AGPB : les céréaliers amorcent 2025 avec « beaucoup d’incertitudes »
L’association générale des producteurs de blé (AGPB) fait le vœu que les céréaliers retrouvent du revenu après deux années difficiles. L’inquiétude reste néanmoins de mise avec des semis réalisés dans de mauvaises conditions et des craintes de non aboutissement des promesses faites par les gouvernements successifs.
L’association générale des producteurs de blé (AGPB) fait le vœu que les céréaliers retrouvent du revenu après deux années difficiles. L’inquiétude reste néanmoins de mise avec des semis réalisés dans de mauvaises conditions et des craintes de non aboutissement des promesses faites par les gouvernements successifs.
C’est avec pessimisme qu’Éric Thirouin, président de l’association générale des producteurs de blé (AGPB) a introduit ses vœux à la presse ce 14 janvier. « Je ne vois pas beaucoup d’optimisme, les céréaliers ont le moral en berne ». Celui-ci parle d’une filière céréalière confrontée à une crise conjoncturelle, avec « la pire des récoltes » depuis 40 ans, et à une crise structurelle au regard de « la manière dont l’agriculture est traitée ». Le responsable souhaite la fin de ce « climat délétère entre les politiques » et réclame des lois pour concrétiser les promesses qui ont été faites depuis près d’un an à la profession.
Une baisse de 20 % des surfaces de blé tendre entre 2016 et 2024
Côté surfaces, la France a perdu près d’un million d’hectares de blé tendre entre 2016 et 2024, soit une perte de surface de 20 % en près de 10 ans, après une hausse tendancielle entre 2000 et 2015. Avec ses rendements historiquement bas, l’année 2024 se caractérise donc par une chute de la production en blé tendre de 27 % (perte de 10 millions de tonnes entre 2023 et 2024).
Concernant la rémunération, la récolte 2024, avec un prix payé agriculteur à 175 €/t, subit aussi la forte baisse des prix amorcée en 2023 (200 €/t), après l’envolée de 2022 (271 €/t). De plus, la qualité du grain n’ayant pas toujours été à la hauteur des besoins du marché, certains agriculteurs se sont vus imposer des réfactions de prix.
Un revenu moyen disponible de 5 500 euros en 2023 pour les céréaliers
Ainsi, conjugué à des coûts de production en hausse constante (309 €/t en 2024), les céréaliers subissent un effet ciseaux (coût de production complet supérieur au prix de la récolte) pour la deuxième année consécutive. Le président de l’AGPB révèle ainsi qu’en 2023, les céréaliers avaient déjà « le solde le plus faible toutes filières confondues », avec un revenu disponible de 5 500 euros en moyenne.
Des semis de céréales de l’automne 2024 qui inquiètent
« Les céréaliers ont le moral dans les chaussettes », car il y a à nouveau beaucoup d’incertitudes pour 2025 estime le professionnel. Les semis ont été réalisés à l’automne 2024 dans des « conditions exécrables », dans des sols gorgés d’eau (surtout en zones argileuses). Selon Agreste, les surfaces en blé tendre seront supérieures à celle de 2024 (+ 9 % au 1er décembre) mais un peu inférieures à ce qui était envisagé au départ.
Les limaces ont fait beaucoup de dégâts dans certaines parcelles, quand d’autres connaissent des problèmes d’asphyxie du fait des excès d’eau. « Il y a des parcelles qui seront à ressemer au printemps », estime le responsable qui ne s’avance toutefois pas à donner de chiffres sur les surfaces concernées, attendant une consolidation des remontées du terrain.
Du retard dans l’homologation de la nouvelle formulation du triallate
Aux conditions climatiques incertaines s’ajoutent les problématiques réglementaires et notamment celles relatives à la protection des plantes. « On va dans un mur d’ici un ou deux ans » sur le désherbage, estime le président, qui ajoute que les problématiques d’impasses totales qui touchent certaines cultures sont entrain d’arriver sur les céréales.
Et de citer l’exemple du triallate (produits Avadex 480…), dont l’ancienne formulation a été interdite, mais dont les stocks restant sur les exploitations peuvent être utilisés jusqu’en mars 2025. La nouvelle formulation du produit, déjà autorisée en Espagne et en Italie), a été déposée par le fabricant auprès de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), mais l’AGPB indique que le travail d’homologation n’a pas encore démarré.