Les acteurs du bio vent debout contre la HVE
Les acteurs de la bio veulent un changement dans l’attribution de la certification Haute Valeur Environnementale, estimée comme trompeuse pour les consommateurs.
Les acteurs de la bio veulent un changement dans l’attribution de la certification Haute Valeur Environnementale, estimée comme trompeuse pour les consommateurs.
A l’occasion d’une conférence de presse organisé le 2 décembre par la Confédération Paysanne, Agir pour l’Environnement, France Nature Environnement et le Synabio, les quatres organismes ont dénoncé « l’illusion de transition agroécologique que constitue la certification HVE, Haute Valeur Environnementale ».
Créée en 2008 lors du Grenelle de l’environnement et effective depuis 2011, cette certification « a été conçue comme une marche vers le bio et non comme une certification des produits », indiquent-ils, estimant qu’ « elle est aujourd’hui détournée de cette intention initiale ».
Pour Jacques Caplat, secrétaire général d’Agir Pour l’Environnement, « lors du consensus obtenu en 2008 lors du Grenelle, la HVE devait être une marche pour accompagner les changements de pratiques vers la bio. Et là elle risque de devenir une voie de garage. Nous ne sommes plus dans une transition mais dans une confusion », déclare-t-il dans un communiqué.
Pour Arnaud Schwartz, président de France Nature Environnement, organisation à l’origine de la HVE, la HVE « devait être un vecteur d’aide à la transition écologique pour les agriculteurs, ne se traduit pas par cela dans la réalité ». « Aujourd’hui, deux options sont proposées aux agriculteurs pour être certifiés HVE : l’option A et l’option B. L’option B doit être supprimée, compte tenu des incohérences en termes notamment de biodiversité, d’usage des pesticides, de pollution des sols, de bien être animal… Concernant l’option A, nous appelons au sein de la commission nationale de certification environnementale à une forte amélioration du dispositif. Soit la HVE s’améliore, soit elle doit disparaître. Car oui, elle peut être un outil massif de greenwashing et de tromperie ».
Soit la HVE s’améliore, soit elle doit disparaître
Son développement inquiète le Synabio. Son président, Didier Perréol, estime qu’elle génère « une confusion » dans la tête des consommateurs. « A la base, il s'agissait d'une initiative intéressante jusqu'à ce que ce label soit vidé de sa substance initiale. Nous voyons bien que la HVE s’est majoritairement développée dans la viticulture, en quête d’une revalorisation de son image. Or c’est là où la bio est la plus avancée, soit 14% des surfaces. Il y a donc une vraie bagarre d’existence pour enrayer la montée de la bio en France qui va vite. Les pouvoirs publics vont allouer des crédits à la HVE qui n’a pas du tout fait ses preuves », argue-t-il.
La Confédération paysanne a interpellé les parlementaires au sujet de la création d’un crédit d’impôt HVE de 76 millions d’euros qui a été introduit dans le projet de loi de finances 2021. Le syndicat agricole souhaite la suppression de cet article. Le sénateur écologiste du Morbihan, Joël Labbé, a déposé un amendement d’en ce sens. Le débat sur l’article 43 duodecies concerné et ses amendements doit avoir lieu ce week-end du 5 décembre 2020 en séance publique au Sénat.