Sommet de l'élevage
Un axe européen des naisseurs-engraisseurs pour changer la Pac
Sommet de l'élevage
Ils sont aujourd’hui d’accord sur un double constat : il faut que le prix de la viande et donc du broutard augmente et que la Politique agricole commune soutienne enfin son élevage.
Les derniers détails du manifeste réglés à Mantova par les représentants de la FNB et de l’Italia zootecnica.
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PO
“Il faut un changement “epocale”, traduisez historique : reprenant mot pour mot les propos d’Egidio Savi, le président de Parma France à Aurillac début septembre (lire l’Union du
12 septembre), Fabiano Barbisan, le président du Consorzio Italia Zootecnica (association d’éleveurs engraisseurs italiens), dresse ce
26 septembre au soir le même constat : alors que le prix de la pizza, du café, du gasoil... a été décuplé ces dernières décennies, la viande bovine est sans doute la dernière des denrées à n’avoir pas vu son prix payé aux producteurs bouger d’un centime.
à quelque 900 km du Massif central.
Cet encéphalogramme plat des cours, ces derniers le connaissent trop bien pour l’avoir eux aussi vécu sur le prix des broutards, du moins jusqu’à la fin 2011. Mais ce soir l’heure n’est pas à négocier le bout de gras sur les prix du maigre, chacun, quelle que soit sa langue, s’accordant sur une revendication commune première : le prix de la viande doit augmenter pour atteindre au minimum 5 € le kilo carcasse en sortie d’atelier d’engraissement. “Rendez-vous compte, à 20 € le kilo (prix consommateur), les 20 kilos que mangent en moyenne les Européens chaque année représentent à peine trois pleins de voiture, c’est normal ça ?”, interroge le lendemain à la frontière franco-italienne Joseph Fortuna, lui aussi engraisseur près de Mantova et acheteur pour la coopérative qu’il a créée avec une soixantaine d’autres éleveurs.
Un combat qu’ils sont prêts de chaque côté des Alpes à mener de front et un objectif de 5 €/kg carcasse auquel le Cantalien Patrick Bénézit et son collègue puydômois Jean-Paul Thénot croient dur comme fer. Avec
200 000 vaches et donc 200 000 veaux en moins en France, un cheptel allaitant irlandais décapitalisé depuis le découplage des aides de la Pac et une demande mondiale qui va aller croissant comme le prouvent encore les récentes prospections conduites dans des régions du monde comme l’Asie, “on a une autoroute devant nous !”, affirment les deux naisseurs, assurant aussi leurs homologues d’une forte reprise en octobre des importations turques et algériennes. Joseph Fortuna, qui initie son fils de 18 ans au métier, mise lui aussi sur cet avenir florissant même s’il redoute encore les effets de la crise économique dans son pays.
Une plate-forme de revendications écrite à quatre mains, celle de la FNB, de ses consœurs irlandaise, italienne et espagnole, et qui sera signée par ce “groupe de Madrid” jeudi à Cournon en présence de représentants de la Commission et du Parlement européens et du ministre français de l’Agriculture. Un manifeste historique pour revendiquer une politique agricole commune qui soutienne véritablement son élevage, qu’il soit allaitant côté français et irlandais, ou engraisseur en Italie et Espagne. Né voilà six ans lors d’une rencontre à Madrid, ce groupe aux intérêts intimement liés et aujourd’hui complémentaires, avait élaboré un premier manifeste en 2006 pour dénoncer alors les dangers des négociations de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) pour l’élevage bovins viande européen. Un risque qui s’est depuis écarté avec l’enlisement du cyle de Doha.
N’empêche, les quatre associations d’éleveurs ont continué à travailler et les premières propositions pour la Pac post 2013 mises sur le tapis par Bruxelles fin 2011 ont encore renforcé les liens et abouti à ce manifeste qui affirme des principes forts notamment autour d’un nécessaire couplage des aides à un niveau suffisant (on pense en premier lieu à la PMTVA mais aussi au soutien à l’engraissement), d’une révision des modalités de la convergence des soutiens (défavorable aux systèmes engraisseurs italiens), de la possibilité d’un soutien différencié en faveur des surfaces fourragères et d’une aide “verte” revue pour favoriser l’autonomie fourragère des exploitations. Sans ces dispositions, naisseurs et engraisseurs l’assurent : leurs rangs respectifs pourraient bien s’éclaircir rapidement de 50 %. Reste à convaincre Bruxelles, le Parlement et le Conseil européens de l’urgence de ce changement “epocale”.
