État allaient faire le nécessaire pour permettre la mise en œuvre de dispositifs, au-delà des mécanismes assurantiels, dès que les pertes seraient définitivement connues. « Un bilan sera établi à l’issue des moissons pour évaluer plus finement la situation et renforcer la personnalisation des dispositifs le cas échéant en fonction des difficultés rencontrées ».

Lire aussi | Assurance récolte : la procédure à respecter et les règles d’indemnisations en cas de sinistre sur culture

Ainsi, des dispositifs comme « le dégrèvement de taxe sur le foncier non bâti (TFNB) et la mobilisation de la déduction pour épargne de précaution (DEP) pourront également être mobilisés en complément, si nécessaire », a précisé le ministère dans son communiqué. Lors de la visite, le ministre a également évoqué la possibilité d’engager avec Bruxelles des discussions sur la mobilisation de la réserve de crise, ou un possible report des cotisations à la Mutualité sociale agricole (MSA). Interpellant le ministre, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a demandé des annonces concrètes sous dix jours, « idéalement avec le Premier ministre, et il ne faut pas qu’il vienne avec les mains vides ».

Marie-Christine Bidault avec Agra Presse

Les syndicats agricoles réagissent à la mauvaise récolte attendue en céréales

La Coordination rurale (CR) a été le premier syndicat à demander le 24 juillet, par voie de communiqué, à rencontrer « dans les plus brefs délais » le ministre de l’Agriculture - « même démissionnaire »- afin d’élaborer « un plan de sauvetage des exploitations céréalières ». Le syndicat demande la création d’une « cellule de veille avec les syndicats […] au ministère afin de mutualiser les informations et d’assurer l’efficacité des remontées de terrain », et la convocation de « réunions de crise » dans chaque département. En outre, la CR demande « une année blanche de cotisations MSA, ainsi qu’une année blanche au niveau des banques ». Pour le syndicat, « cette solution s’impose d’urgence, les céréaliers ne pourront pas payer ».

La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) ont, dès le lendemain, demandé eux aussi « des mesures exceptionnelles de trésorerie » pour aider les agriculteurs « à passer ce cap difficile ». Les deux syndicats demandent également au gouvernement d’actionner « les leviers existants au plus vite », citant les procédures de reconnaissance en calamités agricoles, en catastrophes naturelles, les zones bénéficiant de l’indemnité de solidarité nationale (ISN) et l’automatisation des dégrèvements de taxe sur le foncier non-bâtis. Ils souhaitent par ailleurs que les assureurs « soient particulièrement réactifs quant aux sollicitations des assurés mais aussi des agriculteurs qui les ont choisis comme interlocuteurs agréés chargés d’instruire et verser l’ISN pour le compte de l’État ». FNSEA et JA se sont enfin dits « entièrement mobilisés pour identifier les victimes, recenser les pertes et faciliter la mise en œuvre des moyens pour accompagner et soutenir les agriculteurs ».

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