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Les handicapés du Cantal dénoncent le "recul du gouvernement"

Les adhérents et sympathisants de la délégation départementale de l'Association des paralysés de France sont en colère. Ils l'ont fait savoir samedi à la population et aux parlementaires.

Pour Aurélie, hôtesse d'accueil, il y a encore des efforts à faire.
Pour Aurélie, hôtesse d'accueil, il y a encore des efforts à faire.
© J-M.Authié

Ce 27 février, sénateurs et députés sont appelés à ratifier l'ordonnance du 26 septembre 2014,  amendant  la  loi  du11 février 2005. Cet amendement n'est pas du tout du goût des associations représentant les personnes handicapées, notamment l'Association des paralysés de France (APF). "Le gouvernement fait machine arrière avec ce nouveau texte, explique Jean-Michel Guy, directeur de la délégation départementale du Cantal. Nous demandons tout simplement à ce que les parlementaires ne le ratifient pas en l'état. On considère que les propositions faites tuent l'accessibilité dans l'oeuf."


Jusqu'au 27 septembre pour déposer les Ad'Ap


En cause, tout un tas de dérogations qui viennent désormais polluer le texte de loi de 2005. Ce dernier stipulait notamment l'obligation de mise en conformité de tous les établissements publics, ou de toutes nouvelles constructions en capacité de recevoir du public, en matière d'accessibilité de la structure. "La majorité des ERP (établissements recevant du public) nous concernant relève de la cinquième catégorie (boulangerie, épicerie, cinéma...). Non seulement peu de choses ont été faites, mais les dérogations vont aujourd'hui bien au-delà de cette cinquième catégorie." Pour preuve, la loi prévoyait qu'au 1er janvier 2015, les ERP ne s'étant pas mis en conformité seraient passibles d'une amende allant de 45 000 euros à 225 000 euros. "Maintenant, on peut attendre jusqu'au 27 septembre pour déposer un dossier Ad'Ap (agenda d'accessibilité programmé). Mais derrière, il peut y avoir encore plusieurs  années de sursis. Sans parler de certains secteurs, comme le transport (en commun, ferroviaire...), qui n'ont aucune obligation", dénonce Jean-Michel Guy. À ce jour, beaucoup de délégations APF en France se sont mobilisées pour dénoncer ce recul. Le Cantal s'est mobilisé lui samedi, sur le marché d'Aurillac, avec une distribution de tracts, "mais également une lettre de doléances à destination des parlementaires. Notre objectif est de toucher un maximum de gens. L'accessibilité, cela nous facilite la vie, mais cela facilite la vie de tout le monde aussi". Jean-Michel Guy prend l'exemple de la ville d'Aurillac. "Elle a fait des efforts, mais certaines lignes de transport en commun sont accessibles et d'autres pas. Dans ce cas, il existe un transport de substitution... mais que pour les Aurillacois. Donc si moi je descends du train, la substitution ne fonctionnera pas car je ne suis pas Aurillacois. En revanche, n'importe quel voyageur valide pourra prendre la navette pour se rendre en ville."


Témoignage


Aurélie travaille comme hôtesse d'accueil pour une chambre consulaire depuis sept ans. Si elle note des évolutions dans son quotidien, il y a encore du travail et des efforts à faire :


Déjà en 1975, on rendait l'accessibilité obligatoire. En 2003, une loi est votée puis peaufinée en 2005. Beaucoup de choses ont été dites ou faites depuis. C'est le cas pour cette ordonnance où il paraît que nous avons été consultés, peste Jean- Michel Guy, directeur de la délégation Cantal de l'Association des paralysés de France (APF). En fait, ils se sont juste concertés entre secrétaires d'État, puis nous ont dit : voilà ce que l'on vous propose. Point barre. Ils ont une interprétation du mot "concertation" assez particulière." Et de poursuivre : "Le gouvernement s'est engagé par circulaire, en 2012, à faire respecter les délais et que les projets tiennent compte de l'accès et du handicap. Tout est passé à la trappe." Cette analyse du directeur départemental de l'APF illustre assez bien le constat dressé sur l'ensemble du territoire. Car faute de moyens, voire de courage, il est difficile de faire évoluer les mentalités. C'est ce que subit Aurélie, 34 ans, dans son quotidien. Hôtesse d'accueil à la chambre d'agriculture du Cantal, elle a constaté "des améliorations, mais il reste encore du travail".


Demander "l'avis des intéressés"


"Ici, nous avons souvent à faire à de vieux bâtiments, donc avec des marches. La plupart du temps, il me faut de l'aide pour pouvoir entrer quelque part ou utiliser l'ascenseur. À l'image demon employeur, les bâtiments publics cantaliens ont vraiment fait des efforts pour faciliter la vie des fauteuils. Ce n'est pas spécialement le cas des commerces." Habitante de Leucamp, "la pharmacie la plus proche se trouve à Lafeuillade. Le problème, c'est la marche pour y accéder. Mais c'est partout pareil. Je travaille à Aurillac et je constate la même chose. Peu de commerces font l'effort d'installer une rampe pour faciliter notre quotidien". Autre motif d'insatisfaction : les trottoirs. "À Aurillac, centre-ville, ils ont refait la rue des Carmes. C'est très bien. Juste à côté, il y a une rue également où la route, les places de stationnement et les trottoirs sont au même niveau (NDLR : rue Guy-de-Veyre). Le gros problème c'est que lorsqu'une voiture est garée, nous on ne passe plus. Ils auraient pu demander l'avis des intéressés." Même chose pour le cinéma, mais là, Aurélie espère bien que "le Cristal aura pensé à nous. Au Normandy, je ne pouvais pas y aller seule. C'est comme pour les vacances à la mer. Sur la plupart des plages, la rampe d'accès s'arrête souvent en plein milieu. On ne peut que très rarement toucher l'eau. Si demain je devais changer quelque chose, je voudrais que tout soit de plain-pied ou, au moins, qu'il y ait une rampe d'accès avec une pente aux normes". Mais au-delà de l'aspect pratique et matériel, Aurélie aimerait aussi qu'on arrête de la regarder avec insistance. "Je ne suis pas différente des autres. Ma seule différence, c'est d'être assise. Un bonjour, un petit sourire, ça fait du bien aussi."


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