Les campagnes et leurs nouveaux atouts
Les nouveaux atouts des campagnes étaient le thème d'une conférence animée par Valérie Jousseaume, géographe à l'université de Nantes, la 4 octobre dernier au Puy-en-Velay.
Les nouveaux atouts des campagnes étaient le thème d'une conférence animée par Valérie Jousseaume, géographe à l'université de Nantes, la 4 octobre dernier au Puy-en-Velay.
Quel avenir pour nos campagnes et donc pour notre agriculture dans un monde et une société en pleine révolution du numérique et donc en pleine mutation ? C'est à cette question que Valérie Jousseaume, géographe à l'université de Nantes, invitée par le centre d'histoire sociale de la Haute-Loire, a tenté de répondre.
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Passé et futur des campagnes
Pour envisager un monde futur "tout à fait différent de ce que l’on connaît", l'universitaire propose en premier lieu de se plonger dans notre histoire, celle des ères sauvage, paysanne, de la modernité et de la révolution numérique. Maintenant que l'on sait d'où l'on vient, il s'agit d'appréhender le monde d'après... Valérie Jousseaume a présenté deux évolutions possibles de notre système actuel : le métavers ou le monde comme un ordinateur qui correspond à la vision hypermoderne centralisée et oligarchique, et un monde alternatif qui reste à écrire.
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Le monde comme un vaste ordinateur
Dans cette vision, l’être humain est perçu comme un robot connecté, via internet, aux objets qu’il utilise."
La première vision de ce « monde d’après » est celle proposée par les pouvoirs de l’ère de la modernité qui entendent bien conserver leur position dans l’avenir. "Ce futur est une poursuite de la modernité exaltée par les technologies numériques : encore plus vite, encore plus loin, encore plus technique, encore plus puissant, encore plus rentable (Augé 1992). Le monde est perçu comme un vaste ordinateur. Dans cette vision, l’être humain est perçu comme un robot connecté, via internet, aux objets qu’il utilise. Ce qui génère une société sous contrôle. C'est l'urgence permanente et l'on aboutit à une société frénétique, à la pensée figée incapable d'inventer. Cette société-là ne sait faire que de la bureaucratie". L'homme est perçu comme un danger pour la nature et débouche sur l'idée que l'on doit laisser la nature à l'état sauvage.
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L'hypermodernisme perd en popularité
On s'attaque ainsi à l'agriculture et à l'élevage, et on laisse entendre que cela n'est plus aux paysans de nourrir l'homme ; on s'attaque aussi au foncier avec l'arrivée de l'agro-business. "La campagne n'a rien à espérer de ce scénario hypermoderne" conclut la géographe.
Or cette vision "Hypermoderne du monde" fait de moins en moins rêver au sein de notre société car elle comporte de nombreuses limites (écologique, démocratique - avec des milliardaires du web qui sont plus riches que les États Nations...).
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La balle est dans le camp des ruraux
La seconde vision est un monde alternatif, tout à fait différent et n’ayant plus rien à voir avec notre civilisation de la modernité ; un monde qui reste encore à écrire, mais qui émerge déjà çà et là. En effet, certains courants d'idées et d'actions refusent une société sous contrôle et veulent retrouver une société relationnelle avec une qualité de vie.
Ce qui pousse notre géographe à interpeller les élus des communes rurales sur la notion de territoire désirable, qui serait capable d'apporter la satisfaction des besoins fondamentaux (sens, relationnel, protection des corps et des cerveaux). La preuve :
De nos jours, les campagnes qui sont restées dans leur jus "paysan" sont les plus désirables".
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Les petites villes et les villages ont de l’avenir !
"La représentation idéale du monde à venir s’incarne dans le jardin d’agrément. C’est beau, c’est sain et c’est authentique : tel se dessine l’idéal collectif à venir. L’organisation du territoire à venir valorisera probablement la campagne résidentielle, pour habiter sous forme de micro-urbanités. Les petites villes et les villages ont donc de l’avenir ! Et le covid n’y est pour rien, il n’est que l’accélérateur d’un mouvement anthropologique de fond, puissant, inexorable" précise-t-elle.
Le covid n’y est pour rien, il n’est que l’accélérateur d’un mouvement anthropologique de fond"
La campagne a de l'avenir
Une véritable opportunité s'ouvre donc pour les ruraux qui ont un nouveau monde à inventer. "Le renversement des imaginaires est opéré. Les campagnes portent aujourd'hui l'idéal de la liberté et les ruraux doivent en prendre conscience. Il serait dommage que les habitants du monde rural ne soient pas acteurs de ces mutations. Car la campagne a de l’avenir, c’est même peut-être là que se dessine notre avenir.» Et de s'adresser aux élus des territoires ruraux : "travaillez la vitalité de votre territoire pour devenir séduisant".