Limousin
Plan Sarkozy pour l’agriculture : L’analyse de la FRSEA
Les responsables agricoles limousins réunis au début du mois ont discuté de ce plan.
Le mardi 27 octobre dernier, le Président de la République a proposé un « vaste plan de financement » pour l'ensemble de l'agriculture. Au regard des mesures annoncées, ce plan répond à une partie des demandes que la FRSEA et les JA du Limousin avaient exprimé avec force le vendredi 16 octobre avec 1 200 agriculteurs et une cinquantaine de tracteurs dans les rues de Limoges.
Si les professionnels agricoles du Limousin ont pris acte des aides proposées, les membres du Conseil d'administration de la FRSEA du Limousin, réunis le 3 novembre dernier, déplorent que la réponse à la demande d'année blanche, n'ait pas été au rendez-vous, ni en terme de prise en charge des encours d'intérêts bancaires, ni en terme de prise en charge des cotisations sociales (à la marge) et encore moins en terme de contraintes administratives et contrôles en tous genres !
Cependant, concernant les mesures actées à ce jour dans le cadre de ce plan, Jean-Philippe Viollet, président de la FRSEA du Limousin, réaffirme son attachement à voir un partage des enveloppes au plus juste des besoins des différents territoires. Ainsi il demande des clefs de distribution prenant en compte des critères tels que le niveau de revenus - tous secteurs de production confondus !
Par ailleurs, Jean-Philippe Viollet tient à souligner que certaines mesures présentées comme des « cadeaux » fait à l'agriculture sont en fait un supplément de taxes pour le secteur. C'est ici bien sûr, de la taxe carbone et des 120 millions d'euros annoncés pour son exonération partielle à 75 % auxquels le président de la FRSEA fait allusion. Il rappelle que cette taxe n'existait pas en 2009 et qu'en fait de cadeau cela se traduit concrètement pour 2010 par une charge supplémentaire de l'ordre de 40 millions d'euros à supporter par le secteur de l'agriculture !
« Lorsqu'on nous promet de s'attaquer aux distorsions de concurrence avec les autres pays, notamment ceux de la CEE, qu'est donc la taxe carbone, sinon une taxe franco-française venant plomber un peu plus nos trésoreries et notre productivité ? », s'exclame-t-il.
Au-delà des effets d'annonce, un fait inquiète plus particulièrement les membres du Conseil de la FRSEA : les mesures financières de ce plan annoncé par le plus haut responsable de l'Etat, ne sont, à ce jour, pas encore notifiées dans le projet de loi de finance pour 2010 ! Pire encore : des mesures classiques et essentielles à la pérennité du secteur agricole, notamment dans les zones telles que celles du Limousin, ont disparu des lignes budgétaires, précise Thierry Boulleau, ingénieur de la Copamac Sidam qui participait aux débats. Il cite par exemple une absence totale de crédits prévus pour le renouvellement des contrats PHAE en 2010 !
En revanche, les membres de la FRSEA sont satisfaits des propositions plus structurelles annoncées par le Chef de l'Etat : plus de régulation, préférence communautaire, meilleure répartition des marges, conditions de production plus égalitaires au sein de l'Europe… Mais là encore : Le monde paysan ne se contentera pas de mots : Passons aux actes car les responsables professionnels agricoles n'ont eux qu'une parole : si les promesses de l'Etat ne sont pas tenues, celle des agriculteurs de se faire entendre de nouveau et de façon plus forte le sera, elle !
Soutien financier demandé au conseil régional
Conformément aux engagements pris devant les agricultrices et les agriculteurs du Limousin, une demande de soutien financier va être adressée au conseil régional : devant l'ampleur de la crise qui touche le monde agricole, la FRSEA du Limousin ainsi que les JA du Limousin demandent avec force aux élus du conseil régional un soutien financier exceptionnel pour tous les secteurs de l'agriculture en souffrance (et quels que soient leurs modes de production) afin d'abonder, d'une part, les mesures nationales prises mais aussi, d'autre part, d'inventer des aides spécifiques permettant à l'agriculture limousine de passer ce cap difficile.
Là aussi, rappellent quelques membres du Conseil d'Administration, « il ne suffit pas de dire que l'agriculture est une des plus grandes richesses du Limousin et que c'est un secteur cher à nos élus, encore faut-il le démontrer par des gestes forts lorsque celui-ci est en perdition ! ». C'est en tous cas ce que les responsables professionnels JA et FRSEA proposeront de faire passer comme message lors d'un rendez-vous qu'ils ne manqueront pas de solliciter prochainement auprès du président de la région, Denanot, et des élus en charge de l'agriculture.