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Huit conseils dans la réalisation de son prévisionnel

Obligatoire dans le cadre d’une installation avec DJA (Dotation jeunes agriculteur), le prévisionnel est aussi incontounable pour maîtriser les chiffres de son projet d’installation et très utile pour analyser la viabilité et la cohérence de celui-ci.

1. Être vigilant dans l’évaluation de sa production de miel

Chaque saison apicole est différente et il est impossible de prédire les aléas. Il faut donc les lisser sur les cinq années d’installation. À l’installation, il faut aussi penser que les abeilles doivent bâtir les cadres et que pour votre développement de cheptel, vous allez réaliser des essaims : ces facteurs diminuent le rendement en miel. D’autres facteurs influencent le rendement : le niveau de technicité, la méconnaissance des emplacements et secteurs de production, le mode de conduite des colonies et la génétique de ses colonies. En effet, le manque d’expérience à l’installation fait qu’on peut avoir à gérer plus de non-valeurs, un essaimage important, une organisation du travail à optimiser, et tout ceci avec peu de colonies d’abeilles pour rebondir. Il est ainsi généralement conseillé de compter sur un rendement maximum de 15 kilos de miel par colonie. Attention, la quantité de miel produite n’est pas la quantité vendue, il faut intégrer le stockage dans son prévisionnel.

2. Diversité des ateliers : pensez progressif

Gelée royale, pollen, propolis, pain d’épices, produits d’élevages… les ateliers possibles sont nombreux. Chacun demande une technicité, du temps, du matériel et des connaissances à acquérir, certains plus facilement que d’autres, il est donc conseillé de développer les ateliers de manière progressive et de bien évaluer la compatibilité des calendriers (production, transformation, vente).

3. Une étude de marché solide

Vos prix de vente doivent être en cohérence avec vos coûts de production, vos choix de circuits de commercialisation et secteurs de ventes (prix pratiqués par les autres apiculteurs) et il est propre à chacun : il faudra passer par une étude de marché.

4. Se regrouper pour faire baisser les charges

À l’installation, vous allez devoir investir dans du petit matériel de manière conséquente pour lancer l’activité : cadres, consommables, cire… Une bonne stratégie est d’essayer de se regrouper rapidement avec d’autres apiculteurs pour faire baisser les coûts auprès des fournisseurs. Par exemple, l’ADA Aura relaie les commandes groupées portées par ses adhérents.

5. Le nourrissement une charge très variable

Selon l’Itsap, les charges de nourrissement représentent 9 % des charges, hors amortissements et frais financiers (données entre 2011 et 2020 pour des exploitations installées depuis au moins cinq ans).

Cette charge varie du simple au double selon les années et la localisation de l’exploitation. Par exemple, en 2021 en Auvergne-Rhône-Alpes, suite à un fort épisode de disette, les apiculteurs estiment avoir distribué en moyenne pour motif de disette, en complément du nourrissement habituel : 7 kilos équivalent sucre par colonie de production pour les apiculteurs en bio et 10 kilos pour les apiculteurs en conventionnel. (L’équivalent sucre représente la quantité réelle en sucre (kg) dans un produit. Par exemple, 1 litre de sirop 50/50 (1 :1) contient 0,6 kg de sucre.)

Au-delà de la variabilité interannuelle, dans un projet d’installation avec un développement de cheptel élevé, les charges de nourrissement peuvent atteindre des montants élevés. De manière générale, il est donc conseillé de prévoir large sur cette charge. Par exemple, il est conseillé de prévoir au moins 1 à 1,5 kg de candi par colonie hivernée, selon les miellées de fin de saison visées.

6. La cire : pas d’autonomie à l’installation

Elle vous sera nécessaire pour développer votre cheptel et cirer vos cadres de hausses. On compte en moyenne qu’extraire 100 kilos de miel permet de produire 1,9 kilo de cire d’opercules. Si vous créez votre activité, les premières années, vous ne serez donc pas autonome en cire : attention à cette charge qui peut se révéler élevée au vu du prix de la cire.

7. Stratégie d’investissement

Chaque projet a sa propre stratégie d’investissement : investir progressivement ou rapidement. Quel que soit votre cas, viser une installation professionnelle est un changement d’échelle, les investissements à privilégier sont ceux qui vous apporteront du bien-être au travail et du gain de temps en termes d’organisation. L’objectif étant de se ménager physiquement dans le temps et de garder du plaisir au travail.

Il est important de garder en tête que le temps de travail est majoritairement passé sur la gestion du cheptel et non en miellerie. De plus, il existe des solutions permettant de limiter les investissements sur le matériel de miellerie au début : location de miellerie, prêt de matériel…

Concernant le bâtiment, une des priorités est d’avoir un espace de stockage suffisant. Retrouvez l’article « Quelles alternatives à la construction d’une miellerie » dans le numéro 3 de Réussir Apiculture page 34. Pour le matériel d’occasion, rendez-vous sur Apiservices.

8. Les aides : un bonus

Les dispositifs d’aides et votre éligibilité peuvent évoluer entre la rédaction de votre prévisionnel et votre installation effective. Il est important de ne pas faire porter la rentabilité de votre projet sur les potentielles aides. Ainsi, nous conseillons d’évaluer son projet d’installation sans prendre en compte les aides.

Pourquoi construire son prévisionnel ?

- Il contient le détail de l’ensemble des produits et des charges de l’exploitation : c’est un plan de développement économique de l’exploitation sur plusieurs années.

- Il permet de vérifier la viabilité économique de son projet et la cohérence avec ses attentes et objectifs. Il vous permettra de finaliser votre projet, notamment le niveau de rémunération souhaité ou le nombre d’année avant d’atteindre une viabilité. Il permet d’ajuster votre stratégie de développement d’exploitation.

- Il peut se révéler très utile aussi, pour présenter aux banques, en cas d’emprunt.

Repères techniques et économiques : où trouvez les données ?

Votre ADA en région

Rapprochez-vous de l’ADA de votre région pour accéder aux références chiffrées régionales : rendements en miel des différentes miellées, rendements des autres productions, éventuellement prix de vente, etc.

Le réseau d’exploitations de référence, coordonné par l’Itsap

Créé en 2011, le réseau fourni des références techniques et économiques d’exploitations en rythme de croisière, au système viable et reproductible. Contactez l’Itsap ou votre ADA pour accéder aux cas-types et cas-concrets.

Coté biblio

Classeur bâtiment et matériel édité par l’Itsap : itsap.asso.fr

Enquêtes FranceAgriMer : franceagrimer.fr

Réseau Fnab pour l’apiculture biologique : fnab.org

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