Élections chambres d’agriculture 2025 : que proposent les syndicats agricoles pour les éleveurs laitiers ?
Agrivoltaïsme, gestion des crises sanitaires, réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires, installation et agrandissement … Les sujets d’actualité ne manquent pas. Alors, que proposent les syndicats en lice pour les élections aux chambres d’agriculture ? Le vote se joue du 15 au 31 janvier 2025 pour le collège des exploitants.
Agrivoltaïsme, gestion des crises sanitaires, réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires, installation et agrandissement … Les sujets d’actualité ne manquent pas. Alors, que proposent les syndicats en lice pour les élections aux chambres d’agriculture ? Le vote se joue du 15 au 31 janvier 2025 pour le collège des exploitants.
Bien que les listes pour les élections Chambre d’agriculture soient départementales, les syndicats portent des idées pour la profession à l’échelle nationale. Ces élections soulèvent assez peu de débats spécifiques à la filière laitière.
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FNSEA-JA, Confédération paysanne et Coordination rurale se positionnent, tous les trois, pour la régulation des volumes, mais à des degrés différents. Si toutes sont contre le Mercosur, la Confédération paysanne, par la voix de sa porte-parole Laurence Marandola, défend une politique commerciale « sans accord de libre-échange » et fustige les clauses miroirs qu’elle qualifie de « clauses miroirs aux alouettes ». La CR affiche « une opposition totale à tous les accords de libre-échange », assure sa présidente Véronique Le Floc’h et une sortie de l’agriculture de l’Organisation mondiale du commerce. Pierrick Horel, président des JA, plaide de son côté pour des « moyens de production harmonisés à l’échelle européenne » afin « d’arrêter la surtransposition en France ».
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Quelles propositions des syndicats agricoles pour l'agrivoltaïsme ?
L’agrivoltaïsme, nouvelle compétence des chambres départementales d’agriculture
Les chambres départementales d’agriculture sont membres de la commission de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers. Les responsables syndicaux élus à la chambre seront donc ceux qui siègent en CDPenaf. Ils y donnent leur avis, notamment sur la réalisation de projets agrivoltaïques, dont les chambres sont parties prenantes sur l’encadrement du développement (encadrer les conditions d’implantation via des documents-cadres départementaux).
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La Coordination rurale voit mal de l'agrivoltaïsme en Bretagne
Véronique Le Floc’h, présidente de la Coordination rurale, penche pour le développement de l’agrivoltaïsme « dans les zones où les parcelles sont difficiles d’accès, où l’élevage est en déperdition. Je vois mal de l’agrivoltaïsme en Bretagne ». Elle se dit en revanche favorable à ce type de projet dans « les élevages de petits ruminants » dans un premier temps, pour s’assurer de leur viabilité et de leur compatibilité afin, ensuite, « de les dupliquer à l’élevage laitier ».
Pour la FNSEA, il faut prioriser les projets agrivoltaïques collectifs
Sur le sujet, Yohann Barbe, président de la FNPL et porte-parole de la FNSEA, interroge : « Quelle est la rentabilité demain ? Comment fera-t-on s’il faut faire marche arrière ? » Il ne se dit pas contre de tels projets, « avec des vaches laitières ou autre », à condition que le revenu revienne dans la poche des agriculteurs. « Bien encadrés, si on ne les étudie pas que sous le prime économique mais agroécologique, ces projets peuvent permettre de placer une partie des prairies à l’ombre. » Il préconise de les étudier « au cas par cas » et de « prioriser les projets collectifs ».
La Confédération paysanne ne veut pas de panneaux solaires au sol
Pour la Confédération paysanne, les panneaux photovoltaïques au sol, c’est non. Elle mène un « combat contre l'utilisation des terres agricoles, naturelles et forestières pour la production d'énergie photovoltaïque, et ce, d'autant plus, que l'installation de panneaux sur les toitures et les surfaces déjà artificialisées permettra de dépasser les objectifs de la France en matière de production d'énergie photovoltaïque », explique le syndicat. La Conf’ rejette tout argument de revenu : « La faiblesse du revenu agricole, qui est dénoncée avec force partout en France, ne doit pas être un prétexte pour jeter les paysan·nes en pâture à des firmes énergéticiennes qui précarisent nos droits fonciers ».
