Vergers écoresponsables
Aux Vergers Timmermann dans la Sarthe, « l’environnement et la biodiversité sont ce qui nous fait vivre »
Les Vergers Timmerman, dans la Sarthe, sont labellisés Vergers écoresponsables depuis huit ans. Un engagement qui valorise le travail fait en vergers sur la biodiversité.
Les Vergers Timmerman, dans la Sarthe, sont labellisés Vergers écoresponsables depuis huit ans. Un engagement qui valorise le travail fait en vergers sur la biodiversité.
« Aujourd’hui, si on n’est pas certifié Vergers écoresponsables, on perd des clients, assure Lise Timmerman, associée avec ses parents et son frère au sein des Vergers Timmerman. Il faut s’adapter à la demande. » Productrice de pommes depuis cinq générations, la famille exploite 120 ha de vergers de pomme et poire (10 %) répartis sur quatre sites près de Vion et à Angers. Depuis 2007, elle s’est engagée dans l’Agriculture biologique et 17 ha sont actuellement certifiés AB. « Avant de m’installer, j’ai fait un stage au service marketing de Biocoop, explique la productrice. La bio connaissait alors une croissance à deux chiffres. J’ai eu envie de m’y engager. » Le reste du verger est labellisé Vergers écoresponsables. « Au-delà des aspects de marché, l’environnement est dans notre ADN. Les vergers étaient en Production Fruitière Intégrée depuis longtemps. L’environnement, la biodiversité sont ce qui nous fait vivre. Nous devons y faire attention. » En plus des labels AB et Vergers écoresponsables, l’exploitation est certifiée Haute Valeur Environnementale depuis deux ans. Et depuis 2020, elle bénéficie du label Bee Friendly qui certifie que l’exploitation respecte et favorise les pollinisateurs, notamment les abeilles.
Le verger produit 15 variétés de pomme en conventionnel (Pink Lady, Jazz, Gala, Golden, Reine des Reinettes, Honey Crunch, Fuji, Granny Smith, Kissabel…), quatre variétés de pomme en bio (Ariane, Dalinette, Dalinsweet, Reinette d’Armorique) et deux variétés de poire. « Nous privilégions si possible des variétés résistantes, précise Lise Timmerman. Mais nous devons aussi suivre les tendances de la consommation. Pink Lady par exemple n’est pas résistante tavelure, mais elle répond à une demande. » Tout est fait pour limiter les intrants. « En Vergers écoresponsables, il y a beaucoup d’observation pour ne traiter que si nécessaire. Parfois, il peut être plus intéressant de traiter en préventif pour être plus efficace avec moins de produit. Nous pratiquons aussi la confusion sexuelle, ce qui a permis de fortement réduire les carpocapses. » Des nichoirs à mésange ont également été installés sur toutes les parcelles. « Nous avons choisi des nichoirs en béton qui ont un très bon taux de remplissage et contribuent à limiter les ravageurs. » L’enherbement sous le rang est géré pour partie en désherbage mécanique grâce à un NaturaGriff. « Nous utilisions déjà cet outil en bio. Nous avons étendu son usage à tous les vergers. » Les entre-rangs sont tondus en alternant un rang sur deux pour préserver les auxiliaires. La fertilisation est raisonnée à partir d’analyses de terre régulières. Et tout est fait pour favoriser la biodiversité. Les producteurs élevant aussi quelques vaches, l’exploitation comporte plusieurs prairies qui abritent de la faune sauvage. Tous les vergers sont entourés de haies naturelles, bois, arbres isolés, qui sont préservés. De nouvelles haies et des bandes enherbées sont également installées. Et en 2019, les chefs de culture ont suivi une formation avec une entomologiste pour mieux connaître les insectes auxiliaires. « Globalement, comme nous ne faisons plus d’insecticide contre le carpocapse et que nous veillons à la biodiversité, il y a plus d’auxiliaires. Il y a notamment plus de typhlodromes, ce qui fait que nous n’avons plus à traiter contre l’araignée rouge. C’est un cercle vertueux. » Une grande attention est portée aussi aux pollinisateurs. « Nous avons un contrat avec un apiculteur qui amène ses ruches dans le verger au moment de la pollinisation. Et en 2020, nous avons installé de vieilles souches percées de trous dans les bois bordant les vergers pour permettre aux abeilles sauvages d’y nicher. Ça a très bien fonctionné. »
Traçabilité du verger au point de vente
La gestion de l’eau est également importante. « L’eau est l’enjeu de demain, estime Lise Timmerman. Nous avons déjà un étang que nous avons creusé pour récupérer l’eau de pluie en hiver. Et nous réfléchissons à en faire un autre. Nous essayons aussi de l’économiser. La moitié des vergers est équipée de goutte-à-goutte. Mais nous avons aussi besoin de l’aspersion pour lutter contre le gel et cumuler goutte-à-goutte et aspersion s’avère coûteux. » Les pommes sont récoltées à maturité optimale et la traçabilité est assurée du verger au point de vente. « Les techniques alternatives coûtent souvent plus cher que les techniques conventionnelles, analyse Lise Timmerman. Et même si nous faisons toujours de mieux en mieux, le label Vergers écoresponsables ne change rien au prix de vente des pommes. Mais il permet de vendre, car de plus en plus de clients français le demandent. »
Un label... en bonne entente !