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Les prairies naturelles en concours

Quatre exploitations cantaliennes participent au concours local des pratiques agroécologiques. La meilleure prairie sera sélectionnée pour le national à Paris.

plusieurs personnes dans un pré
Le jury était sur le terrain mardi 21 mai pour juger les quatre parcelles en lice pour le Cantal.
© Chambre d'agricuture du Cantal

Quatre exploitations ont été retenues pour participer au concours local des pratiques agroécologiques (catégorie “prairies et parcours”). Les résultats seront proclamés le 19 juin à Aurillac. La meilleure prairie sera ensuite en compétition, dans sa catégorie, au niveau national dans le cadre du Concours général agricole, comme les fromages et les animaux, lors du prochain Salon de l’agriculture de la porte de Versailles à Paris. Créé en 2010 à l’origine par les parcs naturels régionaux, le concours a même l’honneur de la présence du ministre pour la remise des prix(1). C’est le moyen aujourd’hui de mettre en lumière cette richesse qu’est la prairie naturelle, sa biodiversité et ses qualités, parfois trop oubliées, dans le cycle de production. Au plan départemental, ce concours est organisé par l’association Cantal Vert l’Avenir(2).

Prairies de montagne

En attendant, mardi 21 mai, le jury présidé par Alix Armangaud, directrice de l’exploitation du lycée agricole Louis-Mallet de Saint-Flour, était sur le terrain. Les quatre parcelles retenues l’étaient dans la région sanfloraine pour une question de paramètres, à savoir : la nature des sols, l’altitude, le climat... Par contre, les exploitations sont diverses avec trois en production laitière dont une en fabrication fromagère et enfin une en allaitant. L’intérêt est de mieux appréhender les attentes des agriculteurs et donc leurs choix pour leurs parcelles. Le Cantal se distingue par son agriculture principalement axée sur l’élevage bovin extensif. Les prairies naturelles occupent une place prépondérante qu’elles soient pâturées ou fauchées. Elles représentent 90 % de la surface agricole utile (SAU). Elles correspondent égale- ment à l’image que souhaitent renvoyer les agriculteurs de leurs pratiques liées à des productions de qualité et en symbiose avec la préservation de la biodiversité.

Des qualités à reconnaître

De par leur diversité de plantes faisant cohabiter graminées et légumineuses, plantes précoces et tardives, les prairies naturelles sont par ailleurs plus à même de résister aux variations climatiques. C’est un paramètre essentiel pour maintenir l’autonomie fourragère. Le Gaec des Vents sur la commune de

Ferrières-Saint-Mary, l’EARL La Grange de la Haute Vallée à Albepierre- Bredons, le Gaec des Aubépines à Neuvéglise-sur-Truyère et le Gaec Rigal à Valuéjols étaient en lice. Sur la zone sélectionnée, c’est-à-dire la Planèze de Saint-Flour et ses contreforts de la vallée de l’Alagnon au nord, nous sommes sur des terrains volcaniques propices à la pousse d’herbe et avec un climat continental moins arrosé que l’ouest du département mais avec plus froid, phénomène accentué par une altitude comprise entre 900 et 1 150 m. “Nous ne prenons pas les parcelles les plus performantes mais, celles représentatives des exploitations.”, expose Alban Lafaire, animateur stagiaire de Cantal Vert l’Avenir.

En plus de la présidente, le jury était composé de Pierre-Marie Le Henaff, du Conservatoire botanique national du Massif central, Thibault Delsinne, de la Société d’histoire naturelle Alcide D’orbigny, et Christophe Chabanier, du service recherche, innovation et développement de la chambre d’agriculture du Cantal. Chacun dans son domaine aura eu la charge d’évaluer l’état de santé de la prairie, sa richesse florale, la qualité du sol, et - signe de sa qualité - la présence ou non d’une population d’insectes. Ce n’est pas tout, la qualité d’exploitation était aussi jugée : l’abri de haies pour offrir de l’ombre et donc du bien-être aux animaux, l’alimentation en eau pour l’abreuvement, la facilité de fauche, etc. Enfin, les soins apportés par l’éleveur font partie de l’évaluation avec les moyens d’enrichissement des sols. Ce point était regardé par Christophe Chabanier.

Les équilibres

“Nous jugeons les équilibres agro-économiques, la biodiversité, résume Pierre-Marie Le Henaff. Nous ne regardons pas juste les fleurs, mais bien la fonctionnalité de la prairie qui permet de répondre, par exemple, aux accidents climatiques, ou bien la qualité 

du produit en protéines, en sucres qui offrent de l’appétence aux animaux avec pour conséquence un lait de qualité.”

La bonne santé d’une prairie se mesure en particulier par la densité des insectes. Cette tâche revenait à Thibault Delsinne : inventorier les espèces présentes, les habitats, la ressource et les corridors en lien avec les alentours, notamment la présence de haies.

Les prairies naturelles permanentes abritent une faune très variée. Elles constituent de véritables puits de carbone. Pour l’environnent, le bilan est positif. Il l’est aussi sur le plan économique pour les exploitations. “Nous sommes avec 100 % de prairies naturelles, explique Alain André, de l’EARL La Grange de la Haute Vallée inscrit au concours. C’est un souhait qui répond à ma philosophie de la pratique agricole et de notre produit puisque nous fabriquons le fromage à la ferme. Le fromage est une expression du terroir, de sa flore, de son climat avec le foin en ration de base. Nous pratiquons le pâturage tournant avec un circuit de 17 à 20 jours et comme fertilisation du lisier enrichi en bactéries. La prairie naturelle représente l’image de l’agriculture de notre département.”

(1) En 2013, les chambres agriculture se sont associées à l’organisation du concours permet- tant ainsi de l’ouvrir à l’ensemble du territoire. En 2014, il a rejoint le concours général agricole.

(2) Elle se compose de représentants de la Chambre d’agriculture, des JA et de la FDSEA. L’objectif est de faire le lien entre agriculture et environnement. Elle vise à promouvoir la préservation de l'environnement et de la biodiver- sité dans les espaces agricoles et ruraux. Pour cela, elle s'engage à encourager des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, à sensibiliser les agriculteurs et les acteurs du territoire rural, à mener des actions concrètes pour préserver les écosystèmes, et à conduire des études sur les interactions entre agriculture et environnement. Animateurs de l’association, Céline Boca et Alban Lafaire se sont chargés de l’organisation matérielle du concours départe- mental.

 

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