Bien adapter son distributeur à la ferme
Les distributeurs de produits à la ferme sont en plein développement. S’approvisionner en vidant des casiers, c’est simple pour le client. Mais pour les producteurs, l’alimentation des machines n’est pas automatique. Il faut bien prendre en compte le temps à y passer.
Les distributeurs de produits à la ferme sont en plein développement. S’approvisionner en vidant des casiers, c’est simple pour le client. Mais pour les producteurs, l’alimentation des machines n’est pas automatique. Il faut bien prendre en compte le temps à y passer.
Le premier Forum des fournisseurs des circuits courts de Normandie s’est déroulé en ligne le 16 mars 2021. Plusieurs conférences étaient organisées. Parmi les sujets abordés : « Distributeur automatique : réussir son investissement ». Les distributeurs automatiques de produits à la ferme sont en plein développement. Quels sont les éléments à prendre en compte pour leur mise en place et leur financement ? C’est à cette question qu’ont répondu les intervenants. Patrick Pygmalion est à la tête de ADS Drive, fabricant de distributeurs à casiers. Marie Rabeisen est directrice du développement chez Miimosa, plateforme de financement participatif. Sophie d’Hoine est maraîchère à Cintheaux dans le Calvados. Elle commercialise sa production en vente directe et a installé des distributeurs en 2020.
Devant la ferme ou dans une zone de flux à moins de 10 km
Conseil d’installateur : installer des distributeurs devant les fermes et dans un rayon de moins de 10 km « pour ne pas passer un temps fou dans les transports ». Il faut que ce soit facile d’accès et qu’il y ait possibilité de stationner, recommande encore Patrick Pygmalion. Un bon emplacement est un lieu de passage, avec un flux important de voitures. Enfin, il rappelle que sur le domaine public, il est nécessaire de demander une autorisation pour pouvoir installer les distributeurs. Il précise encore que les distributeurs qu’il commercialise fonctionnent avec un seul compte bancaire par distributeur.
Des ventes qui poussent à agrandir le distributeur
Sophie d’Hoine a témoigné de son expérience récente d’installation de distributeurs pour vendre les fruits et légumes de son exploitation. « J’ai longtemps étudié la façon de vendre au mieux, » et « j’ai franchi le cap de mettre en place un distributeur, » raconte-t-elle. « Après 6 mois de rodage de l’installation, je suis déjà sur l’optique de l’agrandir pour mieux l’adapter à ma large gamme de produits. » Actuellement, le nombre de cases étant limité, elle ne dispose pas de plusieurs cases par produits et est obligée de recharger 2 à 3 fois / jour. Elle dit aujourd’hui ne plus avoir la peur du « non, c’est trop grand, c’est un investissement ! ». Cette manière innovante de vendre sur site ne l’a pas fait perdre le contact avec ses clients. « Ils savent que derrière la porte de cette machine, il y a une productrice ». L’arrivée du distributeur amène de nouveaux aspects du métier, et notamment la gestion d'un nouveau mode de paiement. « J’ai mené mon projet en tant que cliente avant de le mener en tant que productrice ». C’est pourquoi, elle propose dans ses casiers des assortiments de légumes pour réaliser une recette précise. Par exemple, les fruits et légumes pour cuisiner un velouté potimarron-carottes-noix.
La maraîchère met cependant en garde les candidats aux casiers automatiques : « Il faut du temps pour réassortir ». Elle y passe environ 3 h / jour en semaine et 6 h / jour le samedi et le dimanche. Elle vend aussi sur le marché le samedi matin et elle a du à mal assurer les ventes des deux côtés. « Retrouver le distributeur vide le samedi à 14 h, c’est impossible, » remarque-t-elle. C’est pourquoi elle envisage de prendre quelqu’un pour assurer le réassort. Pour le moment, le distributeur représente financièrement pour elle un deuxième marché par semaine.
Un financement participatif possible
Le projet d’installation de distributeurs est un type d’investissement qui peut être financé par un financement participatif, par exemple sur Miimosa, une plateforme exclusivement dédiée à l’agriculture et à l’alimentation. Le site collecte de l’argent sous forme de dons ou de prêts rémunérés si la somme demandée est supérieure à 15 000 euros. Pour l’investisseur, il s’agit de prêts sans demande de garantie. Les prêteurs sont des citoyens qui récupèrent leur mise avec un intérêt allant de 2 à 6 %. Pour les dons, la plateforme de financement privilégie les demandeurs susceptibles de « réveiller la collecte, » explique Marie Rabeisen de Miimosa. Les porteurs de projet doivent savoir « relancer « , penser aux relais en local, aux réseaux avec d’autres agriculteurs… « Même si c’est du don, ce n’est pas de l’argent qui tombe du ciel, » observe-t-elle.