Les retraités agricoles s’estiment encore trop mal considérés
L’harmonisation des retraites est un vaste chantier. Malgré quelques améliorations notables, beaucoup de chemin reste à faire selon la section FDSEA des anciens exploitants.

La section des anciens exploitants de la FDSEA a tenu son assemblée générale à Roannes Saint-Mary.
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L'Union du Cantal
Dès la lecture du rapport d’orientation par le secrétaire général,
Géraud Fabre, le ton de l’assemblée générale des anciens exploitants de
la FDSEA est donné. “La comédie n’a que trop duré, nous ne saurions
nous contenter d’effets d’annonces”. Le thème de la réunion, les
“oubliés du monde agricole”, annonçait déjà la couleur… Avec de
nombreux exemples à l’appui, le bureau présidé par Albert Monier
souligne la faiblesse des retraites agricoles, l’exclusion de la
complémentaire obligatoire de certains chefs d’exploitation, mais aussi
des conditions restrictives contestables pour des femmes d’exploitants
et des aides familiaux. Il remarque aussi divers problèmes liés à la
compensation démographique inter-régimes (dans le régime agricole, on
compte 3 retraités pour 1 cotisant). Dans la salle, une retraitée a
fait le calcul : “Nous sommes les retraités français les moins
considérés ; les retraités de la fonction publique ou de la SNCF
touchent en moyenne plus de 1 300 euros par mois, plus de 1 000 euros
pour les salariés du régime général et pas plus de 260 euros pour
certains non-salariés agricoles !” L’intervenante estime qu’il est “du
devoir de nos élus de se battre sur ce dossier”.88 centimes par mois !
Même s’il admet que ce n’est pas suffisant, le président de la MSA,
Albert Chandon, tient à rappeler que la mobilisation des anciens a
permis de notables améliorations ces dernières années. “Les 260 euros
par mois correspondent à trop peu de trimestres de cotisation”,
justifie-t-il. Il admet quelques aberrations. “La pension la plus
faible des 17 000 versées chaque mois est de 0,88 euro par mois”... La
section des anciens de la FDSEA demande à Jean-Yves Bony, conseiller
général présent à cette assemblée, d’être leur porte-parole auprès des
parlementaires (il est suppléant du député Marleix). “Ce sont eux nos
interlocuteurs pour faire avancer des dossiers nationaux. Il faut
qu’ils nous écoutent. On entend trop les plus nantis qui se plaignent
et ceux qui ont travaillé pour ce pays et qui restent dans l’ombre,
malgré des situations économiques qui se rapprochent de la misère”,
relève Raoul Raynal, premier vice-président. “Messieurs les élus, si
vous ne nous écoutez pas, c’est vous qui nous entendrez !”,
prévient-il. En réponse, Jean-Yves Bony s’est engagé à organiser une
rencontre entre les anciens exploitants et Alain Marleix.Les promesses de la MSA
Déjà, le président de la MSA annonce quelques nouveautés intéressantes
qui seront mises en place au 1er juillet 2006. L’âge minimum requis
pour la réversion sera progressivement abaissé ; à 55 ans pour les
retraites de réversion prenant effet avant le 1er juillet 2005 ; 52 ans
pour celles prenant effet à compter du 1er juillet 2005 ; 51 ans pour
les retraites de réversion prenant effet à compter du 1er juillet 2007
et 50 ans celles prenant effet à compter du 1er juillet 2009. M.
Chandon informe aussi de la suppression de la condition d’âge pour
bénéficier d’une retraite de réversion à compter du 1er janvier 2011.
D’autre part, la MSA envisage, sans même attendre le décret
d’application, de mettre en œuvre un dispositif prévu par la loi
d’orientation agricole, prenant en compte les périodes d’assurance
vieillesse des parents au foyer (AVPF) et de majoration d’assurance
pour enfant élevé (MAE), validées par le régime général et exigées pour
accéder aux revalorisations des petites retraites. “Tous les dossiers
concernés seront réexaminés”, promet le président Chandon. Il reconnaît
en revanche être toujours en attente du décret qui doit fixer le barème
applicable au rachat des périodes d’aides familial mineur. Autre
invité, Patrick Bénezit, secrétaire général de la FDSEA, a tenu à
réaffirmer le soutien de la fédération aux combats menés par les
anciens exploitants. Comme M. Chandon l’avait fait un peu plus tôt, il
souligne la force de cette section syndicale dont l’action a permis
déjà quelques avancées : augmentation et mensualisation, des retraites,
mise en place d’une complémentaire obligatoire...