Quelles propositions des syndicats agricoles pour la gestion des crises sanitaires ?
Le rôle préventif, opérationnel et stratégique des chambres d’agriculture
Les chambres d’agriculture jouent un rôle de pont entre les éleveurs, les institutions publiques et les organismes sanitaires. Elles collaborent avec les services vétérinaires et les GDS pour la surveillance des cheptels. Elles ont aussi pour mission d’accompagner les éleveurs dans la mise en place des mesures sanitaires préventives et curatives, et les épaulent à accéder aux aides financières. On retrouve aussi les chambres d’agricultures autour de la table lorsque des réunions ou comités de gestion de crise sanitaire sont organisés à l’échelle départementale, régionale ou nationale. En tête surtout, les crises liées à la MHE et FCO, deux maladies vectorielles qui ont touché les élevages bovins ces deux dernières années.
La Coordination rurale demande une vaccination « anticipée » et « facilitée »
« Les crises sanitaires doivent être davantage anticipées grâce à un plan sanitaire qui prévaut pour tous types d’événements », dit la présidente de la CR. Véronique le Floc’h souhaite une vaccination « anticipée » et « facilitée ». « Les vaccins doivent être produits en amont » pour éviter les ruptures de stocks. Pour la tuberculose bovine, elle demande une meilleure « régulation du blaireau » et que « les éleveurs puissent choisir entre un abattage total ou sélectif ».
La vaccination gratuite, prérequis des indemnisations pour la FNPL
Yohann Barbe constate que « les crises sanitaires ont un impact sur la production. Nous demandons une réponse anticipée. Il est impensable de revivre ce que nous avons vécu cet été avec des commandes de vaccins et des vaccinations qui ont mis autant de temps. La vaccination doit être une réponse préventive, et non curative, avec des stocks mieux constitués et des éleveurs qui s’engagent à vacciner ». Il imagine une vaccination gratuite, qui garantisse des indemnisations en cas de perte. « La veille sanitaire doit se faire à l’échelle européenne et non franco-française », ajoute-t-il.
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Crise sanitaire et élevage industriel sont liés pour la Confédération paysann
Du côté de la Confédération paysanne, « dénonce les risques sanitaires générés par les processus industriels d'élevage, d'abattage, de transformation et de conservation des produits animaux ». Elle plaide, pour la FCO et la MHE notamment, pour une indemnisation complète des pertes indirectes (avortements, chute de production, stérilité, coûts des emprunts), l’accès gratuit à la vaccination et de la recherche. « Nous exigeons que […] l’État se donne les moyens nécessaires avec des arbitrages budgétaires et fiscaux de soutien à l'élevage. Il s'agirait d'une utilisation plus pertinente de l'argent public que les mesures fiscales destinées aux exploitants ayant des problèmes de plus-value ! »
Quelles propositions des syndicats agricoles pour la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires ?
Les chambres doivent contribuer à réduire l’utilisation des phytos
Selon le code rural, le réseau chambres d’agriculture doit, grâce aux services qu’il met en place, contribuer « à la préservation et à la valorisation des ressources naturelles, à la réduction de l'utilisation des produits phytopharmaceutiques et à la lutte contre le changement climatique ».
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La FNPL demande plus de recherche sur le biocontrôle
Le tandem FNSEA-JA n’est pas contre réduire l’usage des phytosanitaires mais plaide pour « pas d’interdiction sans solution ». Les syndicats défendent une agriculture de production, autonome, maîtrisée, pour laquelle « les agriculteurs puissent bénéficier d’un accès garanti aux moyens de production essentiels ». Yohann Barbe, président de la FNPL, précise la pensée : « Il faut que la recherche se mette au travail et qu’elle nous accompagne sur les produits de biocontrôle par exemple. En France et en Europe, nous somme à la traîne ». Les Jeunes agriculteurs, par la voix de leur président Pierrick Horel, demandent une « vision de planification avec des étapes » sur le chemin de la réduction.
Pour la CR, des études économiques préalables à toute interdiction
Du côté de la Coordination rurale, même son de cloche : ne pas laisser les agriculteurs dans l’impasse technique. Le syndicat ne ferme pas la porte à baisser l’utilisation de produits phytosanitaire à condition de réaliser des études d’impact économique au préalable. « Nous devons raisonner avec des valeurs cibles, et non en pourcentage de réduction comme le fait la réglementation européenne à travers le Green deal. Nous ne devons pas tomber dans des excès qui feraient perdre notre potentiel de production et de protection des plantes », martèle Véronique Le Floc’h.