12 septembre), Fabiano Barbisan, le président du Consorzio Italia Zootecnica (association d’éleveurs engraisseurs italiens), dresse ce
26 septembre au soir le même constat : alors que le prix de la pizza, du café, du gasoil... a été décuplé ces dernières décennies, la viande bovine est sans doute la dernière des denrées à n’avoir pas vu son prix payé aux producteurs bouger d’un centime.
“Une autoroute devant nous”
“En 1982, le prix de vente des taureaux charolais engraissés chez moi était de 2,82 € le kilo (vif), en 2012 il ne dépasse pas 2,20 €”, expose-t-il aux producteurs français de broutards représentant de la FNB (Fédération nationale bovine) venus le rencontrer sur ses terres du Veneto,à quelque 900 km du Massif central.
Cet encéphalogramme plat des cours, ces derniers le connaissent trop bien pour l’avoir eux aussi vécu sur le prix des broutards, du moins jusqu’à la fin 2011. Mais ce soir l’heure n’est pas à négocier le bout de gras sur les prix du maigre, chacun, quelle que soit sa langue, s’accordant sur une revendication commune première : le prix de la viande doit augmenter pour atteindre au minimum 5 € le kilo carcasse en sortie d’atelier d’engraissement. “Rendez-vous compte, à 20 € le kilo (prix consommateur), les 20 kilos que mangent en moyenne les Européens chaque année représentent à peine trois pleins de voiture, c’est normal ça ?”, interroge le lendemain à la frontière franco-italienne Joseph Fortuna, lui aussi engraisseur près de Mantova et acheteur pour la coopérative qu’il a créée avec une soixantaine d’autres éleveurs.
Un combat qu’ils sont prêts de chaque côté des Alpes à mener de front et un objectif de 5 €/kg carcasse auquel le Cantalien Patrick Bénézit et son collègue puydômois Jean-Paul Thénot croient dur comme fer. Avec
200 000 vaches et donc 200 000 veaux en moins en France, un cheptel allaitant irlandais décapitalisé depuis le découplage des aides de la Pac et une demande mondiale qui va aller croissant comme le prouvent encore les récentes prospections conduites dans des régions du monde comme l’Asie, “on a une autoroute devant nous !”, affirment les deux naisseurs, assurant aussi leurs homologues d’une forte reprise en octobre des importations turques et algériennes. Joseph Fortuna, qui initie son fils de 18 ans au métier, mise lui aussi sur cet avenir florissant même s’il redoute encore les effets de la crise économique dans son pays.
Groupe de Madrid : l’acte 3
Et au-delà de ce juste prix de la viande qui doit permettre aux systèmes engraisseurs et par ricochet aux éleveurs allaitants d’atteindre une vraie rentabilité économique, le tournant historique que chacun appelle de ses vœux pourrait bien être initié dans quelques jours, le 3 octobre au Sommet de l’élevage via la signature d’un manifeste portant lui sur la Pac dont les derniers détails se règlent ce soir-là autour d’une table.Une plate-forme de revendications écrite à quatre mains, celle de la FNB, de ses consœurs irlandaise, italienne et espagnole, et qui sera signée par ce “groupe de Madrid” jeudi à Cournon en présence de représentants de la Commission et du Parlement européens et du ministre français de l’Agriculture. Un manifeste historique pour revendiquer une politique agricole commune qui soutienne véritablement son élevage, qu’il soit allaitant côté français et irlandais, ou engraisseur en Italie et Espagne. Né voilà six ans lors d’une rencontre à Madrid, ce groupe aux intérêts intimement liés et aujourd’hui complémentaires, avait élaboré un premier manifeste en 2006 pour dénoncer alors les dangers des négociations de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) pour l’élevage bovins viande européen. Un risque qui s’est depuis écarté avec l’enlisement du cyle de Doha.
N’empêche, les quatre associations d’éleveurs ont continué à travailler et les premières propositions pour la Pac post 2013 mises sur le tapis par Bruxelles fin 2011 ont encore renforcé les liens et abouti à ce manifeste qui affirme des principes forts notamment autour d’un nécessaire couplage des aides à un niveau suffisant (on pense en premier lieu à la PMTVA mais aussi au soutien à l’engraissement), d’une révision des modalités de la convergence des soutiens (défavorable aux systèmes engraisseurs italiens), de la possibilité d’un soutien différencié en faveur des surfaces fourragères et d’une aide “verte” revue pour favoriser l’autonomie fourragère des exploitations. Sans ces dispositions, naisseurs et engraisseurs l’assurent : leurs rangs respectifs pourraient bien s’éclaircir rapidement de 50 %. Reste à convaincre Bruxelles, le Parlement et le Conseil européens de l’urgence de ce changement “epocale”.