Difficile d’y voir clair sur le marché de la cire
Le marché de la cire souffre d'un manque de transparence et de données. S'il est difficile d'en connaître sa production, osons une estimation.
La cire d’abeilles est considérée d’un point de vue administratif comme un sous-produit apicole de catégorie 3. S’il est possible d’avoir une estimation de sa production dans le monde, il est en revanche difficile de tracer les volumes destinés à un usage apicole.
Il existe en effet une nomenclature douanière qui distingue la « cire d’abeilles ou d’autres insectes, brute » (NC8 15219091) de la « cire d’abeilles et d’autres insectes, même raffinée ou colorée » (NC8 15219099). La cire d’abeilles employée par les ciriers est donc regroupée avec des cires produites par d’autres insectes et des cires transformées destinées à des usages non apicoles. C’est au niveau du certificat d’importation qu’il est spécifié si la cire sera destinée à un usage technique ou apicole. Malheureusement, la répartition des volumes de cires pour chacun de ces usages ne fait pas l’objet de statistiques précises.
Une production de cire en constante augmentation
Depuis 1994, la production annuelle de cire dans le monde est en moyenne estimée à 61 289 tonnes, +/- 4 564 tonnes (FAOstat 2023). Depuis trente ans, cette production est en constante progression avec une croissance annuelle d’environ 1% par an. L’Asie (en particulier l’Inde et la Chine) représente environ 47,7% de la production mondiale puis vient l’Afrique (24,6%) et les Amériques (21,8 %). L’Europe représente environ 5 % de la production mondiale soit environ 3 000 tonnes produites en moyenne chaque année (voir graphique 1). La production française moyenne sur cette même période est quant à elle estimée à près de 400 tonnes par an.
La France, principal importateur européen
Depuis les années 2000, la France est devenue le premier pays importateur de cire d’abeilles. Entre 2020 et 2022 la France a importé, en moyenne, près de 8 000 tonnes de cire chaque année (FAOstat 2023). La France est suivie de l’Allemagne (5 600 t), des États-Unis (3 700 t), de l’Inde (2 500 t) et de l’Espagne (806 t). Parmi les pays fournisseurs de cire, la Chine domine le marché avec plus de 9 400 tonnes de cire exportées entre 2020 et 2022 (FAOstat 2023). Elle est suivie par l’Allemagne (2 000 t) et les États-Unis (1 800 t). La France a exporté environ 430 tonnes.
La production de cire d’opercules n’est actuellement pas recensée. Toutefois il est possible d’estimer grossièrement cette production à partir des données de production de miel (voir graphique 2) et d’un rendement en cire d’opercules d’environ 1,5 kg pour 100 kg de miel extraits. Ainsi, si l’on se fie à ces chiffres, en France la production de cire d’opercules a oscillé au cours de la dernière décennie entre 198 tonnes (1994) et 477 tonnes (2020).
La filière française n'est pas autosuffisante
Nous pouvons nous demander si la production de cire d’opercules est suffisante pour satisfaire la demande de la filière apicole. Partons du principe qu’un apiculteur qui possède douze ruches remplace chaque année trois cadres par ruche et qu’il a besoin de cinq cadres supplémentaires par essaim pour renouveler un tiers de son cheptel. Ceci l’amène à consommer 56 feuilles de cire gaufrée soit 5,6 kg. Pour produire cette quantité de cire et être autosuffisant il faudrait que ses douze ruches produisent chaque année environ 373 kg de miel c’est-à-dire un rendement moyen de 31,1 kg par ruche. Par les temps qui courent, un tel rendement n’est pas à la portée de tous et c’est pourquoi les apiculteurs ont régulièrement recours aux cires distribuées dans le commerce.
Avec ces mêmes paramètres, on peut aussi estimer le besoin en cire pour l’ensemble de la filière. En 2022, on comptait en France 1 335 068 ruches, lesquelles on produit un total de 31 387 tonnes de miel ce qui correspond à une production d’environ 471 tonnes de cire d’opercules. Or, pour assurer le renouvellement des cadres et la production d’essaims on peut estimer le besoin en cire autour de 623 tonnes, c’est-à-dire environ 152 tonnes de plus que ce que le cheptel apiaire français produit. La filière apicole française dans son ensemble n’est donc pas autosuffisante, ce qui contraint les fabricants de cire gaufrée à s’approvisionner en partie avec des cires importées.
Côté biblio
Indicateurs et données sur le site de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
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