Tour de plaine
Arvalis table sur une baisse des surfaces françaises de blé tendre supérieure à 5,6 %
Les conditions de semis en automne ont été très difficiles dans l’Hexagone, incitant les agriculteurs à se tourner vers d’autres cultures, comme l’orge de printemps ou le maïs.
Les conditions de semis en automne ont été très difficiles dans l’Hexagone, incitant les agriculteurs à se tourner vers d’autres cultures, comme l’orge de printemps ou le maïs.

Le retrait de 5,6 % de la sole hexagonale de blé tendre entre 2019 et 2020, à 4,701 Mha, estimé par Agreste début février « constitue le bas de la fourchette. Nous tablons sur un repli plus conséquent, peut-être de 10 % environ », alerte François Laurent, directeur recherche et développement d’Arvalis Institut du végétal. Ceci en raison des conditions pluvieuses en automne, empêchant les céréaliers de semer. Les précipitations début 2020 n’ont pas arrangé les choses, stoppant les opérations de « fertilisation azotée et de désherbage […] et créant des trous dans certains champs », précise l’expert.
Les terres situées sur une grosse diagonale Nord-Ouest, partant de la Normandie et passant par le Centre, et l’ensemble de la façade Atlantique, ont reçu un excès d’eau, rappelle François Laurent. « Des régions comme la Normandie ou les Pays de la Loire ont pu recevoir deux fois plus de pluies sur octobre-février que la normale. Un petit quart Nord-Est a été épargné, incluant notamment la Lorraine et le Rhône-Alpes », précise-t-il. Les températures élevées font que les stades de développement sont en avance de deux à trois semaines par rapport à d’habitude, quand les semis ont été faits dans les temps. Pour les plus tardifs (jusqu’à décembre), le stade de développement est proche de la normale. Conséquence, « on observe une très forte hétérogénéité dans les peuplements et stades de développement. […] Nous observons un salissement des parcelles (adventices) et des soucis de jaunisse nanisante », ajoute François Laurent. S’il est encore trop tôt pour se prononcer sur le potentiel de production, sachant que les conditions climatiques s’améliorent, permettant actuellement aux agriculteurs de fertiliser et de désherber, cette campagne est pour l’instant jugée compliquée par le scientifique. « Les parcelles sont dans un état encore plus hétérogène que d'habitude », souligne-t-il. L’apparition de gel tardif n’est pas à écarter, et ce jusqu’à courant avril, rappelle François Laurent. Et ce alors que bon nombre de plantes sont potentiellement très sensible, étant très en avance dans leur développement. Néanmoins, « le blé a des capacités de régénération. Il faudra voir comment se déroulera la campagne jusqu’à juin ».
Surfaces d’orge de printemps à 0,7 Mha ?
La baisse des surfaces de blé tendre va inciter les céréaliers à augmenter leur sole d’orge de printemps, estime Arvalis. Mais les fortes pluies ont engendré un retard de quinze jours à trois semaines. « Heureusement, cela est rattrapable, et l’amélioration de la météo durant les prochains jours devrait arranger les choses », souligne François Laurent. Selon lui, les surfaces d'orge de printemps pourraient atteindre 0,7 Mha en 2020, contre 0,63 Mha en 2019. En maïs, une hausse de 5 à 10 % est évoquée par l’expert. « Le maïs sera davantage semé par défaut que par réelle choix. Les prix ne sont guère rémunérateurs actuellement, mais les semences de tournesol et de sorgho manquent », signale François Laurent.