Saison estivale : les touristes sont-ils là ?
La fréquentation de ce premier mois de l'été donne de l'appétit aux acteurs du tourisme cantalien. Le point sur la région sanfloraine.
Qu'allait-il advenir de cette saison estivale post confinement ? Les gens allaient-ils rester chez eux? Avec l'impossibilité de partir à l'étranger, les Français sont, semble-t-il, restés à la découverte ou la redécouverte de l'hexagone. Et peut-être plus que d'autres, le Cantal est devenu la destination prisée des touristes. Dans le secteur de Saint-Flour, c'est visiblement le cas ! Le manque de clientèle étrangère a été très largement comblé.Les touristes sont arrivés beaucoup plus tôt, avec déjà beaucoup de monde dès la deuxième semaine de juillet.
Une clientèle nouvelle
"Les gens viennent principalement d'Île-de-France, d'Occitanie, d'Auvergne-Rhône-Alpes et de Bretagne", constate Karine Decq, directrice de l'office de tourisme des pays de Saint-Flour. "Nous avons aussi des Alsaciens, ce qui est assez nouveau", complète Julian Dubois, responsable de la base nautique de Garabit. Pour Arnaud Vauché, du vélorail du Cézallier, "les gens de la région constituent une grosse part de notre fréquentation".
Dans les offices de tourisme, la demande de renseignements a explosé, signe du renouvellement de la clientèle. "Il faut vraiment capitaliser sur ce nouveau potentiel susceptible de revenir l'an prochain", analyse Karine Decq.Effet de la crise sanitaire, les réservations se font au dernier moment. "Les vacanciers appellent les hébergeurs alors qu'ils sont quasiment sur la route, pour modifier le cas échéant", poursuit Karine Decq.
Garder ses distances
Les touristes souhaitent garder leurs distances. Ainsi, les gîtes de groupes enregistrent une baisse de chiffres tout comme les activités en intérieur. C'est le cas à l'écomusée de Margeride. "Nous avons une baisse significative tant sur les individuels que les groupes qui ont disparu hormis quelques centres de loisirs", avoue Raphaëlle Julien, responsable de la structure muséographique de Ruynes-en-Margeride. France Harvois, pour le musée de la Haute-Auvergne à Saint-Flour, modère cette tendance : "dans les conditions d'accueil avec un nombre de places limitées, nous sommes à la stabilité".
La météo aidant avec de fortes chaleurs, la randonnée, le VTT sont les stars de cet été. Mais, les points d'eau aussi, partout où le public peut garder ses distances et profiter de la tranquillité. Même le petit lac de Védrines-Saint-Loup, sur les hauteurs de la Margeride, compte de nombreux adeptes.
À Prat-de-Bouc, au Puy Mary, c'est un flux incessant qui gonfle toujours plus en fonction du beau temps. "Après un mois de juin calme, nous avons été surpris de la fréquentation malgré l'absence des étrangers et des seniors", déclare Jean-Michel Benet, du Chalet du Puy Mary. Cela nous a même posé un problème de personnel car nous ne nous attendions pas à cela". Coté de l'Aubrac aussi les chiffres s'affolent. "Je n'ai jamais vu autant de monde à Saint-Urcize", reconnaît Fred Pullini, propriétaire des chambresd'hôtes La Fontaine de Grégoire. Et je m'inquiète du nombre croissant de camping-cars et de leur gestion sur certains sites très fréquentés".
Le grand air,c'est génial
Mais les activités de plein air ont le vent en poupe. "Nous avons beaucoup de monde avec les locations qui vont avec pour partir en barque découvrir le lac", concède Julian Dubois. Même bilan pour Arnaud Vauché à Landeyrat, "nous sommes au double de l'an passé". Au Claux, le balai des parapentes multicolores est continu avec des conditions idéales. "Nous sommes favorisés par la météo, mais les touristes cherchent tout de même à se faire plaisir avec des activités loin des regroupements", estime Luc Chibret, des Parapentes du Puy Mary. Même son de cloche pour le vélorail du Cézallier.
À Murat, les commerçants n'ont jamais vu autant de monde. La ville s'anime dès l'après-midi. "Nous avons eu une grosse activité sur tout le mois de juillet", explique Emma Féréol, de la boulangerie Aux Cornets de Murat. À Saint-Flour, qui voit d'ordinaire passer les touristes en direction du sud, certains changements sont constatés :"Nous avons beaucoup plus clients sur plusieurs jours", remarque Isabelle Delmas, propriétaire de l'hôtel Lander. "Les étrangers manquent, notamment en terme de consommation", souligne Dominque Roux, de l'hôtel l'Étape. Pour les restaurations, les terrasses nous sauvent, mais il faut qu'il fasse beau."
Gérer l'afflux et les normes sanitaires
"Je tire au sort, tous les matins, l'ordre de mes clients pour le petit-déjeuner", se désole Fred Pullini. L'augmentation des touristes se complique en effet avec le respect des protocoles sanitaires. C'est un vrai casse-tête pour les professionnels et un sujet parfois de tensionparmi la clientèle. Après plusieurs semaines de fermeture, certains restaurateurs ou hébergeurs n'ont pas repris l'ensemble de leurs salariés. Cette mesure pour réduire les charges risque d'avoir pour conséquence de ne pas retrouver salariés dans un secteur en tension en temps ordinaire