La Conf’ mise sur les alternatives naturelles
La dissonance sur le sujet est portée par la Confédération paysanne, qui souhaite l’interdiction des produits phytosanitaires dénommés CMR (cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction). Le syndicat soutient les alternatives comme les préparations naturelles peu préoccupantes (PNP). Laurence Marandola, porte-parole du syndicat, assure que la France « est le 2e pays européen avec le plus d’autorisations d’utilisation de produits phytosanitaires en Europe. En sortir prend du temps mais pour cela, il faut sortir de la compétitivité ».
Quelles propositions des syndicats agricoles pour l'installation et l'agrandissement ?
Encadrer l’installation, une mission de service public des chambres d'agriculture
Les chambres départementales animent les points accueil installation (PAI) et le centre d’élaboration des plans de professionnalisation personnalisés (CEPPP). Il s’agit d’une mission de service public pour le compte de l’État. « S’ajoutent à cela le suivi post-installation, les appuis aux projets des jeunes et la gestion de la dotation jeunes agriculteurs », peut-on lire sur le site des Chambres d’agriculture France.
JA demande un guichet unique et des revenus pour soutenir l’installation des jeunes
L’installation est l’apanage du syndicat Jeunes agriculteurs. Pour l’avenir, JA défend un élargissement des modes de financements, via les coops, les collectivités locales ou encore les filières, pour que « le jeune puisse se créer un véritable mur bancaire en augmentant son potentiel financier ». Dans le cadre du PPP, le syndicat jeune souhaite recenser les formations régionales et nationales afin d’en faciliter l’accès, notamment pour celles moins connues.
Au programme également, « structurer une offre de mobilité à l’étranger dans le cadre du dispositif à l’installation pour permettre au porteur de projet de se former et de s’ouvrir à d’autres cultures ». Enfin, JA mise sur l’accompagnement des retraités agricoles « pour les inciter à transmettre leur exploitation à des jeunes et faciliter leur cessation d’activité ». Pierrick Horel, président de JA, revendique « du revenu, sinon personne ne s’installera ». Il insiste également sur l’importance d’avoir « des filières porteuses et un meilleur accompagnement ». Il pense, pour y répondre, à la future LOA qui comprend notamment la mise en place d’un « guichet unique ».
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Pour la FNPL l’agrandissement se raisonne à l’actif
Yohann Barbe, président de la FNPL, se positionne : « Nous devons aborder la question de l’agrandissement à l’actif agricole, aussi bien salarial qu’installé. La taille des exploitations de demain sera le reflet de la rémunération des producteurs. En montagne ou en zone AOP, les exploitations sont de petite taille. A l’inverse, les producteurs de lait conventionnels compensent les charges par le volume. »
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La Conf’ veut des aides à l’installation pour tous
De son côté, la Confédération paysanne mise sur l’installation de « paysans nombreux dans des fermes à taille humaine ». Elle se positionne sur la suppression des critères « restrictifs » aux aides à l’installation comme la limite d’âge à 40 ans. Dans cette optique, le syndicat paysan plaide pour ouvrir le stage de parrainage « y compris pour les transmissions familiales ». Elle souhaite aussi promouvoir les dispositifs incitatifs pour encourager les cédants à transmettre ou encore le tutorat ou les espaces test agricoles « qui permettent aux futurs installés d’expérimenter la pratique du métier ». Laurence Marandola, porte-parole du syndicat, l’assure : « Il n’y a pas de crise de vocation ». Les vrais leviers sur lesquels appuyer sont, selon elle, le revenu et le foncier avec une vigilance sur l’agrandissement.
Pour la CR, s’agrandir pour sécuriser les stocks fourragers
« La majorité des installations se font sur des petites structures, comme en maraîchage, avance Véronique Le Floc’h. Les terres libérées doivent permettre aux éleveurs laitiers de constituer des stocks pour les années compliquées. » Elle demande à ce que « les jeunes soient libérés du coût de l’installation pour réaliser des projets qui leur ressemblent, et pas ceux des techniciens de coopératives ni de la laiterie. » Elle conclut : « nous sommes pour la liberté d’entreprendre ».