Aubergine : contre les punaises, quels moyens de protection sont à envisager ?
L’arrivée de la punaise diabolique dans les cultures d’aubergine et de poivron du Sud-Ouest mobilise Invenio qui teste et propose des moyens de lutte biologique, notamment des auxiliaires parasitoïdes.
Halyomorpha halys a fait son apparition sur les cultures d’aubergine et de poivron dans le Sud-Ouest en 2022. Appelé aussi punaise diabolique, ce ravageur très polyphage cause des dégâts par ses piqûres sur les boutons floraux, fleurs, fruits. Et la liste des cultures où il sévit s’allonge. « À l’automne 2022, nous avons pu constater que Halyomorpha halys avait pris la place de Nezara veridula dans les cultures de fin de saison », rapporte Fanny Thiery, Invenio. De fait, la station d’expérimentation d’Invenio de Sainte-Livrade-sur-Lot (Lot-et-Garonne) va commencer des travaux d’expérimentation sur cette espèce de punaise.
« Nous prévoyons de réaliser des tests de produits en condition semi-contrôlée en plaçant des plantes dans des cages avec filet et en apportant un nombre connu de punaises afin d’évaluer l’efficacité des produits sur le ravageur et sa dynamique de développement », précise la responsable Pole aubergine-poivron à Invenio. La station envisage également de tester l’auxiliaire parasitoïde Trissolcus mitsukurii à partir d’individus élevés par l’ANPN, l'Association nationale des producteurs de noisettes, qui a identifié cet insecte. « C’est un nouveau programme d’expérimentation, qui s’ajoute à la problématique des punaises, que nous suivons déjà et qui représente une part importante de nos recherches », mentionne l’expérimentatrice.
Anticiper la maturité ovarienne, la fécondation et la ponte
En effet, un programme est en cours sur l’utilisation d’un aspirateur d’insectes pour réduire les populations de punaise Lygus. Un second concerne la punaise Nezara viridula, communément appelée « punaise verte », dont les dégâts peuvent atteindre 30 à 40 % de la production au moment du pic des attaques de mi-juillet à mi-août. L’essai en cours teste l’utilisation de Trissolcus basalis, parasitoïde d’œufs spécifique de ce ravageur. Une stratégie de lâcher de 1,5 auxiliaire par mètre carré dès que les femelles sont prêtes à pondre est en cours d’évaluation. Comme la plupart des moyens de protection compatibles avec la mise en place d’une protection biologique intégrée ne sont plus efficients sur les punaises adultes, l’anticipation des stades clés de développement que sont la maturité ovarienne, la fécondation et la ponte est importante.
En effet, « la réalisation des interventions de protection contre Nezara viridula au bon stade de développement est une des clés de la réussite des stratégies de régulation des populations », explique Fanny Thiery. C’est pourquoi Invenio travaille depuis deux ans à approfondir les connaissances sur le cycle biologique de N. viridula (voir encadré). « Après avoir appliqué la stratégie de 1,5 auxiliaire par mètre carré, nous observons la dynamique de population, larves et adultes, du ravageur et du parasitoïde afin de quantifier la maîtrise des dégâts et des pertes de rendements », explique Fanny Thiery. L’essai sera reconduit une troisième année en 2023.