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Maire et agriculteur: l’engagement dans les gènes

Claude Prunet jongle avec trois casquettes mais elles visent un même objectif: faire vivre son petit village de Pailherols. Le maire est agriculteur actif et responsable associatif...Témoignage.

Claude Prunet, agriculteur, maire et fondateur des Flocons verts... sous la neige de Pailherols.
Claude Prunet, agriculteur, maire et fondateur des Flocons verts... sous la neige de Pailherols.
© UC

Infatigable et pourtant toujours souriant. Claude Prunet est ainsi. Infatigable parce qu’il cumule à la fois le métier d’agriculteur, les fonctions de maire, de conseiller communautaire et de président des Flocons verts, cette association qui fusionne l’accueil touristique (dont la gestion d’un foyer de ski de fond) avec un comité d’animation (à l’origine de la célèbre Fête des fromages). Souriant, parce qu’il fait ce qu’il aime, avec autant de passion que d’enthousiasme : promouvoir son village perché à 1 000 m d’altitude et donner de la fierté aux habitants : bienvenue à Pailherols !

Avant l’élection de 2014, il n’avait encore jamais siégé au conseil municipal. Élu, il a succédé à Pierre Bonal, un autre “maire-agri-culteur”, qui avait fait le choix de ne pas rempiler. “J’ai été sollicité et j’y ai été assez naturellement.Comme une suite presque logique, après m’être occupé du monde associatif depuis toujours. L’engagement, le contact avec les gens, faire parler positivement de Pailherols, je crois que j’ai ça dans les gènes”, avoue celui qui assumait la présidence du comité des fêtes alors qu’il était encore mineur...

Journée bien remplie

Depuis ces débuts, la séquence Flocons verts aura été déterminante. Dans ce tout petit village de 134 habitants, l’association a créé deux emplois à l’année et les festivités de début juin, en lien avec l’activité locale, donnent à Pailherols une renommée d’accueil qui dépasse les frontières cantaliennes. Depuis six ans, sans jamais s’essouffler, Claude Prunet jongle avec une casquette supplémentaire : celle de premier magistrat de la commune. “Les journées sont bien remplies ! Mais quand on aime... on ne compte pas”, convient-il.

La journée type commence à la ferme : “Sur l’exploitation, je participe à tout, mais essentiellement à la traite”. À 6 h 30, les vaches l’attendent. Ensuite, ce sont les salariées du foyer d’accueil qu’il va saluer : “Je passe au Flocons verts tous les matins.” Puis, direction la mairie, le courrier, les signatures... “Les mardis et vendredis, jours où la secrétaire est là, je reste toute la matinée.” Il faut monter les dossiers, répondre aux sollicitations, préparer les réunions, participer à l’intercommunalité, etc. Il admet volontiers que, s’il n’était pas en Gaec avec ses frères, il ne pourrait pas assumer la totalité de ses autres responsabilités.

À l’heure du bilan d’un premier mandat, le maire de Pailherols reconnaît davantage de satisfactions que de déceptions, liées à la fonction. Sa plus grande fierté ? “Avoir réussi à maintenir une unité sur la commune, rassembler les gens”, souligne en premier lieu Claude Prunet, un homme qui n’aime pas les conflits et privilégie le dialogue. “Ensuite, le travail qu’on a conduit sur l’eau”, avec de nouvelles sources pour remplir le château d’eau et la réfection du réseau pour limiter les pertes. S’ajoute également la voirie dans les hameaux, ce dossier auquel les administrés sont si sensibles.

Agriculture et culture“Et puis je suis satisfait de voir que l’œuvre contemporaine en hommage aux buronniers, qui ne plaisait pas à tout le monde au départ, suscite de plus en plus d’intérêt ; on se l’approprie et une association de promotion de celle-ci vient d’ailleurs de voir le jour(1)”. Culture et agriculture font donc bon ménage à Pailherols.

Son regret ? “D’avoir vu les dotations de l’État fondre de 30 %. La préoccupation d’un maire, c’est de veiller à ne pas trop dépenser, dans ce contexte là.” Néanmoins, pas de quoi le freiner dans les projets déjà engagés ou à venir : un hangar de stockage pour les Flocons verts et la réfection de l’accueil du foyer ou encore la création d’un studio locatif accessible aux personnes à mobilité réduite ; des travaux qui devraient bénéficier de 80 % de subventions. D’autre part, l’adressage est lancé et le maire-agriculteur, avec toujours à l’idée de faire vivre son village toute l’année(2), a pour idée de transformer l’ancienne mairie en logements. “Pour son attractivité, notre territoire mise sur deux atouts : notre agriculture et  le tourisme.” À lui seul, Claude Prunet prouve la compatibilité de ces deux mondes. Sa volonté intacte fait de lui un candidat pour assumer la gouvernance des six années qui s’ouvrent.

(1) Les Amis de l’œuvre a été créée la semaine dernière pour assurer la promotion et l’entretien de “Ma montagne”, œuvre de l’artiste Camille Henrot, dont la municipalité de Pailherols est propriétaire.

(2) Le village compte des exploitations agricoles, des artisans, des commerces, des activités touristiques...


Moins de 4 % de la population administrée par un agriculteur

Si les agriculteurs représentent actuellement 13,4 % des maires, ils n’administrent que 3,8 % de la population à travers ce mandat, a rappelé le sociologue François Purseigle, lors d’une conférence dédiée aux maires-agriculteurs, le 19 février à Sciences Po. Et pour cause, les agriculteurs administrent généralement de petites communes ; 63 % des maires-agriculteurs sont à la tête de municipalités de moins de 500 habitants. Par comparaison, les cadres et professions intellectuelles administrent 30,1 % de la population, alors que leur effectif parmi les maires (5 600) est comparable à celui des agriculteurs (4 700).

En analysant les résultats d’une étude conduite en 2018-2019 par Sciences Po avec l’Association des maires de France, le sociologue remarque par ailleurs que l’engagement syndical des agriculteurs décline à partir du moment où ils deviennent maires. Enfin, comme la population générale des agriculteurs, les maires-agriculteurs sont plus marqués à droite que l’ensemble des maires ; ils sont plus souvent affiliés Les Républicains que l’ensemble des maires (37 %, contre 25,4 %) et moins souvent au Parti socialiste (7,6 % contre 17,8 %).

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